Les yeux délavés

arnaud-luphenz

Une main autour de mon poignet. Des yeux délavés. Un visage implorant de vieux chiffon. Une tignasse brune enveloppant un corps d’alcool fort. Des lèvres sans amour. Je n’en demandais pas tant. Ma main glissa dans la sienne et je ne lui promis rien, si ce n’était un ennui mortel. Sans mot dire. A la merci du calice et des soupirs entendus. Nous nous enterrâmes dans une étreinte à la saveur des alentours. Dans le creux des vagues baroques. Lila, de son petit nom surfait, dévorait plus mon absinthe dissolue par désespoir que par appétit. Dans ses bras, j’étais une volute de pendu. Une fontaine aux abois. Nos peaux se griffaient de nos ébats. Le spectre s’en délectait avidement. Tout cela ne rimait à rien et nous étions payés pour le savoir. Enfin, surtout elle. Quand nous eûmes achevé la danse sauvage et les pas de côté, nous n’eûmes pas le courage de nous regarder. Juste de partager la fumée-sorcière d’une cigarette. Je m’acquittai alors d’un généreux pourboire, en grand seigneur des nuages. La pluie à venir saurait tout absoudre et en priorité nos affronts communs à la liberté. Car nous foulions la même cage, celle gardée par le prédateur des illusions. Le vendeur d’overdoses et d’extrêmes-onctions. Le Pygmalion des veines bandées...

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