L'espoir d'un jour
vagabonde
Elle était là. Présente. Physiquement, ça c'était sûr. Mentalement, c'était plus compliqué. Ses pensées avaient divagué dans un autre monde. Elle avait besoin de partir, de prendre le large. A défaut de pouvoir le faire réellement, elle s'imaginait partir. Bien sûr, c'était loin de lui suffire. Mais elle s'en contentait. Un jour, elle y arriverait. Elle le savait, elle en était sûre. A s'en aller, enfin. Loin. Très loin. Aussi loin qu'elle le pourrait.
"Vi?"
L'appel de son nom la fit sursauter et la sortie de ses pensées. Elle se retourna et vit son amie la regarder d'un air soucieux.
"T'es sûr que tout va bien?" répéta son amie.
La jeune fille se repris, afficha son plus beau sourire, certes un peu figé, mais assez sincère pour que ça puisse leurrer Chloé. En tout cas, elle l'espérait.
"Mais oui, tout est nickel!"
Son amie la regarda intensément pendant une seconde et fronça légèrement les sourcils. Bon apparemment, le coup du sourire et du ton joyeux n'avait pas réussie à la convaincre. La jeune fille répéta alors d'un ton plus posé et rassurant:
"Je t'assure Chloé, tout va bien"
Son amie se détendit un peu, lui souris en retour puis continua de discuter avec d'autres de leurs amis.
Vi, quant à elle, regarda autour d'elle. Un air nostalgique dans les yeux. Elle voyait les rayons du soleil envahir le petit groupe d'amis et sentait le sable chaud sous ses pieds. C'était le début du printemps, mais il avait fait étonnamment beau et chaud ces jours ci. La jeune fille et ses amis étaient venus profiter du beau temps sur la plage qui n'était pas loin de leur lycée. Elle les regardait tous. Tous, tellement heureux, si épanouis. Elle en était heureuse. Ça, au moins, c'était sincère. Elle était heureuse de leurs bonheurs. Elle n'aurait jamais voulue qu'il en sois autrement.
Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser. Ses amis commençait à faire leurs vies, leurs relations amoureuses devenaient sérieuses, ils entamaient tous leurs projets de vies. L'heure sonnais la fin de l'adolescence, l'adoucissement de l'insouciance, le début des responsabilités, de l'indépendance, de la "vraie vie". Elle en était heureuse, elle aussi n'allait pas tarder à quitter le nid, à faire sa vie. Comme tout le monde. Mais elle n'en avait vraiment pas l'impression. Au contraire, elle était persuadée de ne pas avancer. Elle pensait faire du surplace, de stagner. Comme si elle était trop perdue. Trop indécise. Il y avait des soirs, où elle ne savait plus quoi penser, toutes ses idées s'embrouillaient et sa tête devenait un bordel sans nom. Elle ne faisait que penser à l'avenir et attendait surtout l'espoir qu'un jour tout deviendrais clair. Vi était persuadée, au plus profond d'elle, que partir, vivre d'aventure et de voyage était la solution à ses angoisses.
Elle regarda Chloé. Comme elle aurait aimé lui dire ce qu'elle pensait. Là, maintenant. Elle en rêvait. Si cela avait été le cas, elle lui aurait pris la main et lui aurait dit "Viens, on s'casse". Son amie lui aurait répondue "Mais où veux-tu aller Vi?". La jeune fille lui aurait sourie. Un sourire sincère depuis bien longtemps et lui aurait répondue "Loin. Très Loin. Le plus loin possible."