L'Etat de merde...
Jean Claude Blanc
L'Etat de merde
Avant d'acheter ma carte vermeille (sol, la)
Pour faire des voyages au soleil (ré, sol)
Ou rester dans ma tour d'ivoire (sol, la)
Pour enfin jouir de mes avoirs (ré, sol)
Avant que ma tête soit ramollie (sol, do)
Avant que mon corps ait trop vieilli (do, ré)
Avant que les vers me ponctionnent (ré, sol)
Je voudrais qu'on éclaire ma route (sol, do)
Que l'on m'explique une fois pour toutes (do, ré)
Comment l'Etat ça fonct-i- onne (ré, sol)
Ce gros machin mystérieux (do, ré)
Qui fait que les gens sont pas heureux (ré, sol)
Je dis avant que ma voix se perde (do, ré)
L'Etat, l'Etat, c'est…de la merde (ré, sol)
Dire que l'Etat est scatologique
C'est pas vraiment très sympathique
Pour la fiente, le vrai crottin
Qui engraisse si bien nos jardins
Comparer l'Etat à des tas
De bouse, de purin, de lisier
C'est négatif comme postulat
On est quand même les héritiers
De la Grande Révolution
Que le monde entier nous envie
Mais la pauvre vieille pervertie
Epuisée par la concussion
N'a plus vraiment grand-chose à perdre
L'Etat, l'Etat, c'est…de la merde
L'Etat après tout c'est virtuel
C'est comme le Bon Dieu et ses Saints
Ça n'a pas d'existence réelle
Ça sort de nos esprits malsains
Mais ça commande à la Justice
Ça fait la loi et la police
Ça joue avec le nucléaire
Ça décide si on fait la guerre
Avec l'argent des citoyens
Avouez que c'est quand même pas rien
Faut croire qu'on a l'esprit patraque
Pour supporter de telles arnaques
Masochistes, on aime bien marcher
Dans l'Etat de merde, tas de fumiers
Ça fait 60 ans que je respire
Et plus ça va, plus ça empire
Hier pour formater ma jeunesse
J'ai eu ma petite guerre coloniale
Le reste du temps, que des promesses
Raison d'Etat, discours moral
Xénophobie et exclusion
Gouvernés par des maquignons
On se demande qui les a mis là
Pardi c'est vous, c'est nous, c'est moi !
Demain l'Europe du Capital
La flexibilité mondiale
Désespéré, je m'asphyxie
Dans l'Etat de merde des pourris
De Béranger ce manifeste
Dont je reprends à mon compte, ce plaidoyer
Comme lui anar, me fuient comme la peste
Les crânes rasés, inféodés
Plus que jamais d'actualité
Le Président et ses sujets
Les richissimes, les prolétaires
Chacun luttant pour sa bannière
Comme on n'arrête pas le progrès
De mettre au banc des accusés
Les insoumis, les révoltés
Tous ceux qui n'ont rien à bouffer
(Même soi-disant, à ce qui parait)
Pour la plupart des émigrés
En plus de ça, vaille que vaille
On va de suite livrer bataille
Pour des barils de pétrole
A croire vraiment qu'on en picole
En guise de manifs, manque de chance
Est proclamé l'Etat d'urgence
Plus 68, Quartier Latin
Se font sauter les clandestins
Alors malaise et stupeur
C'est le salaire de la peur
On ne compte plus les chômeurs
Que des élus qui font leur beurre
Me suis permis d'en rajouter
Tellement m'inspirent tes pamphlets
T'en remercie, frère chansonnier
Du haut du Ciel, tu dois te marrer
Regretté François Béranger JC Blanc juillet 2017 (tous dans le même merdier)