L'étoile filante

manou-croze

Toujours les mêmes visages pantois sur son passage, toujours les mêmes bâtiments qui mériteraient une rénovation. Rien a changé, pas même la voisine qui sort son caniche une dizaine de minutes tous les matins, ni l'odeur de cigarette persistante dans la cage d'escaliers de son immeuble. Il s'agit d'un soir d'octobre où les températures ne sont pas particulièrement faibles, mais ses membres tremblants ne parviennent à réchauffer son faible corps.


Elle erre de gares en gares, à la recherche d'un miracle. Elle ne supporte plus de s'attacher à un lieu unique, et préfère voyager en quête d'aventure. Elle est comme un mirage, irréaliste, temporaire, et illusoire. C'est au moment où l'on croit pouvoir la retenir qu'elle s'efface de votre vie en un souffle pour ne jamais revenir. C'est un éclat d'étoile filante, venu s'échouer sur la Terre. Elle illumine ceux qui l'entoure, bien que ce ne soit que pour un court instant. Elle respire l'humanité, ne se fit pas aux règles, et ignore tout de l'engagement.


La lune veille sur la forêts de pins dans laquelle la pénombre et le silence se disputent le rôle du maître des lieux. Deux souris chahutent sur un mur de pierres, avant de se cacher sous un amas de mousse et de divers végétaux épais et envahisseurs. La vie nuptiale dans le bois suit son cours, et la fugitive y passe inaperçue.


Essoufflée, paniquée, elle traverse les buissons de ronces dans l'espoir d'être inatteignable, inaccessible. Elle ne veut plus subir la pression d'un entourage qui ne comprend rien, qui ne voit rien. Elle ne veut plus être l'une d'eux, aussi insignifiante que tous les autres. Sa robe se déchire, et est maculée de boue et du sang. Qu'importe, rien ne pourra la faire renoncer. Elle n'emprunte pas les sentiers, choisissant la vie animale. L'instinct reprend le dessus, la civilisation s'effondre. Le rejet des règles prend de l'ampleur, et leurs assemblées tombent.

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