Lettre à l'avant du présent.

delphine

Tu es l'amant qui a déserté mon maintenant. Celui que mon présent refuse, que mon passé renie et que mon futur oublie.
La fierté m'envahissait les soirs où je te résistais, les soirs où je t'envoyais rêver d'une autre. Tu jouais de ma faiblesse et mon âme errait si bien dans un paradis funeste que tu ne côtoyais jamais. Ma mélancolie te tuait, te répugnait fortement. Ton indifférence me dégoûtait. Nous avions si bien su nous pourrir la vie machinalement pendant deux ans que lorsque je mis fin à cette histoire inutile je perdis tous mes repères. Je marchais sur un chemin sans avenir. Je sentais la fin. Je m'amusais des contraintes et des règles. Mais, je vivais. Je respirais et tout était parfait. Je rageais parfois que tu ne reviennes pas, que tu ne sois pas à mes pieds comme je l'avais été.
Puis, un jour, je compris. Je réalisais que tu n'étais pas comme moi. Que tu ne reviendrais pas. Que tu n'étais qu'une partie de mon existence à effacer, à cacher. Je ne te pardonne toujours pas d'avoir amplifié ma douleur, atténué mon bonheur.
Romain a débarqué, comme si de rien n'était. Comme si je n'avais pas su le remarquer. Je ne souhaitais pas m'engager, nullement aimer pour souffrir encore. Mes yeux clignaient, mes pupilles grossissaient, mes lèvres se mordaient. Je découvrais la réalité, que tout le monde ne demeurait pas méchant et égoïste. Il a su me rendre heureuse, contrairement à toi, il a su me permettre d'y croire. D'emblée, je me suis confiée, je n'ai rien eu à lui dissimuler. Il ne se comportait pas de manière enfantine, il avait la maturité nécessaire pour m'aider et m'aimer.
Il s'agit du dernier article où tu apparais. Tu n'es plus dans ma vie et tu n'y seras jamais plus. Tu m'as détruite et jamais reconstruite. Je ne te déteste pas. Je n'ai plus d'amour, ni d'attention à t'accorder. Tu es rayé.

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