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Lettre à Lise
uris
Bonjour Lise,
Ceci n'est pas une lettre d'excuses.
Tout ce que j'ai pu dire la dernière fois, je le pense. Cependant, je ne voulais pas que nos derniers mots échangés soient ceux-là.
Vous avez été pendant ces longs mois un repère agréable dans mon quotidien bien chaotique. Je n'ai pas vraiment envie de vous remercier pour votre gentillesse, votre humanité ni votre éternelle bonne humeur. Vous commencez à me connaître, les banalités me donnent la gerbe. En revanche, il est important pour moi que vous sachiez que, comme votre paume entre mes omoplates m'a aidé à étouffer mes crises d'angoisse, vos cinq doigts serrant mon bras ont bien souvent apaisé et apaisent encore aujourd'hui mes nuits. Comme un syndrome du membre fantôme, mais agréable et sécurisant. Et, si neuf mois après tout ça, votre visage ne laisse dans mon esprit qu'une majorité de souvenirs indésirables, il m'arrive encore parfois de chercher vos cinq doigts sur mon bras. Il y a de ces choses étranges entre le chaos et l'humain où ce dernier n'est jamais totalement démuni et parvient toujours, je le crois, à trouver une béquille sur laquelle se reposer. Vous avez été ma béquille quand l'homme de ma vie n'était qu'un fantôme. Je sourie en vous imaginant lire cette phrase qui, probablement, vous irritera. « Les êtres humains ne sont pas des objets et le style métaphorique ne cache en rien votre ignorance quand il s'agit des autres » devez-vous grogner dans votre moustache. Lise, je vous emmerde, c'est ma lettre.
Aujourd'hui, c'est vous qui n'êtes qu'un fantôme et, entre mon homme ou ma vie, j'ai choisi ma vie. Le bonheur est un combat permanent paraît-il. Parfois, Lise, je refuse le combat. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Pas que votre opinion de moi m'importe tellement… peut-être après tout. Nos chemins pourraient un jour se rejoindre.
Toutefois, je me questionne encore sur l'intérêt de cette rencontre nouvelle. Arriverons-nous à être celles que nous étions sans l'homme qui nous a réuni ?
Ne vous fatiguez pas à me répondre, je ne vous lirai pas.
A.