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Lettre à Valérie
nathaliecoi
Je ne t'ai pas connue et je t'aime comme une sœur Valérie.
Sœur de douleur.
Je regarde Papa. A ma gauche. Vulnérable. Sonné. Blessé. Il a 49 ans. L'âge que j'ai eu l'an passé. Comment a t-il réussi à se procurer le journal ce matin ? Voici 2 jours que je partage sa chambre d'hôpital… et que je m'efforce de substituer la presse hebdomadaire de son déjeuner. Cette fois, impossible de lui arracher le quotidien des mains. Il a été plus rapide que moi. Il feuillète les pages, les tourne rapidement, violemment. Il cherche, il cherche… il va finir par trouver. L'indescriptible.
Ce moment que je redoute est là devant moi. Mes yeux tombent sur l'entrefilet qui va bouleverser sa vie. Nos vies. L'article est là. Brutal. Froid. Imparable. Comme les miens, ses yeux ont vus. L'inimaginable. L'impensable. Elle est morte. Tu le savais dis Nathalie ? Tu le savais ? Elle est morte. Oui, elle est morte et je l'ai tuée.
Comment acquiescer, du haut de mes 16 ans ? Oui papa, cette jeune fille que tu as percutée est MORTE. Sur le coup. Sale coup du destin hein ? Elle n'avait que 14 ans.
Je t'ai vu mourir, Valérie.
Et je t'aime comme une sœur.
Sœur de douleur.