Lettre du front.
marla
Maman, Maman je meurt. Je le sais. Je sens ma vie s'enfuir par mes nombreux trous dans l'abdomen. Je suis à l'infirmerie, parmi d'autres qui meurent pitoyablement comme moi. Pourtant les infirmières s'activent autour de nous, essayant de nous faire tenir la mince ficelle qui nous retient à la vie.
Maman, Maman je crois que je suis amoureux. Je crois que j'aime une de ces frêles créatures féminines qui se pressent autour des blessés. Elle s'appelle Béatrice. C'est un ange descendu des cieux. Elle a beaucoup de courage ma Béatrice. Je l'ai vu fouillée à mains nues dans une ouverture au ventre d'un soldat agonisant pour retirer la balle. Je me serais bien marié avec elle, je suis persuadé que tu l'aurais aimé. C'est une grande fille mince, presque effilée, avec de grands yeux gris rieurs et une bouche minuscule qu'elle pince pour sourire.
Maman, Maman on se seraient mariés dans une petite chapelle blanche au printemps, dans les jonquilles de ma chère Angleterre. Elle aurait mit une jolie robe blanche avec de fines broderie fleuries. Je l'aurais portée et on seraient partis vivre ensemble dans une petite chaumière avec deux trois moutons. Je serais devenu paysan et elle crémière. On aurait eut deux enfants une fille puis un garçon.
Mais je ne peux pas Maman.
La guerre m'a perforé le ventre et je vais mourir. Maman tu m'avais donné une clef avant que je parte au front. Tu m'avais dit qu'elle m'ouvrirais la porte du paradis. Mais Maman j'ai tué des gens, je suis trop corrompu et ronger par cette guerre pour rentrer au paradis.
La clef je l'ai donné à Béatrice. À mon ange. À elle qui sauve des gens malgré l'horreur qui lui saute aux yeux. Béatrice a mit ma clef en pendentif, elle m'a dit que avec elle serait protégée. Je l'espère tellement Maman.
Je t'embrasse, tu trouvera avec cette lettre le peu de livres sterling qu'il me reste et un peu de chocolat.
Je t'aime.