Lettre ouverte à Madame Valérie Trierweiler...

lobley

Madame,

Je me permets de m’adresser à vous car nombre de lettres ont déjà été envoyées à Monsieur François Hollande, récemment élu Président de la République.

J’ai appris aujourd’hui que vous aviez déclaré, lors d’une interview au « Times », souhaiter faire le nécessaire pour représenter l’image de la France sans compter être une « potiche ».

N’étant pas habitué à lire la presse « people », mon intuition me porte à penser, au vu des très rares interventions dont j’ai pu prendre connaissance, que votre élégance « naturelle » associée à celle de l’esprit et des valeurs humaines qui semblent vous habiter,  ne laissent aucun doute quant à ces déclarations.

Il est incontestable que vous serez la compagne qui saura « inspirer »  l’homme à qui j’ai eu le plaisir (et l’honneur) de serrer la main lors de sa récente visite à Boulogne-sur-mer.

Permettez-moi simplement de formuler un souhait : que notre Président récemment élu modifie enfin cette Vè  Constitution établie en 1958 par le Général de Gaulle (qui avait besoin d’un pouvoir exécutif fort, en raison des « événements d’Algérie ») remaniée quatre ans plus tard.

Le Général de Gaulle avait un sens aigu de la raison d’Etat, peut-être quelquefois au détriment du citoyen  qu’il n’hésitait pas à qualifier de « veau », ses qualités exceptionnelles le prédisposant peu à la mansuétude.

Comme tout homme il commit cependant des erreurs, la principale à mon sens étant de quitter le pouvoir en 1969 en laissant une constitution qui, de l’avis de tous les politologues avertis, est celle qui, dans le monde occidental, donne à l’exécutif des pouvoirs quasi illimités (cf. La Voix du Nord dans son édition du 22 avril dernier)

Quid de la Séparation des pouvoirs prônée par Montesquieu dans « l’Esprit des Lois » ?  

Où  le pouvoir exécutif serait par conséquent, réellement contrebalancé par le pouvoir législatif…

Il convient de dresser un constat : la Démocratie, au sens où l’entendait Montesquieu, va mal, et ce, depuis plusieurs dizaines d’années….

Il est urgent de nous diriger vers une constitution qui respecte l’esprit de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : la répartitions des Pouvoirs.

En 2000 la démocratie française a été encore plus mise à mal : sous la présidence de Chirac (Premier Ministre Jospin), le mandat présidentiel a été ramené de 7 à 5 ans. A priori, un progrès…

Cependant, regardons-y de plus près…

Il  est désormais coutume que le Président demande au pays de lui apporter une majorité aux élections législatives devant se tenir quelques semaines plus tard afin de pouvoir gouverner.

Les électeurs accordent donc logiquement une majorité à celui qu’ils viennent de choisir

comme Chef d’Etat.

 Et c’est ici que survient le problème de la séparation des pouvoirs. 

Paradoxalement, la durée du mandat du P.R. à 7 ans permettait au peuple de sanctionner éventuellement sa politique lors des élections législatives (selon les périodes, tous les 2 ou 3 ans). Ce n’est désormais plus le cas  depuis que les deux élections se succèdent…

Pourquoi alors ne pas nous inspirer des constitutions étrangères ?

Par exemple, aux USA, le P.R. est élu pour 4 ans. A mi-mandat, le Congrès (pouvoir législatif) est renouvelé pour moitié (mid terms), ce qui permet à la population de sanctionner ou d’approuver la politique du P.R. depuis 2 ans…

L’élection des députés devrait donc, sur ce schéma, se faire  2,5 années après l’élection présidentielle pour moitié.

Et pourquoi, tant qu’on y est, ne pas supprimer le Sénat dont l’existence ne se justifie pas puisque, en cas de désaccord avec l’Assemblée Nationale (système des navettes), c’est cette dernière qui a le dernier mot ?

Quant au 3 è pouvoir, l’indépendance de la Justice, pourquoi ne pas élire le Garde des Sceaux au suffrage universel direct ou indirect et ce, avant tout début de campagne présidentielle ou législative afin que l’électorat ne soit influencé ?

On pourra ajouter finalement le 4è pouvoir, la Presse, qui serait effectif s’il n’était soumis aux censures des propriétaires de journaux, souvent proches de la finance….

Rappelons que, paradoxalement, les USA (et le monde anglo-saxon plus généralement) semblent s’en être affranchis en partie, Nixon et son équipe en ayant fait l’amère expérience lors du Watergate.

Jacques Julliard, dans son éditorial (Marianne du 21 janvier dernier) , n’écrivait-il pas « l’accumulation récente des affaires démontre que le pouvoir n’a qu’un objectif :mettre au service de sa politique, sa haute ou basse politique,  les institutions républicaines .Il y a dans la séquence de la semaine précédente une accélération qui donne le vertige : révélation du scandale de l’IGS suspectée de fabrication de fausses preuves, révélation des pressions scandaleuses exercées par une hiérarchie aux ordres, sur le juge Trévidic, mise en examen du juge Courroye dans l’affaire des fadettes…C’est bientôt toute la hiérarchie policière …qui va se trouver sur la sellette ».

Et de continuer « cette vue cavalière révèle un système politico policier profondément gangrené, au service d’un seul clan. Il y a fort heureusement des policiers honnêtes et des juges courageux pour défier et dénoncer le système ».

Nous conclurons par cette évidence : « Que chaque Pouvoir soit contrebalancé par un Contre-pouvoir strictement indépendant ».

Il est des pays, comme le Mexique, où des innocents croupissent dans les geôles, les principaux pouvoirs étant profondément corrompus.

Florence Cassez , à qui j’ai modestement apporté mon soutien, en payant le prix fort.

C’est, à ces conditions ci-dessus définies, que notre pays retrouvera sa dignité républicaine.

 

En espérant que vous me pardonnerez cette « lettre ouverte » (mais je suis rassuré  car il est peu probable que cette missive parvienne un jour jusqu’à vous), je vous prie de croire, Madame, en mes sentiments les plus respectueux.

           

                                                                             Guy Belloy

                                                                       

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