Lettres à C.

la-musique-de-l-ame

L. est un ancien démon ; C. est Inquisitrice ; ils sont tous deux les parents d'une petite fille nommée Dawn. [Illustration de Luis Royo]

[24/03/2016] Qu'il est doux de sentir la chaleur du soleil et la caresse du vent sur sa peau, loin du fracas des bombes humaines et des plafonds effondrés. J'espère que notre fille se porte bien, car elle me manque, autant que toi, mes deux princesses ! Il me tarde de la voir grandir encore et encore, cette Aube, ce miracle, notre enfant. Mais en pensant chaque jour à elle, à toi, je garde auprès de moi une chose précieuse, un peu de vous... J'espère pouvoir vous retrouver jeudi prochain, comme prévu. Dis bien à Dawn lorsqu'elle s'endormira ce soir que le Mal ne gagnera pas, qu'il est voué à disparaître aussi sûrement que c'était le destin de ses parents de se retrouver, et de s'unir, malgré les obstacles. Un retour à la vie humaine difficile certes, qui m'oblige à la patience, à la compréhension, mais me récompense chaque fois d'un bonheur indicible ! Comme j'ai hâte de vous serrer à nouveau dans mes bras, baiser ton cou et t'imaginer, t'entendre sourire. Poser ma main au creux de tes reins, humer ton parfum, délicieux et enivrant. Veille bien sur notre miracle, et veille bien sur toi, ma belle C., autant que mes pensées restent à votre chevet, infatigables. Je vous aime, L.


[26/03/2016] Mon cher amour,
quelle surprise et quel bonheur que de te lire ! Je ne pensais pas que tu pourrais donner signe de vie dans cet autre monde où tu as dû te rendre en voyage...
Il fait très beau ici au manoir et Dawn se porte à merveille. Elle s'est découvert une capacité à s'allonger sur un lit de pâquerettes sans en toucher les pétales et y met tout son cœur de petite fille innocente. Cette enfant est magique en tous points de vue... Je n'ai pas de réunion ces jours prochains. Je pourrai m'installer au belvédère sous la rotonde, à l'abri du soleil qui me brûle déjà bien fort. Je regarderai la course des nuages en y projetant mes plus douces pensées afin que la brise les pousse vers toi...
Je ne peux m'éterniser, Dawn me réclame déjà et j'ai donné sa matinée à la gouvernante...
Nous t'embrassons toutes les deux avec tout notre amour, vivement ton retour...
* un C et un D majuscules en guise de signature *


[06/04/2016] Mon cher et tendre Amour,

me voilà replié dans ma couche après avoir vainement cherché la lune, nouvelle, pleine ou en quartier, peu importe, même un simple croissant, mais le ciel ce soir en aura décidé autrement. A défaut donc de pouvoir lire ton visage et ton sourire dans les astres je les imagine, l'esquisse de tes lèvres grande et sincère, impatiente et toujours pleine d'espoir. Celui de nous revoir, de nous retrouver, de réformer à nouveau une famille, belle et unie autour de Dawn, cette Aube et cadeau des dieux ! Mes draps ne seront jamais aussi chauds et enveloppants que tes bras, leur présence jamais aussi forte et réconfortante que la tienne. Qu'il me tarde de me blottir tout contre toi et de me plus jamais en partir, prisonnier volontaire, proie consentante à même ta peau douce et apaisante. Comme je pense à tes mains d'Amour posées sur moi, frissonnant et frémissant de l'intérieur ! Que le ciel m'en soit témoin : je manque de vous, je manque de toi. Couvre-moi je t'en prie de tes baisers divins comme je vous couvre de pensées profondes en cette belle nuit étoilée, il n'est pas de bonheur plus grand en votre absence, mes princesses bien-aimées...


[01/01/2017] Mon Cher Amour,
voici que s'achève ce premier Jour de l'Année Nouvelle, nappé d'un brouillard humide et désagréable qui, je l'espère, ne sera pas le reflet des journées à venir.
Encore une journée passée loin de toi à m'occuper de régler des problèmes que les Hommes passent leur temps à se créer. Quelle idée de se complaire dans la discorde et la souffrance quand on pourrait choisir d'être simplement heureux ? Cette tâche d'Inquisitrice pèse de plus en plus lourd sur mon cœur car elle me retient loin de toi et de notre fille que j'ai dû laisser à sa gouvernante après ton propre départ.
Chaque soir j'adresse ma prière à la Lune pour qu'elle veille sur vous et vous protège de tout malheur, puisque je ne puis le faire moi-même.
Bientôt je pourrai rentrer chez nous.
Je ne t'oublie pas. JAMAIS.
J'espère que cette lettre te parviendra rapidement et te trouvera en bonne santé...
À bientôt,
C.


[20/01/2017] Mon Amour, mon Âme, mon Miroir,

il n'est pas une nuit où je ne m'endors sans penser à toi, sans que le visage de notre fille ne tapisse mes paupières closes. Morphée me fait souvent l'offrande de vous retrouver en songe. Et c'est depuis ses bras, bienfaiteurs, que je plonge dans les vôtres, chauds et apaisants. Sais-tu que mes anciennes attributions me font pérégriner de demeure en demeure, dont certaines me rappellent celle où nous joutions à l'épée ? Il me prend parfois l'envie de te refaire la cour, et je crois que ce jour est aujourd'hui plus proche qu'il ne l'était hier, car j'en ai maintenant terminé avec les lambeaux de ma vie passée : je rentre chez nous ! Oui, tu as bien lu. Je vais pouvoir retrouver notre trésor, me consacrer à elle, et à toi, lorsque tes obligations t'auront libérée quelque peu. Il me tarde que ce moment vienne, mais que ton devoir ne mette pas trop ma patience à l'épreuve, car je pourrais bien t'en arracher, pour notre bonheur à tous les trois. Je pars sans plus tarder et libérerai Dawn de sa gouvernante dès mon arrivée. Mes bras s'en réjouissent déjà.

Reviens-nous vite ! Pour une minute, une heure, un jour, qu'importe... Je manque tellement de toi que la moindre parcelle de temps qui nous sera accordée sera une bénédiction, un ravissement.

Entends mon espoir, celui de te revoir au plus tôt, et mon soutien dans chacune des épreuves que tu traverses loin de nous.

Je t'aime,

L.


[15/09/2017] Mon Amour,

je suis rentré chez nous et c'est avec une émotion jamais ressentie que j'ai serré notre enfant dans mes bras. Elle a tellement grandi ! Et te ressemble de plus en plus, dans ses traits comme dans son espièglerie. J'en souris à te l'écrire. Tu es absente, sans nul doute pour répondre aux rudes obligations qui t'incombent et il me tarde déjà de te serrer toi aussi dans mes bras, te prendre la main, t'embrasser pour te montrer à quel point tu m'as manqué !

Mais le ciel est gris, maussade. Les nuages recouvrent de leur manteau sombre la voûte que nous nous plaisions tant à contempler après nos exercices. J'ai assez souvent bravé les ténèbres, côtoyé les affres du néant pour savoir que ceci n'est pas l'œuvre d'un quelconque démon, ni même l'augure d'une catastrophe à venir, mais bel et bien le reflet des émotions qui assaillent et emplissent ton cœur, ton âme, cette belle âme...

Souviens-toi qu'entre nous la distance n'a d'effet, que nous vivons l'un dans l'autre et qu'une simple pensée suffit à nous rapprocher. Et si d'aventure tu restes inconsolable, vois dans la brise la douceur d'une caresse, dans les rayons du soleil la chaleur d'un baiser et dans le temps qui passe ce même temps sans lequel nos retrouvailles n'auraient aucune substance, ne seraient pas aussi délicieuses.

Mais je dois bien l'avouer tu me manques également, atrocement. Mes pensées et mes désirs t'accompagnent où que tu ailles, t'entourent et t'enveloppent, n'en doute ni ne l'oublie jamais !

Nous nous retrouverons bientôt, d'ici-là veille à préserver ce sourire qui m'a conquis il y a maintenant bien longtemps et ne cesse de me charmer encore, à chaque image que je reçois de toi, où que je sois.

Sincèrement, infiniment,

L.

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