Lettres de mots-dits - 2

sadnezz

de Faust Nicolas à Ansoald

Et lorsque l'aube se leva, avant même de se vêtir, les mots se glissèrent dans l'esprit et au bout de la plume de Faust. Evidence dont il fallait s'épancher avant de sans doute, mourir de honte ou sous la colère du sanguin Montfort...

De Faust Nicolas à Ansoald

-Exorcisme-

Insolent Ansoald,

tu n'as pas su te faire ignorer, et ce, dès le premier instant où tu t'es mis sur mon chemin. Me ferais tu avaler couleuvre, à me croire si naïf? Je ne le suis qu'à l'égard de certaines choses, conscient, avide de ne pas y devenir étranger trop vite... Ta course est pressée sur la carte des hémisphères , moi je me ballade... Serais-tu donc à la fois voleur, inspiré et poète? Tu as finalement décidé de partir tenter ta chance à l'aventure, espérons pour toi qu'elle soit belle. Plus qu'un livre et un écuyer. Depuis que tu es parti de Tournai, je te maudis d'y être quand même resté. Je t'imagine marcher seul, le torse nu, fendre les herbes hautes tes mains frôlant leurs extrémités. Tu es une morsure difficile à ignorer. Mais je la panse, soucieux de ne la voir s'infecter.

Car je ne prononce pas ton nom, je m'y couche et m'y lève, chaque jour comme le précédent. Et le mien est toujours tu, à la faveur d'un autre, plus accommodant. Tu aurais tort de t'y intéresser tant, les larcins rapportent mieux. Je crois que ce qui te fait venir et ce qui te fait partir est toujours motivé par cette constante. Loyal à ton unique personne, conquérant. J'avouerais admirer cela, sans l'envier. Je ne sais pas m'aimer, tout mon équilibre est axé sur autrui. Je crois être devenu funambule marchant sur le fil de tes caprices. Mépriserais-tu cela? Me mépriserais-tu de n'arriver à te mépriser? Que feras-tu de terres conquises que tu ne viendras jamais visiter... N'écris jamais au Prince, il me ferait pendre...

Mon nom est Faust. Faust Nicolas. Faust pour Fosterage. Ne pas oublier que je ne suis jamais que confié aux mains d'un homme, qui doit faire de moi un homme. Comme les autres.

Et te lire, Ansoald, me rappelle que je crains ne pas être comme les autres.

Le voleur avait volé l'innocence du jeune blond. Envolée. La fois où il l'avait approché d'un peu trop près, et touché son âme, en partageant son secret bien gardé. L'Aconit avait remis le masque arraché l'espace d'un instant par l'être libre que le brun représentait, mais la pointe assassine de l'émoi l'avait piqué. Pour la première fois, le jeune écuyer se prenait à rêver en découvrant que la cause de son tourment était doté d'une sensibilité jusque là masquée de cynisme .

Rassemblant la masse blonde de ses cheveux sur sa nuque, l'écuyer prit son courage à deux mains et quitta sa chambrine pour aller saluer le Prince et voir si la Médicis avait besoin d'aide à sa toilette...

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