Lève-toi et marche

chris-mo

Chaque jour, entre 6  et 7. 30, que ce soit à 6. 25 ou à 7. 06, à 6 ou à 7 précises, si je pose le pied à terre, c’est parce que mon horloge nature, elle, fait son office.

Elle me bouscule, je traine la patte en cadence, le pas saccadé, pas tout à fait rassasié, le repos trop léger, je descends, les planches grincent, bruit de bois cassé.

 Seule fausse mélodie qui me rappelle celle d’un homme qui s’est oublié, un faux silence avec de légères interférences qui raisonnent éloignée sans poésie, ce n’est que le bruit d’un pied sur un bois usé, sans arrières pensés.

Je suis somnambule dans mon quotidien, sans cote je ne dis rien. Paris perdu d’avance. Je me tais et je marche seul, porté par mes jambes. Le reste dort et c’est tant mieux.

Le mouvement léger, les rêves limités, je quitte le corridor, mon corps qui rit et dort m’envoie dans la cuisine où je poursuis mon épopée vers la machine à café.

Je me prends une dosette dans un paquet au cachet au nom simplet et beaucoup trop médiatisé. Si ça tombe, c’est un gamin qui a moulu le grain, et moi je goûte la transpiration de ses mains dans ma tasse chaque matin. Un liquide qui a un goût d’amertume. Je comprends mieux maintenant.

J’enfonce deux doigts dans le sucrier, je balance une pincée dans la tasse et la moitié est éparpillée à côté.

J’enlève un berlingot de lait stérilisé UHT du frigidaire, tient c’est la compression de gère frigide. Oui je gère, frigide en manque d’air, mais je gère. Je secoue la boîte cartonnée. Et voilà, un cracha de lait versé pour compléter mon breuvage qui donne la niaque en cas d’insomnie. C’est à se demander pourquoi je suis devenu insomniaque.

C’est chaque jour et toute la journée, entre 6  et 7. 30, que ce soit à 6. 25 ou à 7. 06, à 6 ou à 7 précises, que je quitte mon lit. C'est chaque jour et toute la journée que quand je pose le pied à terre, c’est parce que mon horloge nature, elle, fait son office. Je ne dors jamais, mais je m’y mets comme si j’avais dormi.

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