L'explosion
lune-noire
Tous mes sens sont en alerte. Et puis plus rien, le vide. Les gouttes d'eau dévalant mes paupières, se brisant sur mes joues, tombant dans le creux de mon cou. Ça brûle et je ne sens rien. Je me noie sous cette eau chaude. Je ferme les yeux et puis je te vois. Je pourrais passer des jours entiers, comme ça.
Je ne sais plus comment te le dire, te le faire ressentir. Il y a comme une part de moi, qui s'envole, quand tu n'es plus à l'autre bout de la ligne. Le mur infranchissable. L'arme inévitable. Je me sens vide, je me sens creuse. Et rien ni personne ne pourrait me faire devenir entière. Il me faudrait juste toi, pour rire et sourire, encore.
J'ai l'impression que le temps s'écoule très longuement, quand tu ne réponds pas, trop longuement. Trois minutes me semblent déjà être une éternité. Comme si j'avais le temps de me poser trois milliards de questions : "Qu'est-ce qu'il fait?" , "Où est-il?" , "Avec qui est-il?". Et ça revient sans cesse en boucle, ça tourne et ça retourne. Ça part et ça revient. Mes neurones qui veulent me faire la guerre. Mon cœur qui veut ma peau. Et moi, je continue de regarder le temps passer. Avec toutes ces questions qui me rendent à chaque fois, un peu plus folle.
Alors, je réfléchis aux nombreux sous-entendus que je vais pouvoir te glisser, en douce, dans n'importe quelle situation, quand je suis contente ou fâchée. Je ne devrais pas y aller par quatre chemins, ça, je sais. Mais tous les chemins ne mènent-ils pas à Rome?
Avec toi, je n'ai pas la sensation d'avoir besoin de m'évader. C'est toi, mon évasion. Toutes les heures scotchée à ce signal vert, bleu, qui s'affiche en haut de mon téléphone. Alors oui, pour certains, ça paraitra juste niais, complètement ridicule. Mais je m'en fous des autres. Je m'en fous de ce qu'ils pensent.
Toi, t'as débarqué, et t'as ruiné tous mes projets. Balayées, les idées tracées sur les prochains mois de ma vie. J'avais encore envie de me protéger, d'imposer mes barrières, il y a quelques temps. Et puis tout a changé. TU as tout changé. L'attachement absurde. L'avalanche que tu ne verras jamais arriver. Celle dont tu ne pourras pas t'échapper. T'es mon avalanche. Et pourtant, t'as beau avoir ruiné mon plan, si c'était à refaire, je dirais oui, sans hésiter.
Mais je n'ai plus envie de jouer à ça. A se chercher, à se lancer des messages codés, et indéchiffrables. J'ai envie d'avancer. Parce que dans quelques mois, tout basculera, pour moi. Et désormais, cette opportunité, la nôtre,je refuse de la laisser filer.
(01.04.16)