L'histoire d'une ballade

laracinedesmots

Il l'aperçu dansant et virevolant non loin de la scène.

Foulant le sol,

Aérienne et frivole.

Ses doigts couraient sur les cordes et elle sautait sur ses notes. Il chantait sa vie, elle le regardait, sa voix s’envolait et, sans honte, elle pleurait et riait sous les assauts de ses histoires. Que venait-elle faire ici ? Apparition du hasard, sûrement tombée de son ciel, attirée par la musique et les voix. Quand leurs regards se croisèrent, ses yeux lumineux, passionnés, le couronnèrent.

Doux silence,

Sa silhouette qui danse

Il l'a revu, debout sur des barricades, sa longue jupe volait avec le vent. Avec ce long bout de tissu coloré, elle était le drapeau vivant des utopistes. Ses longs cheveux noirs sautillaient joyeusement sur son dos et les reflets de hénné la faisaient resplendir. On ne voyait qu’elle dans les haines ancestrales.

Jupe de merveilles,

Petits morceaux d'arc-en-ciel.

Elle était à toute les manifestations. Le poing levée comme une guerrière ou simplement assise, à défier le monde avec sa douce insolence. Il la voyait partout, elle le hantait, elle était présente dans la moindre lettres de ses ballades. Dès que leurs regards se croisaient, une chaleur le submergeait, faisant fondre tout ses rêves.

Son rire léger,

Emprisonné,

Liberté ! Liberté !

Ses bras ouverts accueillaient n’importe quel paumé, n’importe quel déçu. Que racontait-elle ? Quelles histoires connaissait-elle ? Son passé, elle ne voulait pas le livrer ; et son futur, elle ne perdait pas de temps à l'imaginer. Elle vivait, continuellement et sans broncher, s'étourdissant dans sa ronde. Lui continuait de chanter, d'animer leurs rassemblements. Elle rallumait toutes les cendres, ravivait tout les feux d’espoir. Sera-t-elle plus forte que la réalité ?

Les bus flambaient, les gens tombaient. Ses doigts continuaient de courir sur les cordes, sa voix flirtait avec leurs démons. Elle était toujours là, cherchant la vie dans sa musique et ses yeux brûlaient d’une rage sourde devant son monde. Une seule couleur pour la peur. Sa jupe tournoyait, tournoyait et même le temps semblait se stopper pour mieux la comprendre. Elle essayait et mélangeait, tentant de changer son univers.

Un coup de révolver,

Défaite amère.

Le monde tourne toujours. Les utopistes ont rangé leur rêves et les barricades sont enfermés dans les greniers. Le monde n’a pas changé et les batailles sont oubliées. Désormais, quand il joue, quand sa musique résonne, elle n’est plus là pour danser. L’éclat de ses jupes n'est plus là pour l’enivrer, il n'a plus qu’un souvenir pour l’inspirer. Ainsi, dans les mémoires d’idéalistes, d’enfants et de rêveurs, elle restera une Reine au pied aérien et au rire enchanteur. Pour les autres, elle aura été noire.

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