L'hiver approche.

Christophe Hulé

L'hiver approche, c'est pas peu dire quand on a un certain âge.

Je ne suis pas si vieux et, en théorie, de belles décennies s'offrent encore devant moi.

Tant qu'on ne regarde pas trop les statistiques ou les pages nécrologiques.

Le dernier hiver, ou, hélas le printemps, clin d'œil à Jacquot, sera ce qu'il sera.

Bon, comme tout le monde, sauf ces putains de jeunes, j'essaie de me persuader qu'il y a encore de la marge

Et si le progrès, surtout génétique, permettait enfin l'éternité, à pas cher, à long terme, où qu'on mettrait tout le monde ?

Il faudrait prévoir, pardon, euh, une sorte de tirage au sort, « je te tiens par la barbichette, celui qui rira disparaîtra », et comment faire autrement ?

On aura peut-être colonisé la lune d'ici, ou d'autres bleds perdus, sans commodités et l'assurance d'un confinement à vie.

Toutes les générations se rassurent en se disant que ce sera pour demain.

Les Irlandais ont bien fuit vers le Nouveau Monde pour une histoire de patates.

- Ici la Terre, vous me recevez ?

- Moyennement, mais faut bien faire avec.

- Et ça se passe comment là-haut ?

- Ben, je ne sais pas quel est votre statut ou votre grade, mais on se fait chier grave.

- Si ça peut vous consoler, qui que vous soyez, c'est pareil pour nous, pas assez de monde pour faire un barbecue, et en plus, y a rien à mettre sur le grill.

- Putain !

- Je ne vous le fais pas dire !

- Alors bon courage, qui que vous soyez, je suis de tout cœur avec vous.

- Merci mon gars, je te tutoie par respect car tu m'as fait du bien.

- Et j'en pense pareillement, bonne survie !

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