L'homme en noir

Lucius Orbs

À une vieille amie que j'ai quitté sans regret

Un homme en noir est venu me visiter,

La nuit, au détour d'une obscure allée.


Il m'a dévêtu d'un simple regard,

Balle de revolver tirée au hasard.


Je me tenais ainsi nu devant lui,

Exposé à ses prunelles de pluie.


Corps contre corps, peau contre peau,

Nous nous glissons dans l'eau,

La glace dévorant le feu,

Le désir émergeant peu à peu.


Un homme en noir, dur et mystérieux,

A surgit de mon cœur douloureux,

Me susurrant des phrases obscures,

Ainsi que d'autres pensées impures.


Un homme en noir, de chair et de miel,

M'a emmené loin d'ici, dans sa tourelle,

Edifice d'onyx où il m'a emprisonné,

M'infligeant maintes et maintes voluptés.


L'homme en noir me donnait le vif,

A chaque crépuscule, près d'un if.


Il me couvrait de baisers, de morsures,

Uniquement de givre jusqu'à l'usure.


Je me suis vu, tel un pantin désarticulé,

Au bout de ses doigts sombres et satinés.


L'homme en noir, laid et délicieux,

S'est lové contre mon corps souffreteux,

Contaminant mon être tout entier,

Détruisant mes dernières volontés.


L'homme en noir est parvenu à me piéger…

Il a assombri mon âme pareille à un ciel d'orage…

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