L'Homme-Rêve

Capo D'astre

Je ne porte que mon bas de pyjama.  Je n'en sais, ni la forme ni la couleur, comme si tous les pyjamas que j'avais eu l'occasion de porter dans ma jeune vie, étaient réunis dans une seule création de mon subconscient. Sorte d'habit fantomatique.

Torse nu, je suis assis dans la neige, pourtant je ne ressens aucune sensation physique, je ne sais simplement pas ce que je fais ici.

Je me sens entrainé vers  une grande descente, aucune résistance n'est possible, je dois me laisser porter. Le décor change, je vois à présent l'endroit vers lequel je glisse... Une falaise !

Elle approche, un plongeon vers l’inconnu et l’inévitable. Je n'ai pas le temps de penser à ma chute que je suis déjà dans les airs. Je ressens absolument chaque molécule d'air s'écrasant contre mon corps. Mes yeux fixent l'impact imaginaire. En bas, la jungle, sorte de carte postale sud américaine, photo satellite d'une parcelle d'Amazonie.

Je plane, je suis très haut, le sol s'approche à petite allure mais je sais au fond de moi qu’il est temps de revenir, je me réveille.

J'avais vécu ma chute. Mon corps tremblait, mon cœur battait comme jamais et ma position était exactement celle que j'avais eu durant ma flottaison neuronale. Les bras et les jambes écartés, comme  opposant une vague résistance au fatalisme. Une sorte de planeur inutile.

J'avais 9 ans et je rêvais. Ce rêve reste ancré dans ma tête comme le plus éprouvant et le plus représentatif de ma place sur terre. Se laisser porter et regarder l’impact s'approcher à tout petit pas devant moi, profitant de chaque molécule d'air venant s'insérer dans ma bouche et mes poumons. Et au bout de la chute, le retour à la terre. 

Je ne suis personne, je me considère au milieu. Y'a pire et y'a mieux. Et cette position me va. Mais je crois que je pense et réfléchis d'une façon assez particulière. J'apprends la beauté. Je cherche dans chaque chose l'appréciation de la création des coïncidences. 

Je ne suis ni écrivain ni philosophe, je suis seulement jeune et utopiste.

J'aime les gens, d’un amour lointain et distant, mais qui reste de l'ordre affectif. Comme une considération obligatoire qui ne me dérange pas. J'aime à les voir vivre et agir. J'apprends d'eux, de leurs erreurs et victoires quotidiennes.

Un clin d'œil amical au plus "crétin" d'entre nous et une révérence à tous ceux qui le suivent.

Vous êtes tous des artistes !  Oui, vous autant que moi, m’sieurs dames!  Pourquoi ? Car vous RÊVEZ !

 Chose simple et propre à chaque être humain sur cette terre, mais qui n’y tient pas la place qu’elle mérite. C’est une habitude, nous en parlons de temps en temps quand un rêve nous a marqué, mais nous l’oublions peu de temps après.

Cependant, tout en rêvant,  vous créez de l'imaginaire. Malgré votre abominable humanité, vous faites partie de cet univers du rêve, un monde parallèle entièrement créé par vos soins et dans lequel vous flottez chaque fois que vous vous laissez porter par la vie.

Vous êtes le créateur inconscient de vos nuits. Vous ne pouvez opposer aucune résistance à vous-même, vous vous laissez inspirer par votre esprit. Vous créez à travers le rêve. Vous êtes tous des artistes involontaires, peu importe la distance qui vous sépare de la vie de bohème.

Vous êtes spirituel par nature. 

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