l'identité sur fond de mariachis

découvrir un pays, y habiter quelques mois, donne l'impression de s'enrichir tant, non pas de changer d'identité mais d'en ajouter une, puis une autre. toutefois, ces quelques mois ne permettent pas de saisir la complexité d'une nation, de son histoire, de son peuple, mais arrivent tout de même à te donner cette impression d'appartenance. c'est après que les choses changent, au retour, au retour dans le pays que tu avais délaissé pour un temps, celui qui t'a vu grandir et qui t'a construit. ton identité n'est pas figée, tu n'appartiens pas à un pays, à une nationalité, à une culture. tu t'es confronté à la différence et cette altérité t'a même permis de mieux comprendre ce bout de terre où tu es né, qu'on encercle, qu'on ferme pour en former un tout. c'est là que tu perds la légitimité que tu avais cru acquérir, dans l'instant cette culture que tu effleurais des doigts te paraissait si proche que le temps que tu avais devant toi te donnait cette impression d'effusion, de plénitude que tu pourras atteindre. mais un voyage, un séjour est vite fini, et le quitter, couper ce lien que tu as pris peine à créer, te donne une troisième vision de ta culture et de celle que tu as pris plaisir à découvrir. c'est l'étranger de près et de loin, l'idée d'étranger, tu n'as en rien été légitime de dire certaines choses, d'en penser d'autres, toi qui n'étais que dans les limbes de la culture, de la richesse que le pays avait à te proposer. bien sûr il t'a accueilli, tu as vu de nouvelles choses, connu de nouvelles personnes, mais tu es loin d'entendre la réalité qui les frappe, la politique qui les harassent, les inégalités historiques et sociales qui les mènent à leur pauvreté aujourd'hui. tu étais dans une tour d'ivoire, même la ville où tu vivais donnait des airs d'authenticité mais en éloignait bien d'autres, sans doute plus représentatives du pays. cette place privilégiée que tu avais, tu l'as gardée dans ce pays, elle a même été enrichie, par ton allure, par ta couleur, par ta langue natale, et tu ne t'en rends compte qu'après, avec le recul nécessaire, celui de ta tour d'ivoire d'enfance, celle qui t'a vu grandir, et celle qui te fait réfléchir et grandir encore. alors lis,  écoute, étudie cette histoire si riche, bien que loin, il n'est pas trop tard, pour toucher cette complexité du bout de tes sens, des mots. et ensuite, lorsque tu y retourneras, tu pourras voir avec émerveillement ce que tu avais déjà pu apercevoir, ce que tu vas découvrir encore et encore, et clairement ce que tu as appris, et continue toujours d'apprendre.