Lilas Song
Muriel Roland Darcourt
Si je devais renaître, ferais-je tout autrement ? Fleurir lilas violet plutôt que lilas blanc. Avec les mêmes racines peut-on vraiment être différent ?
Si l'eau, la terre et le vent sont semblables, doit-on espérer voir éclore un changement ?
Suis-je obligée de faire mourir l'enfant, la graine qui a poussé et que je rejette à présent, pour révéler un être que je ne suis pas encore, délesté de ses torts, de ses peurs, de ses erreurs, de ses remords ?
La volonté seule suffit-elle pour accomplir une métamorphose ? Devenir aux yeux du monde quelqu'un d'autre, autre chose, qui serait comme je l'entends. Une personne meilleure que celle d'avant, pour revivre pleinement par la grâce d'une exosmose.
N'est-ce pas le premier pas vers une transformation, me substituer à mes propres émotions pour entrer tout à fait dans une autre relation, avec moi-même ? Faut-il que je sème pour que je m'aime ?
Même si le désir est là, que l'intention existe, serais-je pour autant une alchimiste défiant les lois de ma nature profonde ? En fécondant librement mon propre monde, puis-je faire surgir de chaque seconde un temps nouveau, grandir différemment, pour regarder ma vie tel un joyau qui du chao engendrerait le beau ?
Les réponses à toutes ces questions-là résident au cœur de mon âme mais je ne les trouve pas. J'attends de l'extérieur l'étincelle, je la réclame, alors qu'elle est à portée de moi, à l'intérieur de ma propre foi.
Faire en sorte de fuir les années mortes en ne les regardant plus comme des ennemies. Ouvrir la porte à l'espérance de ne plus être telle que je suis. Tendre vers une quintessence, en oubliant. Et bourgeonner lilas violet pour ne plus être un lilas blanc.