lille osaka (nouvelle japonaise7)
matthias-desmoulin
Nouvelle n° : 7
Lille - Osaka
Matthias Desmoulin-Catonnet
hiver 2002
Pense mortel
Pense à la vie qui va s’en fuir
Pense à la délivrance
Pense à tes amis s’il t’en reste
Oubli les déchirures
Oubli les arts
Oubli tes femmes
N’oublie pas de penser
Mortel
A oublier de penser
Respire
Pourquoi ?
Lille, 05 février 2003
Je buvais une bière dans ce canapé en cuir ocre. Soizic, à côté de moi ; tremblante et silencieuse, était perdue dans ses rêves et pensées, que nulle imagination aussi tortueuse ou fertile soit-elle ne peut évoquer. Sauf, peut-être la mienne ! Quand, soudain, elle me demanda : « auras-tu des regrets après ton départ ? »…Troublé par cette question inattendue de la part d’une personne si réservée ; je l’observais. Je regardais au fond de ses yeux vert-clair, ses cheveux multicolores et ses lèvres fines, et, lui caressant le visage, de sa tempe droite à son menton, avec le revers de ma main droite, je lui répondis : « non ! Plus maintenant ».
Oui, le contacte physique tendre me manque terriblement en ce moment. Et, le week-end précédent, je n’avais osé la prendre dans mes bras quand elle avait froid, le samedi soir, au sommet de Montmartre ou dans mon canapé-lit du salon le dimanche matin. Regrets exprimés. Seulement le dimanche, alors que nous attendions le train qui devait me l’arracher pour l’emmener à Lille, dans un café en face de la gare du Nord, nous nous étions effleuré les ongles et le bout des doigts dans un jeu absurde : mon cœur subissait alors de véritables séismes internes et mon ventre ressentait les sensations que l’on a quand on saute en parachute.
Mais restons à Lille. Mon revers de main avait déjà eu le bonheur de goûter à la douceur de sa peau, mais quand je l’approchais de ma bouche pour prendre une taffe de JPS, je me rendis compte de l’odeur exquise de son fond-de-teint, de sa peau et de ses cheveux mélangés. N’avez-vous jamais remarquez comme certains cheveux peuvent avoir une odeur particulière et agréable ? Peut après, nous rîmes beaucoup de notre difficulté réciproque à communiquer et à échanger nos émotions profondes. Mais très vite nos mains s’effleurèrent. Et là, ce n’étaient plus nos bouts de doigts qui se titillaient ; mais nos mains se frottaient l’une à l’autre. Puis Soizic mit sa main gauche dans cet enchevêtrement déjà complexe et ahurissant. Partouze manuelle. Mon corps entier se mit dans un état de transe, qui me rappelait presque celui du L.S.D ! Je serais aujourd’hui incapable de me souvenir ni quelle musique passait à ce moment là, ni même si j’avais chaud ou froid. Mes perceptions étaient déviées et déformées. Comme dans une machine infernale ; je m’abandonnais.
Silence
Je t’aime silence
Mais tu me paralyses
Et
Tu me rends plus
Fou que je le suis
Déjà
Bruit
Bruits
Vous me manquez
Au même moment, Caroll était assis dans un boeing 747. Poussé par les quatre énormes réacteurs, les centaines de tonnes se moquant de la pesanteur, il s’envolait pour douze heures de vol ininterrompu entre Paris et Osaka (Kansaï). Douze longues heures assis, privé de ses chères Camels à survoler près de la moitié de notre planète pour retrouver le pays du soleil-levant_ ça c’est de la migration !_ douze heures sans toucher terre. Il pensait : « pourquoi vais-je si loin ? Pourquoi vais-je au Japon ? » Il se frottait nerveusement les mains comme s’il se les lavait...
Quelques instants après, nos mains avaient cessé temporairement leurs activités sensuelles. Elles étaient alors occupées à tenir une cigarette. C’est moi qui avais envie de dire « pourquoi… ? » Mais rien ne sorti sauf : « aimes-tu la poésie ? »A ce moment-là je ne la regardais pas. Mais sans hésiter elle répondit : « oui ». Je fus agréablement surpris de cette réponse. Car, même étant entouré de littéraires et de lettrés, peu d’entre eux aiment vraiment la poésie. Du moins, personne ne me la dit avec autant de conviction et de spontanéité ! Je me retournais alors vers son visage. Et, posant mes mains sur ses genoux, je la regardais fixement dans les yeux. Ceux-ci d’ailleurs ne me fuyaient plus. Ils étaient fixés dans les miens ; si bien que je me disais que nous devrions voir l’intérieur de nos cerveaux. Je n’étais pas loin de la vérité ! Pourquoi…amour…hasard…
Depuis que nous nous étions rencontré, pour la première fois, le week-end précédent, nous n’avions pas cessé de remarquer que nous pensions la même chose au même moment. Alors que nous ne nous connaissions que depuis une dizaine de jours, à échanger quelques mots dérisoires sur Internet et une vague image procurée par nos web-cam. Mais ces mots, pleins d’humour noir, acides et douteux, nous réunirent rapidement dans un délire commun.
« Vas au fond de tes pensées ! » me dit-elle soudainement. Mais, je ne retrouve pas mes pensées ; je ne les identifie pas, plus. Et j’ai peur. Peur de toi, de moi et de l’amour. « Et toi, quel est le fond de ta pensée ? » Mais en guise de réponse, je n’eu qu’un tremblement nerveux de sa jambe droite _ qui en disait long… mais qu’est-ce qu’il disait ? _ et une de ses main qui alla à sa bouche : encore un signe de nervosité. Cela me donna, d’ailleurs, un prétexte pour toucher cette main gauche et la lui masser. J’étais, sinon plus, tout aussi nerveux qu’elle. Mais cette nervosité ne me frustrait pas autant que celle du week-end dernier. Car je l’hébergeais alors ; mais là c’était son tour.
Alors, les motifs, à moitié abstraits et à moitié floraux, de ses rideaux me parlèrent. Ils m’inspirèrent _ Mais l’ai-je dis ou seulement pensé ? _ « tu sais que » je t’apprécie. Et tu sais combien j’aime rire avec toi _ depuis le temps que je ne ris plus _ nous nous comprenons si bien. Il serais dommage, ne trouves-tu pas, que nous gâchions cette alliance magique, cette fièvre frénétique qui nous enivre. La passion ne dure que si l’on ne la gaspille pas. Et, cela dit, j’ai souvent envie de te prendre dans mes bras pour te rassurer et te réchauffer… »
Montmartre-Marches
Froid dans mes bras chauds
Le cœur s’emballe frissons
Tes cheveux caressent mon visage
L’hiver parisien furieux
Laisse transparaître quelques rayons
De soleil sur la gare du nord
Astre froid
Caroll avait froid. Il se couvrit avec la couverture que l’on distribue dans les aéroplanes pour les longs courriers. Le 747 volait à près de 1000 km/h entre St Petersbourg et la Lune claire. Il pensait : « nous ne sommes pas loin de Kiev ».Il pensait à Léna, sa presque-sœur. Il ne la verra pas cet hiver. Il va lui falloir attendre le moi de juin. La nervosité, de découvrir un nouveau pays et par la même un nouveau continent, l’empêchait de trouver le sommeil. Une japonaise, à côté de lui, fini par prononcer, à son endroit, quelques mots en anglais. Mais, sans l’écouter, il pensait : « pourquoi vais-je si loin ? » Il sait bien qu’il adore cette culture nippone et les traditions extrême-orientales, mais… Quelques heures plus tard, Caroll se réveilla d’une somnolence et ouvrit le store du hublot. Sous lui, que du blanc ; dans le noir de la nuit éclairée de lune, le plateau du Tibet ! Il eu une pensée pour le Dalaï-Lama. Lhassa, la ville où, tous les prophètes ont sûrement du se rendrent pour devenir prophète… Il commanda une petite bouteille ; du vin rouge de cahors. Alors qu’il avait trouvé ce vin infect dès la première fois ; mais il était certainement le vin « supérieur » à bord de cet appareil.
Je finissais ma bière pour cacher mon embarras d’en avoir trop dis. Moi, assis, plutôt vautré sur le canapé ; face à la table du salon. Soizic, posée en tailleur tel Bouddha en méditation, tournée vers moi ; vers mon profil droit enfonçait son regard dans la peau de mon visage et de mon cou. Je buvais à l’aide de ma main gauche et la droite était entrain de se balader sur le genou droit, replié, de mon amie. Ma passion quasi-maniaque pour les mains et les articulations s’exprimait pleinement et se débridait. Des frissons parcouraient mon corps. Parfois ils opéraient sur mon crâne, parfois sur mes bras, le long de mes jambes, ou descendaient, vertèbre par vertèbre, de ma nuque à mes reins.
Cette fois ce n’est plus le rideau, mais le chat noir qui me parlait. Depuis l’autre bout du salon il me lançait, avec ses yeux persans : « que vous êtes compliqués, vous les humains ! »Je le regardais avec l’œil grand ouvert. Je savais qu’il devait penser secrètement : « ne me pique pas ma femelle-maitresse » ou quelque chose dans ce goût-là. Je me sentais perdu tout d’un coup. Et je pensais : « heureusement que Alexandra, ma souris bleue, ne m’a pas accompagnée. » Nous discutions à ce moment-là ; de choses banales et drôles. Défiant le greffier et profitant de la bonne humeur environnante je déplaçais ma menotte droite du genou plié de Soizic vers sa nuque cachée. Ma main découvrit alors une place douce et tendre. Le matou, vexé, s’en alla. Je commençais par masser cet endroit capital. Ayant remarqué une légère tension, due à la durée de notre après-midi et début de soirée, je massais de plus-belle. Puis mon massage se transforma en caresses effleurées, ce qui fit revenir le minet-jaloux. Cette fois, il se posta au sommet du dossier ; juste entre nous. De son regard pénétrant, il me faisait bien comprendre qu’au moindre faux-pas il assaillirait. Il me donnait la chair de poule. Je me remis donc à masser, frustré. Soizic n’était plus gênée, et je sentais que nous commencions à être sur la même tonalité. Mais une pudeur ambiguë régnait encore. Mais l’ambiguïté que nous vécûmes dès lors était exquise.
L’odeur de ta peau
Et celle de tes cheveux
Puis une émotion charmante
Venant de sous les draps
La douceur de ta peau
Et celle de tes caresses
Puis la délicatesse de tes lèvres
Sur ma peau usée
Le son étouffé de nos voix
Et celui de nos rires
Puis un silence complice
Nous flottions légers
La vision de ton visage dans l’ombre
Joli rude stricte et tendre
Tant d’émotions
Trait fins et gracieux
Photographie
Caroll se demandait s’il l’aimait encore. Aimait-il ? Qui aimait-il ? Depuis leur séparation, il y a huit mois, les questions le harcelaient. Pourquoi aimer ? Pourquoi continuer ? Pourquoi vivre en musique ? Fatigué il s’endormi.
Comment ?
Tard, la fatigue aidant, les choses prirent une autre tournure. Dans nos têtes, la certitude d’un dur lendemain. Peu de sommeil : levé prévu à 05 :17. La lenteur délicieuse de l’évolution de nos rapports…et surtout…
Encore un repas ! Caroll n’y comprends plus rien dans les décalages horaires. Les japonaises, à côté de lui, dorment toutes les deux. L’une des deux le séduisit à un moment du vol, juste son profil gauche ! Mais est-ce l’amour ou l’amitié qui le guide vers une contrée si lointaine ? Au fond de lui il a toujours su, mais... Mais pense-t-elle la même chose ? L’avion connaît quelques secousses. Tout le monde stresse un peu. Mais, Caroll, lui, se dit que, tant qu’à mourir, ce n’est peu être pas si mal de mourir en essayant d’aller au Japon : ce pays si étrange, peuplé de gens si extraordinaires ! Non ? Si ! Il en est convaincu. Donc, pour lui, les turbulences se passent avec un sourire constant aux lèvres. De manière à apparaître, si le cas se présentait, heureux devant Dieu. Même panthéiste, zen et épicurien ; Caroll n’en est pas moins et avant tout un catholique endurci.
Que va-t-il trouver à l’arrivée ? Comment ce pays se présente-il pour les « gaï-jin » ? Il rassemble quelques souvenirs de langage japonais. « Sumimasen », « ogenkideska ? » « Konichiwa », « saïonara », « itadakimass », « gochisosama deshita », « gambatte ne », « oki o tsukete », « ikimashô », « mata nochihodo », « oishii », « arigato gosaïmas » « sugoi ! »…, il se souviens de certaines règles de conduites : faire du bruit en buvant et en mangeant (en particulier pour le « sado »), parler distinctement même si c’est en anglais…ne pas trop montrer ses pieds, surtout la plante… il cogite et stresse pas mal… pais est étrangement détendu physiquement.
Puis, soudain, en regardant par le hublot, il cru apercevoir les côtes de l’archipel tant attendue…
Pas envie de s’arrêter
Non je veux continuer
Cette vie
Cette vie qui m’est si pénible pourtant
Que ce soit Dieu lui-même
Qui me barre la route si trop encombrant
Je suis pour rester indemne
Lucide
J’attends que le monde bouge
Que les ombres dansent
Soizic, changea d’attitude à partir de cet instant. Elle me dit : « puis-je faire quelque chose ? » Très troublé, je ne répondis pas. Et, au lieu de prendre le risque de dire quoique se soit ; j’engageais le débat sur un sujet d’humour noir à propos des noirs. Je savais, cependant, qu’elle n’était pas dupe. D’autant que, présenté comme cela, ça sentais le : « puis-je t’embrasser ? » Et, lui ayant avoué, préalablement, que pour moi, la différence entre l’amitié et l’amour résidait, simplement, dans le fait de se « baiser la bouche » … Je redoutais le défi. Alors, puisque les préludes aux contactes physiques étaient avancés, je lui touchais les mains une nouvelle fois. Mais, appréhendant d’avoir l’air absurde ; je lui pris le pied droit. Son pied droit, sous l’emprise câline de mes deux mains « dextres », tremblait et se débattait. Ce pied, ô combien parfait, me ravissait. A la suite de quoi nous risquâmes une fuite dans le monde de la dérision et de l’humour douteux : « les handicapés, c’est emmerdant et encombrant ! ! ! ». Mais sans tarder, elle attaqua derechef : « j’ai envie de faire quelque chose ! » inquiet, mais intrigué je lui demandais : « que veux-tu faire, Soizic ? » Et là, comme exprès pour m’angoisser davantage, elle ajouta : « mais si je le dis je le fais : c’est la même chose. » Là, mon sang n’a fait qu’un tour. Et je me suis dis illico : « c’est sur, si j’acquiesce, je suis cuit !!!! » mais en même temps je me suis dis : « si elle le fait, je pourrai refuser, les choses seront claires alors » … Où suis-je ? Comment le savoir ?
Non, ce n’est pas le japon. Le Boeing approche de la Corée. Les turbulences sont toujours présentes. Mais, Caroll n’y prête pas attention. Il pense que sa vie va changer bientôt. Les séparations amoureuses sont les choses qu’il redoute le plus. Comment la tristesse peut-elle le rendre si inspiré et tellement paisible ? Changer de femme, changer de continent, changer d’heure, changer de nourriture …
C’était, apparemment, l’heure du petit déjeuner, on proposa à Caroll soit de la « ice-cream », soit des « ramen » : il choisi la soupe chaude et revigorante. Pendant qu’il ingurgitait ses nouilles et sa soupe chaude, ses voisines nippones dormaient toujours à points fermés. Il pensait à Bérénice. Il se disais à voix presque haute : « comment la vie a-t-elle pue me mener jusque là ? » Il relisait les exploits de son père lors du « desert-cup » en Jordanie…épaté, il se dit : « je vais me remettre à courir en rentrant en France ; quoiqu’il en soit avec mon psyché. » {Il pensait à la rupture. Il savait que rien ne serais ni épargné, ni sauvé}.
Mais les « ramen » lui firent reprendre du poil de la bête. Il regarda avec amusement les aventures de « Mr Bean » sur le petit écran de la cabine de l’appareil. Et il rigole. Il fait même parti des rares à rires : l’humour anglais déplait-il aux japonais ?
Soizic se repris, et insista : « j’ai envie de faire quelque chose avant de dormir. » Je senti alors que j’étais au pied du mur. Mon visage se durci, à tel point qu’elle m’en fit la remarque. Mais je ne pouvais accepter sans rien dire. Mais elle insista : « le temps pour votre réponse s’écoule » je rétorquais : « mais, que veux-tu ? Dis-le moi ! … » Que nenni, elle me répliqua : « allé, sur un coup de tête ; qu’est-ce que tu dirais ? » J’avoue qu’à ce moment-là je me senti piégé. Que ne ferais-je pour une charmante femme ? Et je dis : « oui » Et, à mon plus grand étonnement ; elle me fit un tendre baisé sur ma joue droite. Je fus soulagé pour le restant de la soirée, qui, d’ailleurs s ‘achevait.
Mais soulagé. A tel point que je prendrais mes aises plus tard…
Caroll fini ses « ramen » et commanda une Heinekein, car il savait que son régime des deux semaines à venir serait à base de « Asahi ». Bref, il ne préférait pas penser. Il était en état de grâce ; à attendre que vienne vers lui le lieu vers lequel il allait. Etonné d’avance. Les nipponnes se réveillant, le réconfortaient en faisant part de leurs voyages en Europe. L’une avait visitée la France et les pays limitrophes des frontières Nord. L’autre avait atterri en Hollande pour découvrir le « H » .Et, ultérieurement, elle avait exploré le Sud. Les îles, que Caroll connaît bien, de la Méditerranée (Chypre, Crète, Corse, Sicile...) . Caroll alla se rafraîchir et se frotter les dents. Il s’assoupit à nouveau.
Ta voix me manque
Tes douces caresses et tendres baisers
Mes obsessions bien présentes
Mais confuses concentrées con
Mon canif trancherait bien la chair de mes poignets
Mais comment jouer du piano après
L’aiguille de ma boussole
Tourne est devenue folle
Tes douces caresses et tendres baisers
Me manquent comme ta voix
Mais vint le moment fatidique. Où, après les ablutions du soir, nous allâmes nous coucher. Je devais dormir dans la pièce de l’ordinateur. Là où je vois Soizic les soirs de « visio ». Après ma prière du soir ; je combattis le greffier qui grattait autour de mon plumard. Je cherchais, dès lors, le sommeil. Mais ne le trouvais pas : Morphée était cachée dans les méandres inexplorés de mon cerveau.
L’appareil, débuta sa lente descente au-dessus de le Mer du Japon. Il chutait lentement, filant dans l’air, comme un oiseau de proie.
Soizic, dormais près de moi dans sa chambre. Les portes étaient toutes ouvertes. J’avais envie de me lever et, comme dimanche dernier, je voulais aller m’allonger à ses côtés pour l’embrasser. Et soudain, alors que je luttais pour rester en place, je vis apparaître sa tête, penchée, par la porte.
Caroll, pouvait voir les côtes japonaises. L’avion étant passer sous les nuages, on apercevais les montagnes sur lesquelles sont dessinées les cultures de riz en pallier.
Je levais ma tête hors des couvertures. Et dis : « ça va, Soizic ? Veux-tu quelque chose ? » Elle me répondit : « je n’arrive pas à dormir ». - « Moi non plus ».
Soizic vint vers mon lit et s’accroupissant auprès de moi dit : « Si je ne te le demande pas ; j’aurais des regrets… veux-tu venir dormir avec moi.»
L’avion poursuivait sa majestueuse descente. La morphologie des ailes s’y adaptait. Caroll commençait à angoisser à l’idée de la retrouver. Mais heureux de les retrouver.
Je me levais donc et nous nous dirigeâmes vers sa chambre. Nous nous allongeâmes dans son immense lit. Face à face, moi sur mon côté droit et elle sur son côté gauche, nous nous regardions dans le noir. Nos mains s’unirent. Mes lèvres glissaient suavement sur la peau douce du dos de ses doigts. Puis, elle se mit sur le dos. Mon bras gauche serpenta sur son ventre et enlaça sa taille. Sa main droite caressait ce bras-ceinture. Mon autre bras s’était insinué sous son cou, et était caressé par ses cheveux.
L’aéroport-île d’Osaka est en vue. Caroll sent le train d’atterrissage qui sort du ventre du jet. Le sol asiatique se rapproche rapidement. Ca y est les roues touchent le tarmac les réacteurs s’inversent, la décélération est violente : l’instant paraît infini. Mais, bientôt l’avion roule gauchement en direction du terminal et s’immobilise. Caroll se détache, se lève, remet son trois-quarts en cuir noir et sort enfin de l’avion et en arrivant dans le hall il fume frénétiquement une Camel.
Dans mes bras, Soizic s’endormie paisiblement. Mon corps étais détendu, mes jambes, contre les siennes, s’abandonnaient : il me semblais que je volais, nous étions en apesanteur ! Je ne tardai pas à la rejoindre dans le monde étrange des rêves.
_ s’adapter _
Douceur
Douleur
Matthias Desmoulin-Catonnet
Je remercie :
- La musique de Philip GLASS : Koyaanisqatsi
- La voix de Lisa GERRARD : Duality
- L’amitié de Soizic