L'immigrée à la chaussure blanche 3

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Tiens, ma voisine n’arrête pas de m’appeler la petite immigrée. Je lui ai pourtant dit mon prénom. Mais elle n’en a rien à faire ! On dirait qu’elle prend du plaisir à m’appeler ainsi.

Le jour de l’achat de notre maison, nous avions fait le voyage avec le camion de meubles, alors même que nous n’avions pas encore signé la vente. Guy le propriétaire, était si gentil d’accepter que nous garions notre camion dans sa cour. C’était un jour merveilleux !

Nous montâmes à La Madeleine chez le notaire : la vente se passa bien ! Cela montre la passion que j’avais à m’installer dans ce village. J’avais passé des nuits sur internet pour trouver une maison qui corresponde à notre famille et surtout à l’activité de mon époux. Il fallait aussi tenir compte du budget ! Ce n’était donc pas possible de trouver quelque chose pas loin de Paris où était basé la clientèle. Pourtant, le lendemain de notre déménagement, voyant que tout le monde guettait par les fenêtres, j’avais choisi ce jour-là d’enlever les petites herbes qui avaient poussé le long du trottoir. Histoire de me montrer aux passants qui revenaient avec une baguette à la main. Déjà, depuis que j’ai déménagé de Paris pour habiter ce village, j’ai tout fait pour garder la banane parisienne. Bonjour par-ci, bonjour par-là. Aucune réponse. Que fallait-il faire ? A paris, l’on court pour ne pas rater le métro. Nos vies sont chronométrées. Et ça je leur ai dis là bas que je ne pouvais pas passer ma vie à courir. J’ai tout fait pour m’intégrer : je mangeais les produits du terroir au Grand Cerf*, je fêtais mon anniversaire invitant les voisins du périmètre, personne ! Que faire ? Guy était le magnifique de ce village. Je crois que sa tête est grande comme la vieille église du village ! Il m’a vraiment marquée.

J’étais persuadée de m’intégrer. Je discutais avec les gens. Je leur forçais un peu la main voyant qu’ils gardaient leur distance...

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