L'immigrée à la chaussure blanche 6

lenfant-du-pays

Comme d’habitude, une autre sœur veut prendre les nouvelles. Je réponds par un bref tout va bien, mais elle me fait une remarque : « tu parlais toute seule » !  Souvent ça arrive quand rien ne va ! « Mon Dieu, que tu as maigri » ! S’exclame-t-elle.

J’ai honte de ces propos et une peur m’envahit. Le SIDA, ce fléau dont on parle tant ! Serais-je atteinte ? Il faut que je me défende.  Je lui rappelle que ce n’est pas le lieu ni le moment. Elle ferait mieux de passer nous voir à la maison.

D’ailleurs, personne ne vient plus me voir dans ma misère, personne ne savait vraiment ce que je vivais, je ne le racontais pas.

Toutes ces gens qui affluaient quand tout allait bien, toi qui, par ricochet étais devenu le chef de famille. Toi qui résolvais tous les problèmes familiaux, et sans t’y attendre, avais de la visite, tout à coup, tout bascule et plus personne !

Tu étais concerté pour toute décision. Ils ont certainement entendu parler de la chute, il y a longtemps que tu ne les intéresses plus.

Et pourquoi je lui aurais raconté les détails, puisse qu’elle connaissant sans doute déjà l’histoire.

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