L'immigrée à la chaussure blanche 7
lenfant-du-pays
Je lui dis à bientôt !
J’achetai deux vers de riz à cent francs, de l’huile de palme de cinquante francs, une boîte de concentré de tomate de cinquante et quelques harengs fumés à cent francs.
J’étais contente de leur faire du riz sauté parfumé de ce poisson que j’avais minutieusement levé.
J’étais seule, je me sentais seule !
Un jour, monsieur eut l’amabilité cette fois de me laisser 1000 cents francs au chevet du lit, ce fut la fête. Le calcul fut vite fait. Je me lavai avec la joie de pouvoir acheter cette fois, un demi-kilo de viande. Mais c’était déjà ça, nous allions manger de la viande.
Je vis enfin la joie des enfants. Il me resta même 25 francs, que je complétai pour le prochain marché ; pour acheter du sel, du pétrole et du savon.
J’avais le devoir de lui servir à manger sachant qu’il ne rentrerait pas. Je passai encore une nuit seule avec mes enfants qui avaient bien mangé et qui se jetaient sur moi comme pour me remercier. J’étais heureuse de les voir joyeux. Je les pris dans mon lit pour nous réchauffer et nous sentir souder. Je les rassurais de ma présence en leur donnant l’amour dont ils avaient besoin.
Quand pouvaient s’ajouter des maladies telles que le paludisme, car le quartier marécageux, était peuplé de moustiques. Et bien que veillant sur la propreté des enfants, du linge et de la maison, pour éviter diarrhées et gale, j’utilisais de l’eau de Javel. Et parfois, je manquais d’argent pour consulter un médecin et je me contentais de leur donner des cachets vendus à la sauvette.
Ce fut mon quotidien pendant des années.