L'inconnu

leeman

Les yeux ouverts, mais sans voir ;
On se perd toujours dans le monde.
Les mots dessinent la pensée,
l'évolution de chacun parmi l'autre.
Cet autre, inconnu presque familier,
qu'on côtoie par les corps mais qu'on ignore par l'esprit,
est un mystère pour tout sujet.
Rien de cet autre ne nous atteint sinon son regard ;
c'est qu'il est parfois virulent, parfois tendre,
et qu'il effraie les plus sensibles.
Le regard joue beaucoup dans ce premier rapport à l'autre :
il est la première manifestation de ce que pense autrui de nous.
Il est comme un jet de haine ou d'acceptation :
un regard froid concrétise le rejet,
un regard chaleureux concrétise l'empathie.
Deux émotions si distinctes proviennent d'une seule et même chose :
l'œil.
Et le visage est d'une grande aide pour savoir ce que pense l'autre.
Il est la couverture du livre que nous sommes,
que notre âme raconte.
Sans rien savoir de cet autre, on peut déjà le repousser ou l'accepter.
Le regard, le sourire, les plis du visage...
Tant de choses pour montrer l'émotion qui nous guide ;
tant de choses pour dévoiler le fond de notre pensée.
Qui êtes-vous ? Des corps ;
sans que je ne puisse y connaître vos âmes.
Et c'est ce qui, finalement, me rend triste.
Que nous ne sommes que des corps qui se côtoient,
dont les regards se croisent, se cherchent, se fuient.
C'est ainsi que les mouvements du monde se font,
c'est ainsi que les êtres se défont.
On se croise, et "c'est tout".
N'est-ce pas triste d'être voué à l'inconnu ?
Ou devons-nous plutôt nous réjouir de tous ces mystères en l'autre ?
Il est vrai que je nage, lors de mes ballades, entre joies et regrets.

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