L'inconnue de la B.U.
le-maitre-de-la-mort
Mardi soir, 20h, la nuit assombrissait le ciel derrière les fenêtres de la bibliothèque. Le bruit des stylos sur le papier accompagnait les étudiants dans leurs révisions. Ecouteur dans les oreilles, chacun d'eux avait le nez plongé dans son cahier.
Se levant de son fauteuil, un jeune homme déambula dans les rayons, ses lunettes tombant légèrement sur son nez. S'engageant dans la rubrique Mathématiques, il laissa ses doigts errer sur les livres. Il retira celui qui l'intéressait et retourna à sa place. Le jeune homme s'écroula à moitié sur sa chaise, exténué. Perdu dans ses pensées, il compta silencieusement à quand remonter sa dernière heure de sommeil.
42h
Il regarda ses feuilles, ses pages noircit par l'encre. Est-ce que ça valait le coup ? Pourquoi continuer ? Il avait des projets mais il se demandait si ça valait le coup de se donner autant de mal. Il avait tellement de mal à suivre et la fatigue constante lui pourrissait toujours la santé.
D'un coup, comme un appel du destin, il sentit une odeur.
Son odeur.
Vous savez cette odeur qui vous rappel une personne. Un mélange sucré de parfum et de fraîcheur. Il pouvait la reconnaitre parmi toute les autres.
Une longue crinière rousse ondulait, d'élégantes lunettes ronde encadrant des yeux d'un bleu incroyable, un nez fin surplombant des lèvres habiller d'un sourire constant, elle était simplement belle. Jamais notre jeune étudiant n'avait croisé une fille aussi jolie. Elle leva ses magnifiques prunelles sur lui ; il esquissa un sourire en rougissant de gêne. Elle lui rendit, échangeant pendant une seconde un instant de bonheur intense, puis elle reporta son regard sur son travail.
* * * * *
Elle s'appelait Malaury, âgée de 20 ans, elle travaillait tous les soir au fast food du coin pour pouvoir aider ses parents à payer ses études. Elle voulait devenir architecte d'intérieur, et pour ça elle était prête à supporter les regards instants, les remarques ambiguës ou encore les contacts trop prononcés que lui imposait la clientèle masculine. Malheureusement, dans la rue elle le subissait aussi. Coquète et passionné de mode, elle m'était un point d'honneur à toujours être bien habiller. Mais certain devait penser que c'était juste pour provoquer.
C'est pour toutes ces raisons que notre jeune Malaury aimait se réfugier à la bibliothèque après le boulot. Là-bas personne ne la regardait d'un air hautain, la déshabillant du regard. Elle s'asseyait toujours à la même table, en face de la même personne. Un jeune homme discret qui lui souriait à chaque fois que leurs regards se croisèrent. Elle l'aimait bien. Parce qu'il la regardait dans les yeux, même quand ces derniers étaient cernés.
* * * * *
Notre jeune étudiant alla reposer le livre et se prépara à partir. Il jeta un regard furtif à la jeune fille qui partageai sa table. Il voulait tellement lui dire mille et une choses, mais c'était impossible. Prenant son courage à deux mains, il sortit une feuille de son sac et griffonna un petit mot.
* * * * *
Malaury sentit un regard pesé sur elle. En relevant la tête, elle fut surprise de découvrir son voisin, mais surtout étonné de son regard. Il était doux et sincère. Ils restèrent ainsi quelques secondes, ça semblait si simple. Juste un échange de regard, sans sous-entendu, sans avoir l'impressions qu'il le prendrai de travers. Puis il lui tendit, d'une main hésitante, un morceau de papier pliée en deux. Fronçant les sourcils, elle le prit et le déplia :
« Je suis muet,
mais je voulais que vous sachiez à quelle point je vous trouve mignonne »
Malaury fut touché de cette attention, la plus sincère qu'elle n'avait jamais reçu. En relevant les yeux pour le remercier, il avait profité de sa lecture pour partir.
Elle ne cessa pas d'y penser dans les jours à suivre, se surprenant même à le chercher du regard quand elle allait travailler. Mais elle ne le retrouva pas.
Jusqu'au mois d'après.
Il était là, assis en tailleur sur sa chaise habituelle, courbée sur son travaille, concentré ses feuilles.
S'asseyant en face, il sembla ne pas l'avoir vue. Sortant une feuille, elle le regarda pendant un moment. Bien qu'elle eût pensée qu'un tel moment pouvait arriver, elle n'avait pas décider comment réagir. Mais sa main écrivit toute seule les mots qui la démangeait depuis tous ce temps. Lui tendant le papier, il releva enfin son regard, un regard étonné et fatigué. Prenant le morceau de papier, il le lut silencieusement :
« Tu m'avais manquée »
Ainsi commença une très belle histoire entre deux inconnues.
Une belle histoire entre deux inconnus et une bien belle histoire, tout court.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé