L'incroyable nuit de Nicolas.

doleig

L’incroyable nuit de Nicolas.

 

Nicolas marchait dans la neige avec beaucoup de peine. La nuit venait de tomber et ce paysage lui était inconnu. Cela faisait un petit moment déjà qu’il se sentait perdu. Mais à présent, il en était certain. Bon sang, mais que lui arrivait-il ? Jamais il n’aurait dû être dans cette fâcheuse situation le jour de son anniversaire ! Sa famille et ses amis étaient déjà en train de l’attendre en ce moment. Mais Nicolas savait qu’il n’était pas prêt de souffler ses trente bougies de sitôt, s’il ne retrouvait pas son chemin.

Non seulement Nicolas était perdu, mais il avait aussi très froid. La neige n’avait cessé de tomber depuis des heures et cette petite expédition n’était pas prévue. Il n’était donc ni équipé, ni vêtu pour affronter le froid glacial.

Mais ce qui lui redonna espoir, fut d’apercevoir au loin les lumières d’un petit village. Il lui suffirait de faire encore quelques mètres et il trouverait de l’aide. Ouf, la chance lui souriait ! Arrivé à l’entrée du hameau, il alla frapper à la porte de la demeure la plus proche, mais personne ne répondit. Puis soudain, un détail le troubla. Il prit conscience qu’il n’y avait absolument aucun bruit autour de lui. Il se retourna, scrutant partout à la fois, dans l’espoir de surprendre quelqu’un et de se sentir alors moins seul, car il commençait à avoir peur. Son ventre affamé le fit sursauter et la faim remplaça la peur pour un petit moment. Il décida malgré ses bonnes manières, d’entrer dans ce logis. S’il ne trouvait personne pour lui venir en aide, peut-être trouverait-il alors un peu d’eau, de nourriture, et de quoi se réchauffer. Il ne fut pas déçu en découvrant du pain frais et un pichet d’eau sur la grande table en bois de la cuisine. Ce petit repas allait lui redonner des forces et un peu de courage. Bien malgré lui, après son petit festin, il partit à la recherche d’un manteau ou d’une couverture qu’il pourrait emporter avec lui et qui l’aiderait à supporter le froid et à poursuivre son chemin. Il était mal à l’aise de fouiller ainsi chez des inconnus en leur absence, il avait l’impression d’être un voleur. Mais il se fit la promesse de rapporter du pain et le coupe-vent qu’il venait de trouver, dès qu’il le pourrait. Ses trouvailles venaient vraiment de le revigorer. Il en vint même à esquisser un petit sourire. Quand tout à coup, il entendit un bruit juste derrière lui. Un frisson lui parcourut tout le corps, mais il réussit à se retourner. Et là, stupéfaction ! Nicolas se demandait s’il n’était pas en train de rêver ou d’avoir une hallucination à cause du froid et de la fatigue. Car en effet, Nicolas se trouvait face à une fée. Une toute petite fée qui semblait à la fois un peu effrayée, mais aussi et surtout très curieuse. Après avoir sursauté tous les deux en se voyant, ils semblaient tous deux amusés par cette situation. Nicolas prit alors la parole.

« - Bonjour mademoiselle, je m’appelle Nicolas. Vous êtes une fée c’est cela ?

- Bonjour Nicolas, moi, je m’appelle Hanna, et je suis bien une fée. Je vis dans la forêt, mais je viens très souvent à la rencontre des villageois. Je m’y suis fait de formidables amis.

- C’est fantastique ! Tu vas pouvoir me dire où ils ont tous disparu alors ! s’exclama Nicolas plein d’espoir. Je suis perdu et il faut que je réussisse à rentrer chez moi le plus rapidement possible.

- Euh… Et bien… hésita la jeune fée, je crains de ne pouvoir t’aider…

- Quoi ? Tu ne sais pas ce qu’il se passe pour que tous les habitants aient disparu ? Rétorqua-t-il soudain paniqué.

- Toute la population a été frappée par un mauvais sort que la méchante sorcière de la forêt interdite leur a jeté, répondit Hanna au bord des larmes.

- Quoi ? Mais quel sort ? demanda Nicolas, inquiet.

- Et bien, après avoir confectionné une de ses potions magiques, elle a ensuite récité une incantation pour rendre tous les habitants aussi petits que moi ! Mais les pauvres, ils n’ont pas l’habitude, et surtout, ils ne savent pas voler comme je sais le faire ! Et le pire, poursuivit Hanna, c’est que la vilaine sorcière les a tous transportés dans la forêt interdite. Et il ne s’agit pas de la jolie et paisible forêt dans laquelle moi je vis. C’est la forêt maléfique où vit cette saleté de magicienne et ses affreux compères qui nous jouent toujours de très mauvais tours. J’ai très peur que tous les pauvres villageois ne s’en sortent pas s’ils ne retrouvent pas leur taille initiale rapidement…

- Mais c’est horrible… Les pauvres… Il faut absolument leur venir en aide ! Dis-moi, que faut-il faire pour annuler le mauvais sort ?

- Il faut résoudre l’énigme posée par la cruelle sorcière. Mais toutes mes amies fées et moi n’avons toujours pas trouvé la bonne réponse, et le temps passe…

Donne-moi l’intitulé de l’énigme, je vais essayer moi aussi ! Peut-être qu’en réfléchissant ensemble, nous allons finir par découvrir la solution.

- Oh oui, d’accord ! Tu as raison, faisons cela ! s’écria Hanna alors tout excitée. Voici l’énigme.

Hanna lui tendit un parchemin sur lequel était inscrit tout un tas de lettres…

RQWT FGNKXTGT NGU XKNNCIGQKU, KN HCWV TGRGVGT VTQKU HQKU « CDTCECFCDTC UCRGTNKRQRGVVG VQODGTC ».

- Mais ça ne veut absolument rien dire ! C’est un véritable charabia ! Protesta Nicolas.

- Oui, mais c’est tout ce que l’on a pour sauver mes amis et le reste des villageois…

- Très bien, je vais y regarder de plus près. Il faut que je parvienne à déchiffrer ce message !

Nicolas fronça les sourcils et se pencha attentivement sur la fameuse énigme.

De longues minutes passaient… La petite fée avait très peur pour les habitants du village et pensait à ses camarades coincés dans la forêt en étant si minuscules… Il pouvait leur arriver n’importe quoi… Hanna s’efforçait à ne pas y penser pour se concentrer sur le mystérieux parchemin, en vain. Elle regarda par la fenêtre emplie de tristesse, et vit que la neige tombait toujours sur le village.

Quand tout à coup, Nicolas poussa un cri assourdissant.

- J’ai trouvé ! J’ai trouvé ! cria-t-il.

Il sautait partout à travers la pièce. Il était fou de joie.

- Dis-moi, dis-moi la solution ! Et explique-moi comment tu as fait pour déchiffrer un tel baragouin !

- Et bien, en fait, je me suis aperçu que la sorcière a utilisé un code spécial pour écrire son message caché. Elle a déplacé l’alphabet de deux rangs.

- Euh, sois plus précis s’il te plaît, je ne comprends pas, sollicita Hanna.

- Je t’explique. En décalant l’alphabet de deux rangs, la lettre A devient la lettre C, la lettre B devient la lettre D, la lettre C devient la lettre E, etc. Tu as saisi ? questionna alors Nicolas.

- Ah oui, d’accord, c’est bon, j’ai compris, merci Nicolas. Mais décidément, elle n’a rien fait pour nous faciliter la tâche cette maudite sorcière ! Mais alors, quel est le message ?

- Oui, voilà, regarde, je te montre.

POUR DELIVRER LES VILLAGEOIS, IL FAUT REPETER TROIS FOIS « ABRACADABRA SAPERLIPOPETTE TOMBERA ».

- Saperlipopette ! C’est le prénom de la sorcière ! C’est une formule qui annule les maléfices qu’elle lance sur les innocents. Génial, récite-la trois fois ! S’écria Hanna, impatiente.

- Non, ce sont tes amis et leur famille qui sont en danger, c’est à toi d’avoir l’honneur de les libérer. Vas-y vite. »

Après avoir remercié Nicolas de sa gentillesse, la petite fée répéta le message trois fois, bien distinctement. Et là, en un instant, un épais brouillard noir envahit la pièce. Nicolas et Hanna ne voyaient plus rien et commençaient à étouffer. En quelques minutes, ils perdirent connaissance.

 

Nicolas fut réveillé par un couple de vieilles personnes qui l’entouraient comme s’il était un oisillon tombé du nid. Puis il fut assailli de questions.

«  - Vous allez bien ? Comment vous sentez-vous ? Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Peut-on vous aider ? Que faisiez-vous dans notre maison ?

Nicolas eut du mal à prononcer ses premiers mots. Il répondit néanmoins en toussotant.

- Euh… je crois que ça va aller… Mais attendez, vous allez bien vous ? Vous vous en êtes tous sortis dans le village ? Vous n’avez pas été blessés dans la forêt interdite ?

Voilà maintenant que c’était au tour des deux vieillards d’être bombardés de questions. Mais ils regardaient Nicolas comme s’il avait perdu la tête. Ils ne comprenaient pas du tout de quoi il était en train de leur parler.

Nicolas se rendit compte que les deux villageois ne se souvenaient de rien du tout. Il se demandait comment cela était possible. Il courut jusqu’à la fenêtre et s’aperçut que dehors, la vie du village semblait avoir repris son cours comme si rien ne s’était passé. Mais il n’avait quand-même pas rêvé ? Il n’avait pas pu inventer tout ça… La sorcière, la forêt interdite, le mauvais sort, le mystérieux parchemin… Et surtout Hanna, son amie la fée !

Il était complètement perdu et voyait bien qu’on le prenait pour un fou qui avait dû se cogner la tête bien fort pour raconter des choses pareilles. Nicolas raconta alors aux deux personnes âgées qu’il s’était perdu dehors, dans la neige, et qu’il avait cherché du réconfort dans leur maison; et qu’il fallait absolument qu’il réussisse à rentrer chez lui, car il devait fêter son anniversaire.

Les gentils habitants lui donnèrent à boire et à manger avant de lui proposer de le ramener chez lui en voiture le plus vite possible. Nicolas s’était perdu, mais n’habitait pourtant pas très loin du village.

Nicolas reprit alors ses esprits, il avait le ventre plein, il était réchauffé et avait envie de retrouver ses proches. Il prit place dans la voiture, à l’arrière. Il se sentit soudain très triste. Il pensait vraiment avoir vécu tout ça… Il pensait vraiment avoir aidé Hanna et tous les habitants du village. Il aurait vraiment voulu connaître la petite fée… Il avait partagé une telle aventure avec elle…

Il allait pousser un soupir de mélancolie, quand il sentit un papier dans la poche de son pantalon. Il le sortit, le déplia et y lut :

 

Merci d’avoir sauvé mes amis et leur famille cher Nicolas, je ne t’oublierai jamais.

Ton amie Hanna.

PS : retourne-toi.

 

Nicolas n’hésita pas une seconde et vit derrière lui, à travers la vitre arrière de la voiture, la petite fée lui faire un petit signe d’adieu.

 

 

FIN

Signaler ce texte