Linette
Jean Claude Blanc
Linette
Son petit nom, c'était Linette
On l'appelait tête de linotte
Elle oubliait toujours quelque chose
Elle était pâle sa binette
Certes sa vie, n'était pas rose
Seule, divorcée, et deux mouflets
Idée géniale de la mairie
Lui a fourgué, un job pourri
Faire des ménages, toute la journée
Chez les petits vieux, les estropiés
Sous ses lunettes, n'était pas sotte
Pourtant, pas été aux écoles
Malheureusement pas de la haute
Servir les autres, c'était son rôle
A 50 ans, vraiment plus l'âge
De se remettre en ménage
Tellement gavée de ces sauvages
Qui n'en voulaient qu'à son corsage
Pourtant, un type, lui a bien plu
Gentil, serviable, au début
Fringué, cravate, par-dessus
Soudainement a disparu
A pris une bâche, la malotrue
N'étant du rang, des parvenus
Ses deux grands gosses à élever
Torcher les vieux, les habiller
Faire les courses pour bouffer
N'avait pas le temps de s'ennuyer
Y'en avait un, qui la zieutait
Mais pas de la première volée
Célibataire, à sa façon
Un joyeux drille, gai luron
Incorrigible, coureur de jupons
Mais la Linette, douce-amère
Toutes ces parties de jambes en l'air
Ça ne faisait pas son affaire
Car trop, c'est trop, trop d'habitude
On s'y adonne par lassitude
Fausse promesse, le gros malin
A réussi, lui faire du gringue
Juste la sauter, quand il a faim
Serments s'envolent avec la bringue
Lorsqu'on est seul, sans le budget
On doit se serrer la ceinture
L'autre arlequin, étant friqué
A fait briller, sa devanture
Fallait pas plus pour la belle
Folle, d'atteindre le 7ème ciel
Tombe tout droit dans l'escarcelle
Du fier à bras, d'envie ruisselle
Tandis qu'elle lave la vaisselle
Nouveau ménage et repassage
Fallut remettre sur l'ouvrage
Mais l'excité de la braguette
Lui, n'en avait que pour sa bête
Chaleur, tendresse des sentiments
Souvent aux abonnés absents
Petite Linette, elle a la haine
C'est pas comme ça, qu'elle veut qu'on l'aime
A force d'outrance, de négligence
Royal câlin, sans lendemain
En astiquant, son pauvre manche
Pour son plaisir, palpait ses seins
Petite Linette, prit ses liquettes
Elle s'est barrée, même bille en tête
Encore coquette, surtout pas bête
Dans un « 3 pièces », elle végète
Tout se répète dans le village
Les cancanières, font des ravages
A des relations, l'autre gigolo
Lui a fait perdre son boulot
Qui dit chômage, dit endettement
Ne viennent plus guère, ses enfants
Côté intime, c'est pas l'extase
Elle fume, elle boit, complètement nase
Pas du pays, c'est la galère
Personne lui parle, à « l'étrangère »
On évite « Marie couche toi là »
Perdu l'espoir, aucun emploi
Un soir d'ivresse, la Linette
Histoire de payer sa dette
Au monde entier, l'envoyer paitre
Elle s'est jetée par la fenêtre
Jolie, sincère, par fière, honnête
N'a pas trouvé, la bonne recette
Pour satisfaire, son cœur en quête
Bien sûr, personne, ne la regrette JC Blanc septembre 2021 (scène de vie ordinaire)
A la campagne, on en a marre des persiflages. Rien ne passe inaperçu.
· Il y a environ 3 ans ·A la ville, on en a marre de l’indifférence. On est l’inaperçu. :o))
Hervé Lénervé