L'injustice sociale, violence ou paix? Le dilemme activiste.

jeanduvoyage

Qu'est ce que l'anarchisme remis au goût du jour?

La réalité sociale est sans équivoque : une poignée d'hommes détiennent une quantité astronomique de ressources. Selon une étude de l'ONG Oxfam publiée en 2017, les 8 hommes les plus riches au monde disposent de l'équivalent de la richesse des 3,6 milliards de personnes (ici, il est aussi question de femmes) les plus pauvres, ces dernières ne représentent pas moins de la moitié de la population mondiale.

Au XIXème siècle,  les conditions de vie des prolétaires étaient un enfer. Dans les pays industrialisés, leur travail hebdomadaire était de 12 heures, leurs revenus ne leur permettaient pas de satisfaire les besoins les plus élémentaires, leur durée de vie n'excédait que rarement les 30 ans et la moitié des enfants ne passaient pas l'âge des 6 ans.

C'est dans ce contexte que Proudhon élabore une nouvelle théorie de philosophie politique : l'anarchisme, qui signifie l'absence de pouvoir. Selon l'étude de Montesquieu dans "L'esprit des lois'', toute personne qui détient du pouvoir a tendance en abuser. Il compte sur la loi de la séparation des pouvoirs pour limiter ce dernier. Il ne se doutait peut-être pas que la loi peut-être en soi un objet d'oppression. Celle-ci, mis au service des puissants, met en scène la violence légitime de l'état par le biais de la force de la police et de l'armée.

L'intention de Proudhon est de mettre un terme à ce même  système légaliste qui permet la domination de la bourgeoisie, les lois touchant à la propriété sans limite étant l'exemple le plus probant en la matière. C'est en abrogeant ces lois inégalitaires et liberticides que l'égalité et la liberté deviennent possible.

En ce qui concerne la fin de la propriété, n'y voyons pas l'absence d'intimité à notre domicile ou encore l'impossibilité de jouir du fruit de notre travail. Voyons plutôt une conception raisonnable de la propriété notamment exprimée par Locke où je ne dispose que de la terre que mains permettent de labourer. 

Le dilemme suivant se pose : la violence n'est-elle pas nécessaire pour faire tomber les privilèges? N'est-elle pas la fameuse ''accoucheuse des nations"?

Proudhon ne proposait pas une révolution armée et à juste titre. Comme nous l'avons vu précédemment la force est du côté de la bourgeoisie grâce à  son armée et sa police. Ceux-ci sont les chiens de garde de la légalité et donc de la propriété. 

Pourtant, Bakounine, autre penseur de l'anarchie, a promu la violence comme moyen révolutionnaire. Cette lutte armée a généré morts, ressentiments et a plongé l'anarchisme dans l'oubli.

D'autre part la violence doit être l'exception et non la règle, celle-ci est la pierre angulaire du fascisme. La violence n'est ni bonne pour son auteur ni pour sa victime, une société anarchiste doit trouver ses fondements dans la non-violence et cela, autant que possible. 

Aujourd'hui, le contexte social, économique et politique n'est plus le même. Nous ne sommes plus en bas de la pyramide mais au milieu et les sous-proletaire ou encore les proletaires issus des pays pauvres sont en bas de cette dernière. Voyons nous comme titulaire d'un privilège sur tout une partie de la population. Nous bénéficions de conditions de vie qui nous permettent d'éduquer nos enfants, de bénéficier de soins médicaux, de choisir notre mode de vie et de militer sur le plan politique. Ces moyens pacifistes que nous avons à notre disposition doivent être mis en oeuvre pour le bien être individuel et collectif, faire en sorte d'aplatir cette pyramide.

De manière générale les représentants politiques sont à l'image de la corruption de la bourgeoisie et de la masse consumériste, ils font d'ailleurs partie intégrante de ces populations. Pour autant, le vote refusé par les anarchistes, reste pourtant un moyen fondamental non-violent qui permet de choisir les représentants les moins corrompus possible. Cheminons doucement et peut-être élirons-nous un jour un représentant guidé par la vertu. Le rapport de force face à la publicité n'est encore pas ici en notre faveur, la publicité est un leviathan. La publicité est le moteur de la société capitaliste, militons pour ne pas s'y soumettre et de libérer la société de son joug.

Libérons-nous en acceptant l'asservissement. En vivant le salariat et en refusant l'oppression de la publicité, ma vie est simple et peu coûteuse. Le salarié, libéré du coût exorbitant de la surconsommation, peut épargner en vue d'acheter son logement et de monter une activité économique autonome ou dans la coopération. Cette soumission au salariat est la condition non-violente pour renverser, à notre échelle, le système capitaliste qui est injuste et avillissant.

Historiquement, la propagande par le fait ne s'est que trop souvent traduit par l'expression de la violence. Ici, la propagande par le fait est celle de la paix, justice sociale et environnementale.

Nous, esclave, affranchissons-nous de la propriété et de la surconsommation. Epanouissons-nous dans ce que la vie nous offre de plus simple : l'amour, les libres plaisirs du corps, la culture, l'intellect et une conscience toujours plus libre.


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