L'instant d'avant
Christian Le Meur
Une intuition, née dans la brume des songes,
S'invite sur le chemin linéaire de sa vie
Tel un cataclysme
Elle dévaste le jardin mémoire des êtres aimés
Indélébile
Elle macule le précieux inventaire de ses bonheurs accumulés.
L'impasse se fait prison.
Elle reste là,
Prostrée dans son silence
Son corps se recroqueville
Meurtrie dans sa souffrance
Dans le creux de ses mains
Elle contemple ce vide devenu sien.
Fuis ! Se répète-t-elle sans cesse
Fuis loin de tes habitudes
De ton existence, de toi-même.
Réformes !!!
L'inutile part à la décharge
Et elle charge son sac sur le dos du hasard.
Errance improbable
Elle arpente une plage balayée par un vent d'automne
Au dessus des eaux, bravant tempête
Cerclant l'azur
L'ombre d'un albatros délimite les frontières de son univers.
Au centre elle dépose ses dernières illusions
Tel un bateau ivre elles dériveront au gré des courants.
Jure lui, oiseau d'augure
Seigneur des tempêtes
Que tu n'influences pas la puissance de ces déferlantes
Elles érodent l'essence de son âme.
Soudain tout s'immobilise
Les silhouettes deviennent ombres
Et ces ombres disparaissent dans l'obscurité de la nuit.
Sa tête vole en éclat
Projetant l'inconsistance de son existence
Dans le territoire des froids polaires
Plus au sud
Là où les rayons de soleil murmurent sur les peaux nues
Des chants de tendresse
Elle imagine le rire insouciant des bienheureux
L'attirance des pulsions consentantes qui s'exhibent
Et s'unissent dans la communion des désirs.
Son regard tourmenté
Épuisé par sa propre lassitude implore cette réponse
... Qu'elle connaît déjà.
Lorsque l'effort répété mène à la perfection
L'esprit s'éveille sur la conscience retrouvée
Alors l'honnêteté du cœur ouvre les portes de l'amour
Le tumulte se fait silence
Le silence liberté.