L'intendant

My Martin

Ebih est dieu

Ebih-Il

intendant du royaume mésopotamien de Mari

Mari (Syrie), temple d'Ishtar Période des Dynasties archaïques, vers 2400-2250 av. J.-C.

sculpture, statue votive -musée du Louvre hauteur de 52,5 cm

albâtre, lapis-lazuli, coquille, bitume



Intense regard, léger sourire. Dos droit, concentration, confiante dévotion

un seul bloc de pierre

sa taille dépasse celle des autres statuettes d'orants trouvées sur le site

bel albâtre local à grain fin



Une inscription est gravée dans le dos, épaule droite

Cinq cases. Les caractères cunéiformes transcrivent une langue sémitique, propre à la région de Mari et proche de celle d'Ebla -cité prospère. Mari n'appartient pas au monde sumérien

L'inscription se lit de droite à gauche : « Ebih-Il, nu-banda, a offert sa statue à Ishtar Virile. »

Ebih-Il -lire ébi il- signifie « Ebih est dieu ». Ebih est le nom d'une montagne des monts Zagros

« Nu-banda », administrateur ou gouverneur. Charge militaire et administrative connue à Sumer vers 2100-2000 av. J.-C. : distribution des terres agricoles, gestion des offrandes dans les temples, questions militaires, rôle de premier plan dans la cité

Ebih-Il voue sa statue à Ishtar Virile, déesse de l'Amour (composante féminine) et de la Guerre (composante masculine). Ashtart / Ishtar, nom d'une divinité sémitique. Divinité mésopotamienne d'origine sémitique. Déesse de la Guerre pour les Assyriens. De l'Amour, à Ourouk et Sidon. Astarté, chez les Grecs. Déesse de la fécondité



Ebih-Il est assis, ainsi qu'un dieu ou un roi, alors que la plupart des orants de Mari sont figurés debout

Statue endommagée, les jambes sont manquantes. Ebih-Il est assis sur un cylindre en vannerie -roseaux cousus. Récipient de stockage, symbole de sa fonction

Crâne rond, rasé

La longue barbe ondulée descend des tempes en mèches ondulées, couvre la moitié inférieure du visage

Les yeux en amande ont conservé leurs incrustations : cernés de noir par du schiste, pupilles de lapis-lazuli -importé de l'actuel Afghanistan. Enchâssées dans de la coquille du golfe Persique, maintenues par du bitume

À l'origine, les sourcils en arête de poisson, réunis au milieu, étaient incrustés

Les yeux et les sourcils sont marqués au bitume -traces dans les mèches de la barbe



Buste nu, légèrement aminci à la taille

Les mains aux doigts fins, sont ramenées contre la poitrine, la main droite posée sur la main gauche fermée. Geste de prière qui caractérise les statues d'orants, dont la fonction est la perpétuation de la prière du fidèle dans le temple

Une incision marque l'emplacement du nombril

Imposante jupe en laine de mouton ou de chèvre -kaunakès ou kaunace- vêtement d'origine sumérienne porté par les dignitaires. Retenu à la taille par un pan ceinturé, noué au bas du dos. Les longues mèches de laine, qui ondulent avec souplesse, en rangs superposés, sont soigneusement détaillées ; la queue du mouton est représentée au dos de la statue



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Ebih-Il aurait exercé sa charge auprès d'un roi de Mari à la fin de la période des Dynasties archaïques 2900-2340 av. J.-C.

2900-2350 ans avant J.-C. Période des Dynasties archaïques, jusque vers 2340, date de l'unification de la région par Sargon d'Akkad

Le haut fonctionnaire est représenté assis, à l'égal d'un dieu ou d'un roi. La statue est peut-être plus récente, de la période d'Akkad -fin du XXIVe siècle av. J. -C., au début du XXII e siècle avant J.-C.

En effet, conquise par Sargon vers 2330 av. J.-C., Mari passe sous domination akkadienne

Ebih-Il aurait été chargé d'administrer Mari au nom des souverains d'Akkad. D'où l'attitude exceptionnelle du personnage et la qualité extraordinaire de la sculpture



Sargon d'Akkad -“roi légitime"- conquiert les terres de Sumer. Il crée ainsi le premier Empire du monde, l'Empire akkadien qui durera environ 135 ans

Pays d'Akkad en Mésopotamie centrale, par opposition à Sumer, région méridionale qui borde le golfe Persique

Akkad ou Agadé nom de la capitale fondée par Sargon, dont le site n'est pas localisé

Art d'Akkad. Les qualités d'élégance, d'équilibre, de clarté, qui différencient cet art du sumérien, se transmettent aux périodes néo-sumérienne et babylonienne

Les souverains d'Akkad mettent en place une politique basée sur la conquête répétée et la victoire militaire. Chaque triomphe apporte plus de puissance aux monarques et plus de richesse à l'Empire. Les importants butins de guerre sont redistribués aux élites dirigeantes et aux dieux. L'appellation de “divin” s'associe au souverain. La différenciation sociale s'accroît



Mari se révolte contre les souverains d'Akkad. Elle est détruite, mais renaît de ses cendres. Elle redevient la capitale d'un important royaume amorrite -fondateurs de Babylone- vers 2000 ans avant J.-C.

Détruite par Hammurabi de Babylone, entre 1760 et 1757 av. J.-C.



Aujourd'hui, seul un tiers de la ville demeure, les deux tiers ont été emportés par l'Euphrate



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Mésopotamie « Le pays entre les fleuves ». Nom donné par les Grecs dans l'Antiquité, à la plaine située entre le Tigre et l'Euphrate. La région correspond à l'Irak et à une partie de la Syrie actuels

VI millénaire avant J.-C. Le dessèchement du Proche-Orient entraîne la migration de peuples des plateaux devenus désertiques, vers les vallées. Les pasteurs sémites partent de l'Arabie orientale, pour s'installer entre le Tigre et l'Euphrate. Leurs établissements sont en partie détruits par un vaste raz-de-marée.

Les Sumériens, venus des steppes asiatiques, s'installent au fond du golfe Persique. Vers 3300 av. J.-C. pays de Sumer, dans le sud de l'actuel Irak. Les Sumériens inventent l'écriture cunéiforme et fondent les premières villes, dirigées par un roi qui cumule les fonctions politique, religieuse et militaire. Techniques fondamentales : terre cuite, irrigation, commerce des métaux avec des pays éloignés

Jusqu'au IIIe millénaire, le temple est le centre directeur de la société. Puis il est contrôlé par le palais. La Mésopotamie est partagée en cités rivales indépendantes ; l'une ou l'autre acquiert temporairement l'hégémonie

Kish -20 km est Babylone- garde son importance à toutes les époques, sans jamais dominer les autres cités

Ourouk -sud de l'Irak entre Bagdad et Basra- de construction ancienne, où règne Lougalzaggizi « roi qui emplit le sanctuaire ». Le premier conquérant -empire éphémère, règne vers 2340-2316 av. J.-C.

Akkad ou Agadé, fondé vers 2300 avant J.-C. par le Sémite Sargon date, conquiert l'ensemble de la Mésopotamie. Sa dynastie est renversée 200 ans plus tard, par les Gutis, peuple montagnard du Zagros. Ces montagnards éleveurs de bétail effectuent des raids de pillage dans la vallée des deux fleuves au cours des derniers siècles du IIIe millénaire.

"La Malédiction d'Akkad", œuvre littéraire sumérienne, couchée par écrit vers le XXIe siècle av. J.-C. -période de la troisième dynastie d'Ur ; relecture mythologique de la chute de la dynastie d'Akkad -v. 2340-2190 av. J.-C.



Frontière de la Syrie et de l'Irak. Découverte fortuite d'une statue antique par des paysans syriens

1934-2010 fouilles -47 campagnes, 80 années d'études, équipe française- sur la colline de Tell Hariri

site identifié avec la ville de Mari, dont le nom est mentionné par des documents cunéiformes. L'une des principales cités du Nord de la Mésopotamie

découverte de plus d'une centaine de sculptures IIIe millénaire av. J.-C -partage entre les musées d'Alep (Syrie) et du Louvre

dallage de la cour extérieure sud du temple d'Ishtar Virile. Jouxte la voie de circulation qui conduit du palais royal à la porte Ouest de la ville. Trois statues portent des inscriptions nommant les personnages représentés

Ebih-Il et Ishgi-Mari ont consacré des statues votives à Ishtar Virile

Ishgi-Mari, qualifié de « roi de Mari ». Roi de la cité à la fin du IIIe millénaire. Il est représenté debout, la main gauche tient le poignet de la main droite. Longue barbe depuis les tempes. Jupe kaunakès -la peau de mouton -queue de l'animal dans le dos du roi- couvre l'épaule gauche, épaule droite nue. gravure, nom du roi, dévotion à Ishtra. Un bandeau retient la chevelure lissée, chignon cylindrique sur la nuque





haute qualité de la statuaire de Mari vitalité de la sculpture des Dynasties archaïques, qui multiplie les représentations d'orants

au cours du IIIe millénaire imprégnation sumérienne en monde sémitique, vers le nord de la Mésopotamie : le style de la statue, le port du kaunakès, l'inscription en cunéiforme



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Mari. Moyen Euphrate (Syrie). A 11 kilomètres d'Abou Kamal et à une dizaine de kilomètres de la frontière irakienne

au bord du fleuve Euphrate, la ville de Mari est fondée vers 2900 av. J.-C. pour contrôler le commerce entre l'Anatolie, le nord de la Syrie et la Mésopotamie

elle bénéficie d'une situation stratégique, au carrefour de ces régions de nombreuses marchandises y transitent -bois et métaux

construite sur un plan circulaire, la ville est fortifiée, reliée par un canal à l'Euphrate. Elle comprend le palais royal et plusieurs temples, dont celui de la déesse Ishtar, où la statue d'Ebih-Il est retrouvée

dans ce temple sont mis à jour

de nombreuses statuettes d'orants de type sumérien

des dépôts de fondation Dans l'Antiquité, ensemble d'objets enfouis dans les fondations d'un temple pour le fixer symboliquement au sol et le protéger contre les forces mauvaises. En Mésopotamie, cet ensemble comprend généralement des clous en cuivre et des tablettes inscrites, indiquant le nom du temple et de son bâtisseur

des tableaux en mosaïque de nacre

et des vases en pierre



Tell Hariri

Toutes les périodes sont représentées, depuis la fin du IVe millénaire, jusqu'au IIIe siècle avant J.-C. Temples, dont celui de la déesse Ishtar

Éléments en mosaïque de « La Bannière de Mari » en bitume, coquillage et pierre. 3500 av. J.-C. Provenant du temple d'Ishtar de Mari

Plusieurs sources de bitume existent en Mésopotamie, notamment autour de Hit, sur le moyen Euphrate. Le bitume est utilisé par les Mésopotamiens, à des fins d'imperméabilisation ou de calfatage -canalisations, terrasses, embarcations-, de colle -pour la fabrication d'outils notamment- ou de peinture noire -décors d'objets ou d'architecture. En basse Mésopotamie, les calcaires bitumineux -imprégnés d'hydrocarbures- sont utilisés pour la sculpture : tendres et faciles à travailler, ils imitent les pierres dures -diorite, basalte

Le palais des rois de Mari couvre une superficie de 2,5 hectares -300 chambres et cours. La vaste cour centrale est ornée de scènes cultuelles peintes sur les murs, dont "L'Investiture du roi de Mari". XVIIIe siècle av. J.-C. Le roi Zimri-Lim reçoit les symboles du pouvoir -un anneau et un sceptre- de la part de la déesse Ishtar

Salles de réception, appartements royaux, magasins, salles d'archives. Les milliers de tablettes cunéiformes constituent la correspondance des derniers rois de Mari



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