Liu Xiaobo
Isabelle Polle
La prison me délite
malgré la résistance
qui toujours m'habite
Elle laisse place à la souffrance
qui me gangrène
jusqu'à putréfier mon esprit
puis, ma femme qu'ils internent
la moitié de moi-même
déjà anéantie
Pourvu qu'ils ne me tuent pas
Parce qu'ils volent mon corps
Parce qu'ils volent ma mort
J'irai cracher sur leurs tombes
même si j'en succombe
Mon crime, c'est que je milite
pour les droits de l'homme et Charte 08
Mon salut, c'est ce prix
l'idéal d'une démocratie
et ce Nobel qui m'a sauvé la Vie
Pourvu qu'ils ne me tuent pas
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Le temps d'une démocratie au levant
où les droits de l'homme y seraient l'âme
le temps de courir vers ma femme
le temps de rire aux assassins
d'y changer tous les destins
Le temps d'un "je t'aime" à la Chine
Le temps d'être libre
Le temps de vivre chez moi
Pourvu qu'ils ne me tuent pas.