L'océan

Perdu sur mon radeau de fortune au milieu de l'océan Pacifique, j'entends les légères sonorités des petites vagues qui viennent lécher mon navire. Au centre du néant mon bateau qui flotte par miracle s'abîme au-dessus des abîmes de l'océan, cet océan qui m'offre pour unique paysage un contraste de bleu qui diverge vers l'infini.

Alors que le roulis me berce, le soleil dessine sur mes rétines une kyrielle de couleurs qui s'assombrissent et m'inondent de chaleur me faisant chavirer dans un état de semi-conscience dans lequel mon esprit se pâme. Je ne ressens plus que le goût salé de l'eau qui m'invite aux songes les plus délicats et éthérés.

Je me remémore le goût salé d'une délicieuse truite dégustée sur un port méditerranéen dont les bateaux s'allongeaient sur l'eau au fur et à mesure que le soleil se couchait. Il y avait dans mon palais un subtile goût iodé qui m'incitait à plonger dans la grandeur des océans. C'était pour moi l'envie d'une ivresse que de me retrouver seul au monde au sein d'un univers dénudé de vie et d'artifices pernicieux.

Pendant que les vagues continuaient à me bercer j'entendais la mélodie des cigales chantant sur les pins résineux de la Provence. Cette Provence qui dessine des bâtisses élevées par des pierres polies qui revêtissent un léger ton blanchâtre aussi typique que les tuiles orangées qui habitent le toit de cet havre de paix.

Un souvenir, une idée ou une madeleine sucrée et je me retrouve allongé sur la terre rafraîchie par ces pins qui épousent le ciel. Je sens l'odeur singulière de la lavande et du romarin qui se mêle au chant harmonieux des cigales. Un verre de vin sucré et fruité vient me complaire dans mon songe délicieux.

Je suis allongé dans cet environnement paradisiaque parmi toutes les merveilles du monde et je plonge progressivement dans un sommeil merveilleux pour l'éternité.