L'oral de philosophie(Le scénario)

Marcel Alalof

Scénario court-métrage.

L'ORAL DE PHILOSOPHIE(Le scénario).

 

1-Extérieur jour.Cour de récréation :

Louis.17 ans.1,85m,longiligne,cheveux courts. Fait  les cent pas dans la cour déserte. Visage grave.

Il sort de sa poche une pièce d'un quart de dollar en argent. Il lance la pièce quatre fois de suite ;celle-ci retombe à chaque fois sur le côté face.

Il est interpellépar Clarisse,jeune fille rousse souriante qui porte un appareil dentaire :

« Louis,on rentre ensemble ? »

Il opine du chef,la suit.Ils sortent de l'école,se retrouvent dans la rue

2-Extérieur jour rue :

Louis et Clarisse marchent de concert.Il tient un livre à la main,qu'elle lui enlève pour lire la couverture(Kant.Les fondements de la métaphysique des mœurs).Elle a l'air étonné,lui dit : »Tu es encore dessus ?Tu l'avais déjà il y a quinze jours ! » »Oui.J'ai fait l'impasse ;c'est le seul que j'ai étudié ! »Il ajoute : »Et toi,tu es prête ? »Elle éclate de rire : »Moi,tu sais,je fais confiance à la chance ! »

Ils continuent leur marche.A un moment donné,Louis fait un pas de côté,pour aller écraser un mégot éteint.Clarisse l'a vu et lui dit : »Tu as peur des incendies à ce point ?Le mégot était déjà éteint ! »Louis fait comme s'il ne l'avait pas entendue.

 

2-Intérieur Appartement  fin de journée :

Cité HLM vue de la fenêtre de la cuisine.Louis est assis à la grande table de la cuisine entre son père et sa jeune sœur.Le père a la quarantaine,la tenue,le parler,l'air d'un ouvrier.La mère,jeune femme blonde aux yeux dorés sert la soupe,d'abord au père.

A peine celui-ci a-t-il été servi qu'il commence à manger.Le bruit de la télévision dans la pièce voisine laisse penser qu'il est pressé de la rejoindre.La mère s'énerve un peu ; »Doucement Bébert,tu vas te brûler ! »Il répond,sur le ton de la plaisanterie : »Tu t'inquiètes pour moi,maintenant ? »termine la dernière cuillère,va rejoindre le salon.

La mère regarde son fils en souriant,lui dit : »Prends ton temps,on va pouvoir parler tranquillement ! »Elle s'enquiert de la forme de son fils,qui répondle regard fuyant que tout va bien.

Elle lui annonce : »J'ai dit a Tonton Maurice que tu passais ton oral demain matin.Il m'a dit qu'il te déposera. »Elle va pour quitter la pièce,se ravise : »Mais,tu le connais,il n'est jamais pressé d'aller travailler.Je compte sur toi pour ne pas perdre de temps ! »

3-Extérieur jour,petit matin :

Louis rejoint son oncle qui fume une cigarette sur le trottoir.Ils montent dans sa camionnette à l'enseigne d'une entreprise de plomberie.

4-Intérieur jour.Voiture :

L'oncle conduit sans un mot,peut-être ému.Louis aussi se tait.Il regarde la route.

Vers la fin du trajet,l'oncle lâche une phrase  d'une voix émue :

« Si Dieu veut,tu seras le premier de la famille à avoir le baccalauréat ! ».Louis baisse la tête,ne répond pas.

 

5-Extérieur jour.Lycée :

Ils pénètrent dans la grande cour du lycée de Melun déjà peuplée de quelques lycéens,accompagnés ou non,se dirigent vers les panneaux d'affichage. »Salle 8 rez-de-chaussée.Oral de Philosophie .

6-Intérieur Jour.Lycée :

Louis et son oncle Maurice sont devant la salle.Les épreuves n'ont pas encore commencé.L'oncle regarde la feuille,voit le nom de son neveu,qu'il lui montre du doigt.Louis lui dit : »Je suis en huitième position ! »

La sonnerie qui annonce le début des épreuves retentit.L'oncle prend congé en lui disant : »Je repasserai vers midi !

 

7-Intérieur jour.Lycée :

Louis est assis sur un banc dans le couloir,à quelques mètres de l'entrée de la salle.Peut-être y a-t-il d'autres personnes qui attendent.Il ne les voit pas,ne les entend pas.Il a l'impression que son cœur bat dans ses oreilles.

Sans doute est'il assis depuis longtemps.Il entend une voix forte,presqu'un cri,qui dit et répète son nom :Louis Ducasse.

L'appariteur,jean bleu et pull rouge est devant lui,sa feuille à la main.D'un geste,peut-être d'un sourire,il l'invite à entrer dans la salle

 

8-Intérieur jour.Salle de classe :

Derrière un bureau est assis l'examinateur,petit homme chauve à la couronne  de cheveux poivre et sel,au visage fermé.

L'examinateur lui donne le choix entre Descartes et Kant.Il choisit Kant.

L'examinateur ouvre le livre,choisit un passage sur l'autonomie de la volonté,qu'il lui demande de lire à haute voix.

A ce moment,Louis tourne presqu'involontairement la tête vers la porte de la salle restée ouverte.Il voit son oncle,assis en train d'attendre.

Il est pris d'affolement,comme s'il était plus important de rejoindre son oncle pour ne pas le faire attendre,que de réussir son épreuve.Il est pressé,stressé.Il lit le texte à voix haute,beaucoup trop vite,provoquant l'agacement visible de l'examinateur.

Après la lecture,l'examinateur lui pose la question ; »Qu'est ce qu'un vouloir ? »

Il connaît la réponse mais,comme s'il voulait saborder l'épreuve pour partir plus vite,il donne la mauvaise réponse :

« C'est un désir ! ».

Il voit le visage de l'examinateur se crisper,essaie de corriger : »Euh !non ;c'est une volonté ».

L'examinateur déjà agacé par la lecture trop rapide,très énervé,lui dit : »C'est trop tard ! »

Il repart avec son oncle,qui ne lui pose aucune question.

 

9-Extérieur jour.Ville de banlieue :

Louis est debout,à une trentaine de mètres d'un bâtiment administratif,au fronton duquel est marqué :

POLE EMPLOI

Des gens le doublent pour s'y rendre.

Il hésite,met la main dans sa poche droite,sort sa pièce en argent.

 

 

 

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