Lou-Trève

cedille

Un salon. Les buches flambent dans l‘âtre. Quelques canapés par trop dépareillés À l‘entrée un meuble à chaussure Des paires de chaussons Un tissu à moitié replié sur le mur opposé, dissimule presque... une cuisine, presque car un bruit de grattoir typique "du pris au fond"vient révéler une vaisselle en cours. Ça et là, quelques plantes. Au centre de la pièce, un ressort en forme de sablier, le ressort est tendu, par des pinces, à un fil ferreux situé entre le lustre et des poids au sol. Il semble piètre et déformer dans son incongruité. Mais ce jour-là, quand R rentre , il ne prend pas le temps de se sentir chez lui, de retirer ses godillots pour enfiler ses chaussons, de proposer de sécher, au torchon, la vaisselle. Non ce jour-là il fonce sur le ressort, lui trouve un air de flûte enchantée, R le détache et installe à chaque extrémité une anche de clarinette. Son activité joyeuse et frénétique semble insoutenable pour lui. Les embouts trafiqués, il se met à l‘extrémité droite, soufflent deux petits coups pour que l’anche frémisse. Un couinement aigu s‘échappe du long ressort puis derrière le tissu, un fracas, de casseroles qui s‘entrechoquent, moins subtiles.. .Mais R n‘entend pas, son oreille est sélective, il est presque sur d‘avoir réussi. Il embarque, avec maintes délicatesses, l‘étrange instrument dans la remorque de sa camionnette. Prends le temps d‘envoyer un texto et démarre. 20 minutes plus tard (flash-front) Il est au bord de la rivière et elle, elle est là. Avec son petit air de scepticisme lasse. Il faut dire que sa dure, maintenant, depuis des années. Ils vont tous deux traquer l‘animal,soi-disant réapparu dans la région et tombe parfois sur une épreinte, mais rien de plus. Il aimerait que cette fois-ci soit la bonne. Elle lui a promis d‘effacer l‘ardoise le jour ou elle tisserait du lien avec un animal de cet acabit, qu‘elle avait besoin d‘apprivoiser pour être apprivoisée. Ce jour-là, il en est sur, tout va rentrer dans l ordre, car il à fabriqué le premier appeau pour loutre (amoureuse) de la création. Et il va les lui résoudre ses sois disant désordres totémiques et elle ne lui parlera ni de toboggans naturels, ni de truites fraiches quand il lui parlera de doux sentiment, ni de vie en harmonie. Il pourra lui balancer du nous sans recevoir de pâles lueurs forcer. Ils sifflent au bord de la rivière, tous deux, à tour de rôle. Le bruit est parfait: une réplique. C‘est pour lui une étrange parade amoureuse, il aimerait qu‘elle sache qu‘ils vibrent presque ensemble. Elle trouve le son très réussi, Elle voudrait se baigner; Elle voudrait quitter son épiderme de froid pour une fourrure étanche. Elle sent sa présence, au son du ressort, ne le regarde pas,mais pense qu‘il y a un alter qu‘elle n‘entrevoyait plus, là, pas loin. À cette pensée, elle sourit.
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