Louis Vuitton, la course

Franck Demaury

Mon grand-père, un amateur d’art, de voyages mais également un ardent admirateur du progrès automobile me confia un jour : « un beau voyage est une œuvre ». J’ai longtemps cherché à comprendre cette citation du poète André Suarès. Et puis, les années ont passé.

A l’approche de la quarantaine, j’espère être devenu le digne héritier des valeurs et des intérêts de l’homme que j’ai secrètement admiré. Passionné par les belles mécaniques, les surprenantes expéditions et la célèbre marque au Monogram, Louis Vuitton, je me sais privilégié. Ici, aujourd’hui, au « Louis Vuitton Classic Serenissima Run », je profite de chaque instant mais il est important de noter mes pensées sur les pages blanches de mon carnet de route.

A l’arrière de ma Jaguar SS 100 1937, un archétype de la voiture de sport britannique de la marque Standard Swallow, les malles Vuitton se superposent. L’aventure commence, le retour dans le passé débute. Destiné à célébrer l’histoire de l’automobile et de saluer le berceau de ses origines, Louis Vuitton me convia il y a quelque temps à partager un périple de 1400 kilomètres entre Monte-Carlo et la Cité des Doges.

Devant le mythique casino, les moteurs vrombirent. Quarante trois modèles d’exception s’apprêtèrent à goûter au tracé rallye afin d’atteindre Venise, la Sérenessime. Autour de moi, la Ferrari 250 GT Competizione 1960, la Pininfarina Enjoy 2003, la Ferrari 250 GTO 1962, la Bentley S1 Continental 1956 ou encore la Maserati 3500 GT 1962 prirent place. 

Accompagné d’un soleil resplendissant, chaque participant s’élança sur le circuit jalonné par des étapes comme Menthon-Saint-Bernard, Stresa, Vérone et Fiesso Artico. 

En regardant les paysages et les sublimes modèles m’entourant, mon esprit s'échappa dans le passé. 1859 marqua le commencement de l’histoire. Louis Vuitton n’avait que seize ans mais déterminé à changer sa vie et celle de ses descendants, il devint malletier. 1897 et le salon de l’automobile saluèrent l’entrée du premier prototype de malle signée par la marque. Adapté au profil des carrosseries et reconnu pour sa qualité d’étanchéité et d’imperméabilité, elle se trouva être l’outil indispensable du voyageur. Ainsi, bagages et malles siglés du célèbre Monogram accompagnèrent l’évolution de la voiture.

Aujourd’hui, en participant pour la première fois à la prestigieuse manifestation, je note l’attachement de la maison à ce moyen de transport. Louis Vuitton, son fils Georges et les successeurs auront démontré le savoir-faire de la maison mais également une passionnante capacité d’adaptation face aux révolutions automobiles et sociales.

Au volant de ma SS 100 1937, je roule paisiblement. Mon grand-père Louis aurait incontestablement adoré piloter un des modèles présents sur le parcours. Nous aurions discuté de cette phrase dont je comprends désormais le réel sens : « un beau voyage est une œuvre ».

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