Love letters 16
Nathalie Bleger
LETTRES MORTES
MELANIE
Chapitre 16
Les filles d'aujourd'hui
Deux chapitres pour le prix d'un aujourd'hui, vous êtes gâtés… On change de narrateur à nouveau, retour à notre Mélanie…
Bonne lecture ^^
"Les filles d'aujourd'hui" est une chanson de Joyce Jonathan et Vianney, un petit clin d'œil...
Le soleil tape fort ce matin, je sens déjà de grosses gouttes dégouliner sur mon visage, mon cou pèle et n'est qu'une plaie, je me suis fait peur devant le miroir, ce matin. J'ai la peau complètement tannée par le vent et les UV, elle est sèche et épaisse, c'est l'horreur. Fernando me fait des signes un peu plus loin dans l'allée, il a été embauché pour me donner un coup de main car j'ai un rendement déplorable, paraît-il.
Sur le coup j'ai été piquée au vif mais je dois bien reconnaître qu'il est plus rapide que moi, et plus habile. Son sourire continuel m'agaçait mais ce n'est pas une pose, il est effectivement toujours gai et de bonne humeur, heureux de vivre. Il paraît qu'à côté des vendanges et la cueillette de certains fruits l'épamprage n'est rien, je veux bien le croire. Mais je sais maintenant pourquoi j'ai fait des études, plus de doute.
Je m'essuie le front du revers de ma manche, des nuages noirs avancent, pourvu qu'il y en ait de plus en plus. De la pluie, même. Je commence à en avoir marre de cette comédie, c'était drôle au début, je suis fatiguée. La mère de Louis pose beaucoup de questions, elle est gentille mais se méfie, elle flaire l'embrouille. Mon histoire ne tient pas la route, elle le sait. Je suppose qu'elle me prend pour une aventurière, elle ne cesse de parler d'Armelle, la fiancée de Louis, sans doute pour décourager mes éventuelles velléités de mariage.
Louis ne semble ne pas s'en rendre compte, il ne change pas d'attitude à mon égard, nous aimons discuter le soir dans le petit salon, et ça devient de plus en plus difficile de lui cacher qui je suis. A plusieurs reprises j'ai failli gaffer, la frontière Mélanie/Amélie devient poreuse, un peu floue. Tout cela ne tiendra plus très longtemps, je dois rappeler Emmanuel pour savoir où il en est dans ses recherches.
- Tu as perdu ton chapeau ? me demande Fernando en me croisant.
- Pardon ? Ah, il a dû tomber, je vais le ramasser.
- Tu rêves, non ? me fait-il avec un petit clin d'œil.
- Moi ? Euh… je réfléchissais. Merci !
- Pourquoi tu fais pas plutôt des études ? demande-t-il en me fixant d'un air un peu navré quand je grimace pour ramasser mon chapeau.
- Mais j'en fais. C'est juste un job d'été.
- Ah, d'accord. Tu veux une pomme ? J'en ai quelques unes dans mon sac.
- Oui, merci.
Nous décidons d'une petite pause entre les vignes, à l'ombre. Il est seulement 10h30 et j'ai déjà un sérieux mal de tête, il paraît en pleine forme.
- Et toi ? dis-je en croquant dans le fruit juteux. Tu fais quoi à part les vignes ?
- Rien. Que des travaux aux champs, ça me plaît. J'aimerais juste décrocher un CDI quelque part, un jour, mais pour l'instant ça me va.
Il paraît jeune malgré son expérience, plutôt résigné. Je crois qu'il vit dans une petite baraque avec ses parents et frères et sœurs, visiblement ses ambitions sont modestes.
- C'est rare que les étudiantes fassent ce genre de boulot, en général elles se trouvent des jobs en ville, dans les banques ou les restaurants, fait-il en me jetant un petit coup d'œil en coin.
- Oui, c'est sûr. Mais là je m'y étais prise trop tard, et puis c'est formateur aussi, d'une certaine manière.
Il hausse les sourcils, il me prend pour une tarée, c'est clair. Je lui expliquerais bien qu'il est normal que mon choix n'entre pas dans son cadre de référence mais je ne veux pas le prendre de haut, après tout il est courageux, plus que moi. Sa peau veloutée et ses yeux de velours pourraient faire des ravages auprès de ces dames, surtout les couguars, mais je ne veux pas le choquer. Il me raconte les expériences de sa sœur qui veut être esthéticienne, je ne commente pas. Est-ce que cette aventure m'apportera quelque chose, qu'est que j'en tirerai, plus tard ?
Ça fait deux nuits que je rêve de Sébastien, à chaque fois je me réveille en sueur, paniquée. Soit je me perds sur une route déserte ou il se fait renverser par un camion, mes rêves sont agités et pénibles, culpabilisants. Je me rends compte qu'il me manque, pour la première fois je regrette d'être partie, vraiment. J'ai toujours eu l'impression qu'il était le plus amoureux des deux, que je m'étais laissée faire par paresse et parce que c'est flatteur d'être désirée, mais là sa présence me manque, presque physiquement.
Ma vie d'avant commence à me manquer, aussi. J'ai le sentiment d'être là depuis des semaines –alors que ça ne fait que quelques jours- et d'avoir fait le tour du truc. Le goût de l'aventure s'émousse chaque jour, physiquement je suis épuisée et le regard soupçonneux de Marie me gêne souvent. Je trouve des prétextes pour ne plus dîner avec eux mais ça ne peut plus durer longtemps. Bientôt je serai au pied du mur, c'est clair.
Je me rends compte que j'écoute Fernando d'une oreille distraite, perdue dans mes pensées. Le travail quotidien m'empêche de gamberger mais à la moindre pause les questions reviennent, et les doutes. Si je veux reprendre ma vie d'avant je ne dois pas trop attendre, pour ne pas tout foutre en l'air. Sébastien continue de m'envoyer des textos et de me laisser des messages, je n'ai pas le courage de les ouvrir mais je ne pourrai pas toujours fuir.
- Bon, on y retourne ? J'aperçois la voiture du chef, là bas, me souffle Fernando en se relevant.
Le chef, le père de Louis, passe tous les jours en grommelant pour nous aboyer quelques ordres et surveiller ses vignes. Il n'est jamais satisfait, Fernando a l'air habitué, je ravale ma dignité en silence. Je pense que s'il apprend que je suis de la famille ça ne le fera pas rire, encore un élément qui joue en faveur de mon départ. Je suis embauchée jusqu'à la fin de la semaine, je n'ai plus trop envie d'aller au-delà. Je décide d'appeler mon frère dès ce soir, après je me déciderai.
oOo oOo oOo
La tempête fait rage, j'entends la pluie ruisseler bruyamment sur les tuiles du toit, les éclairs sont de plus en plus proches. Ça fait trois fois que j'essaie de joindre Emmanuel, sans résultat. Je joue nerveusement avec mon portable, tout à l'heure à table Louis a frôlé mon bras à plusieurs reprises, je n'ai pas su comment réagir. Je me sens complètement paumée, coupée en deux. Un vrai roman à l'eau de rose, tout ce que je déteste. Mélanie est mariée et amoureuse de Sébastien, Amélie est attirée par Louis, sa bonne humeur, sa prestance. Je retrouve en lui des traits de Seb, en fait je crois que je suis à l'Ouest, complètement.
Finalement je commence à somnoler quand mon portable vibre, c'est Emmanuel, pas trop tôt.
- Ah ben quand même, tu te décides ! T'as vu l'heure qu'il est ?
- Dis donc, t'es gonflée Mel, tu crois que tu m'as confié une mission facile ? Merci du cadeau, frangine ! Je peux te dire qu'entre maman qui pleure tout le temps et ton beau-père qui tire la gueule, c'est coton.
- Ouais, OK, OK. Alors, t'as appris quoi ?
- Ça a pas été facile, d'abord. Je veux que tu t'en rendes bien compte, c'est important. Tu m'as foutu dans une sacrée merde, et une merde qui n'a aucun lien avec moi !
- Oui, oui, dis-je conciliante. Tu es génial, petit frère, tu es le meilleur, tu me sauves la vie.
- Tu te fous de ma gueule en plus ?
- Mais non ! Oh là là, ça craint. Pourquoi t'es à cran comme ça ?
- Parce qu'ils me rendent cinglé, les deux, là. Et ils ne veulent pas cracher le morceau, c'est incroyable. Le secret des pyramides n'était pas mieux gardé, tu peux me croire. C'est de la folie. Il y a une ambiance ici…
- T'as vu Sébastien ?
- Oui. Je l'ai vu plusieurs fois. Il est pas bien non plus, le pauvre. Ils ne lui font pas de cadeau, tu sais. Et toi non plus…
Une violente culpabilité m'envahit, je me mords les lèvres, je ne réponds pas. Un courant d'air frais rentre par la fenêtre, la pluie a un peu rafraîchi l'atmosphère. Emmanuel reprend, agressif :
- Tu comptes revenir, un jour ?
- Oui, dis-je dans un souffle.
- Tu te rends compte que tu te comportes comme une crétine ? Que tu fais souffrir tout le monde ?
- Je sais, oui. Je ne m'étais pas rendu compte... Je pensais que fuir résoudrait tout mais c'est pas vrai. Je pense de plus en plus à lui, tu sais. A Seb. C'est affreux ce que j'ai fait.
- Mais pourquoi t'as fait ça ?
- Je n'avais pas réalisé. Je pensais lui rendre service, que ce serait moins dur le jour où il apprendrait qu'on n'aurait pas dû se marier.
- Hum…
Je le sens sceptique, au bout du fil. La fenêtre claque, soudain je n'entends plus ce qu'il dit.
- C'est quoi ce boucan, Mel ?
- C'est la fenêtre. Il y a eu un orage.
- Ah bon ? Mais ici aussi. T'es pas très loin alors…
- Non, je ne suis pas très loin. Alors, t'as appris quoi ? dis-je pour couper court.
- Je ne sais pas tout, mais en tout cas Sébastien n'est pas ton frère, ton beau-père me l'a juré. Le mystère est ailleurs.
- C'est vrai ? Tu es sûr ?
- Oui. Maman aussi me l'a juré, je la crois.
- Ouf… tu peux pas savoir comme je suis soulagée.
Immédiatement une onde d'angoisse naît dans mon ventre, il va falloir rentrer, je n'ai plus d'excuse. Il va falloir affronter tout le monde.
- Mouais. T'as vraiment été idiote, je te jure. Ça ne te ressemble pas, en plus.
- Je sais. J'ai toujours été une brave petite fille, une collégienne puis étudiante modèle, j'ai toujours fait ce qu'on m'a dit, là j'ai pété les plombs, voilà. Il y a toujours un moment où il faut faire des conneries, non ?
- Très drôle. Je ris pas, j'ai des gerçures. Bon, t'es contente maintenant, t'as ta réponse. Tu reviens quand ?
- J'ai un contrat jusqu'à la fin de la semaine, je peux pas revenir tout de suite.
- Un contrat de quoi ?
- Un petit boulot, dans les vignes.
- Toi tu travailles dans les vignes ? T'as toujours détesté les travaux manuels !
Ben voyons. On peut compter sur son petit frère pour tenir la comptabilité de ses contradictions, j'imagine.
- Mais finalement, c'est quoi ce mystère alors ? Et les lettres ? je demande pour noyer le poisson.
- Ça, j'en sais pas beaucoup plus. Tu connais maman et le père de ton cher époux, ils continuent à nous enfumer. Un vrai secret d'État, je te dis. Ça commence à m'agacer sérieusement. Quand je pense que maman nous serinait la Vérité et la Confiance à longueur de journée. Tu parles ! J'en découvre, je te dis pas.
- Mais ça peut être quoi ?
Emmanuel hésite, je perçois une gêne dans son silence, puis il se lance :
- J'ai surpris Philippe Delmas et maman en train de s'engueuler tout à l'heure, mais je n'ai pas tout entendu. Après lui m'a certifié qu'il n'était pas ton père et en prêchant le faux auprès de maman j'ai quand même avancé un peu…
- Oui ?
- Tu connais un certain Dominique ?
Je reste stupéfaite, bouche béante. Comment peut-il savoir où je suis ? Qui lui a dit ? Qui le sait ? Tout tourne autour de moi, j'ai les jambes en coton.
- Allo ? Mélanie ?
- Quel Dominique ?
- Je sais pas. Maman a cité son nom, après elle n'a pas voulu en dire plus. Tu le connais ? Mel, tu le connais ? Réponds !
- Oui, je crois que oui. C'est un des oncles de Sébastien et… il paraît qu'il est sorti avec maman quand ils étaient jeunes.
- Non ? Trop fort ! Alors ça, ça me troue le cul.
- Manu !
- M'appelle pas Manu, je m'appelle Emmanuel, je te rappelle.
- OK, OK. Pourquoi elle t'a parlé de lui ?
- Sur un malentendu. J'ai l'impression que c'est lui qui a écrit les lettres et je demande si… Enfin, t'aurais vu la tête de maman quand elle en a parlé...
- Non ?
Cette fois c'est le plancher qui ondule, j'ai carrément le mal de mer. C'est tellement gros et incroyable que je n'en crois pas mes oreilles. Si je voulais faire la maligne je dirais que c'est pour ça que je suis venue chez lui mais non, ce serait faux. C'est un des tours que nous joue la vie, parfois. Un clin d'œil du destin, une drôle de coïncidence. Et si… ?
- Mel ? Ça va ? Pourquoi tu dis plus rien ?
- Écoute, je suis complètement abasourdie, là.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je suis chez lui, en ce moment.
oOo oOo oOo
Je grimpe sur le vieux tracteur du coin, qui nous ramène au domaine. Fernando raconte des blagues un peu salaces, je ne l'écoute pas. Tout me paraît différent aujourd'hui, surtout le propriétaire des lieux, le fameux Dominique. Ou est-ce que ça pourrait être quelqu'un d'autre ? Non, je ne crois pas. Ça fait longtemps que je sais qu'il s'était passé quelque chose entre lui et ma mère, depuis les premières confidences de M. Richard, le vieux voisin de ma grand-mère. Mais que ça me revienne en boomerang comme ça, c'est incroyable. Pour moi c'était une vieille histoire, une amourette d'adolescents. Rien de plus. Tout cela m'obsède mais j'essaie de ne pas en tirer de conclusions hâtives, cette fois. Pas facile, ceci dit.
Je l'ai observé ce matin au petit déjeuner, il était bourru et grognon comme à l'habitude, j'ai du mal à croire qu'il a pu être attirant, à un moment. Surtout par rapport à mon père, beaucoup plus séduisant, encore à présent. Le jour et la nuit, autant physiquement que mentalement. Sur les photos il était banal, un adolescent comme les autres. Qu'est-ce qu'il avait de plus, de moins ? A-t-il su la faire rire, l'écouter ? C'est clair qu'il est moins coureur que mon père, peut être a-t-il une sensibilité cachée. Il a vu que je le regardais, ce matin, il a froncé les sourcils et disparu encore plus vite que d'habitude, son café à peine avalé. Marie paraissait soucieuse aussi, je crois que la pluie a abîmé des plans de vigne, c'est un mauvais jour.
Aussitôt arrivée au domaine je file prendre une douche, ce soir je leur annoncerai que je pars à la fin de la semaine, ma décision est prise. Je me suis jetée dans la gueule du loup en venant ici, j'ai un peu peur des représailles quand tout sera découvert. Parce que tout finira par se savoir, et là je morflerai. Il est temps que je parte avant que ça aille trop loin, et je ne tirerai rien de Dominique, il me considère comme une aventurière.
Amélie doit disparaître, Mélanie reprendra sa vie, tout sera en ordre. Tant pis si je n'ai pas toutes les réponses à toutes les questions, je ne peux plus rester. C'est peut être mieux comme ça.
Je rejoins Louis dans le petit salon, comme tous les soirs, pour un thé glacé. Un vrai bonheur après la chaleur de la journée, l'instant où je redeviens presque humaine.
- On va dîner plus tard ce soir, mon père est encore dans les vignes, il y a eu du dégât cette nuit, dit-il d'un air sombre.
- Oui, j'ai vu ça aujourd'hui. C'est moche.
Le chat saute sur mes genoux, au moins un qui ne se méfie pas de moi. Il va peut être me manquer, lui. Pierre nous rejoint, ils discutent longuement de l'état des plans, je comprends que c'est grave pour eux, pour la récolte. Curieux comme on n'a pas les mêmes valeurs, les mêmes sujets d'inquiétude, en vivant sous le même toit –même si je ne suis qu'une intruse, au fond. Leurs soucis me paraissent anecdotiques –le raisin n'a même pas encore commencé à germer- je ne pense qu'à mon retour. Je profite d'un vide dans la conversation pour lancer, du ton le plus naturel possible :
- Je vais vous quitter à la fin de la semaine, au fait.
- Comment ? fait Louis, interloqué.
- Tu savais que je ne resterais pas tout le temps, non ?
- Oui, mais quand même… on a besoin de quelqu'un, pour les vignes.
Ben voyons. Ma vie est moins importante que les vignes, c'est logique ici mais ça me fait un peu mal quand même. Pierre grimace, il ne m'a jamais prise au sérieux, il ne me regrettera pas.
- Merci de nous prévenir, fait-il d'un ton narquois en reposant son verre de vin.
« Mon contrat va jusqu'à la fin de la semaine » je réponds du tac au tac.
Il se lève et me jette un coup d'œil écœuré, genre « après tout ce qu'on a fait pour toi », Louis ne dit rien. Il paraît sous le choc, ou alors il n'a pas entendu. Dès que son frère a quitté les lieux il se tourne vers moi :
- C'est sérieux ? Tu pars vraiment ?
- Oui, vraiment.
Louis attend que je me justifie, je n'en ai pas envie. On ne s'est rien promis, si ? Je détourne la tête vers la terrasse où Marie secoue la salade, je n'en mène pas large. Le silence est pesant, sa déception est palpable. Merde.
- Tu t'es réconciliée avec lui ? demande-t-il enfin.
- Oui. Je vais rentrer. Je suis désolée de te décevoir, mais je ne suis pas seule. Je suis mariée, tu sais.
- Oui, je le savais, mais…
Son air paumé me fait mal au cœur, que s'est-il imaginé ? J'ai envie de lui dire « rappelle toi, tu es fiancé, toi aussi » mais je ne veux pas remuer le couteau. Et encore, s'il savait qui je suis réellement, ce serait bien pire.
- C'est mieux comme ça, dis-je en lui souriant gentiment.
- Oui. Oui, tu as raison, finit-il par murmurer mais ses yeux démentent ses paroles.
J'avale difficilement le reste de mon verre, mal à l'aise. Ce n'est qu'un coup de cœur, une petite folie passagère, il m'oubliera vite. Forcément. J'ai envie de lui dire que ça va passer, comme on rassure un enfant qui s'est fait mal, mais mon estomac se serre.
- Tu sais, je ne suis pas celle que tu crois, Louis. Ma vie est tellement compliquée…
- Oui, je sais. J'ai toujours su que tu partirais brusquement, et je suis sûr que tu ne t'appelles même pas Amélie, mais… je m'étais habitué à toi, tu comprends ?
- Et puis vous avez besoin de quelqu'un pour les vignes, dis-je pour alléger l'atmosphère.
- C'est clair que tu étais notre meilleur ouvrier ! Comment on va faire sans toi ?
Un taxi vient de passer devant les fenêtres, le chien se met à aboyer. Sans doute des touristes qui veulent goûter au nectar du crû, c'est la saison. Louis et moi plaisantons bravement, il faut sauver les apparences avant tout, jouer le jeu de l'amitié jusqu'au bout.
Peu après Pierre entre à nouveau dans la pièce, l'air sombre et me fixe d'un air goguenard :
- Il y a quelqu'un pour toi, à l'accueil. Enfin, il réclame une certaine Mélanie, mais vu la description, je suppose que c'est toi qu'il cherche, et pas Fernando.
- Moi ?
Je me lève sous le regard abasourdi de Louis, les épaules basses. Merde.
oOo oOo oOo
Mon frère m'attend à l'accueil, l'air sombre. Je grimace un sourire contrit, en le prenant par le bras pour aller discuter dehors. Pierre en profite pour nous lancer : « Je suppose que c'est madame que vous cherchiez… C'est quel nom de famille, au fait ? »
Je hausse les épaules sans répondre, puis je glisse à Emmanuel : « Mais qu'est ce que tu fais là ? »
- Je me le demande, avec un accueil pareil ! Quand je pense que mes potes m'attendent pour faire du camping. Je dois être taré.
- Comment tu m'as retrouvé ?
- Ah ben ça a pas été difficile de demander à ton cher mari l'adresse de son oncle, figure-toi.
- Et il sait que tu es là ?
- Non. Je n'ai rien dit. Je ne pense pas qu'il se doute de quelque chose… quoique. Dis donc, c'est chouette ici, tu loges là ?
- Oui, mais je travaille, aussi. Sinon je n'aurais pas les moyens de vivre ici.
- Tu travailles ? Et tu fais quoi ?
- Je bosse dans les vignes, je te l'ai déjà dit. C'est fatiguant mais pas trop prise de tête, alors…
- Alors c'est vrai ?
Emmanuel paraît abasourdi, nous avançons lentement vers la sortie de la propriété, le chien dans les jambes. En me retournant subrepticement je vois Louis derrière la fenêtre, qui nous observe. Flûte. Bientôt, il saura tout et je perdrai toute crédibilité.
- C'est pour ça que t'es cramée ? reprend-il en me dévisageant. Je croyais que tu détestais t'exposer !
- Mais là je n'ai pas le choix, et il fait beau tous les jours.
- Ah ben ça alors… Et pourquoi t'as pris un faux nom ?
- Parce que je m'appelle Delmas maintenant, comme eux ! Tu crois qu'ils n'auraient pas fait le rapprochement ?
- Ah d'accord… Quelle histoire, dis donc. Mais pourquoi t'es venue là ? Tu savais que Dominique Delmas avait quelque chose à voir avec nous ?
Je ralentis le pas, avant de m'arrêter complètement, les yeux au sol. Bonne question. Le chien aperçoit un petit rongeur et part ventre à terre en jappant, le vent se lève soulève la poussière sur le chemin. Je n'ai même pas la réponse, ou pas la bonne. Emmanuel s'arrête à son tour et me sourit :
- Ça va ? Tu as l'air toute bouleversée. Tu peux tout me dire tu sais, je ne te jugerai pas.
- Tu es gentil… en fait je ne sais pas moi-même pourquoi je suis venue ici. J'ai pris le premier bus et il s'est arrêté dans le village. Quand j'ai vu « château Delmas » je suis descendue et voilà… Je ne sais même pas ce que je cherchais. Peut-être que… dis-je avec hésitation. Peut-être que je me doutais de quelque chose…
Il acquiesce, sceptique : « Et ils ne t'ont pas posé de questions ? »
- J'ai menti. J'ai donné un faux nom et j'ai dit que je m'étais disputée avec mon mari. Voilà…
- Incroyable. Je ne te reconnais pas, Mélanie. Pas du tout. Toi qui es toujours si respectueuse de tout, si sage. Ça me sidère.
En riant je le prends pas le bras et je lui raconte ma nouvelle vie, sans toutefois insister sur le rôle de Louis. Ça me fait du bien de revoir mon petit frère –à mon grand étonnement- mais je redoute le retour au domaine et à la maison, quand il faudra tout expliquer.
Nous marchons un bon moment le long de la route et des vignes, il me raconte les évènements familiaux depuis mon départ, les différentes conversations avec notre mère et mon beau-père, sa décision de me rejoindre.
- On en revient à ce fameux Dominique ! conclut mon frère d'un air songeur. Il est comment ? Tu as appris quelque chose ?
- Non, pas vraiment. Je lui ai très peu parlé, en fait. C'est pas quelqu'un de très ouvert ni sympathique, je l'ai à peine croisé.
- Tu m'étonnes ! S'il est comme son frère…
- Et donc mon beau-père t'a fait des confidences ? C'est incroyable ça ! dis-je en m'arrêtant à nouveau. C'est pas son genre.
Emmanuel hausse les épaules, l'air gêné. Il poursuit sa route à pas lents, mine de rien, sans lever les yeux.
- Attends Emmanuel ! Il t'a dit quoi ?
- Mais je te l'ai déjà dit. Pas grand-chose, à part qu'il n'est pas ton père. Il sait tout mais il a promis à notre mère de ne rien dire.
- A notre mère ? Mais tu ne trouves pas ça énorme ? Quand je pense qu'il prétendait à peine la connaître ! Mais c'est un complot ou quoi ?
- Oui, c'est un drôle de truc, fait-il doucement. Un drôle de truc.
J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose, lui aussi, ou alors je deviens bêtement paranoïaque. Je ne vois pas ce qu'il pourrait cacher, après tout cette histoire ne le concerne en rien.
Une voiture s'arrête sur le bas côté, je reconnais Louis qui se penche à la fenêtre :
- Amélie, maman a besoin de savoir si tu manges avec nous ce soir. Enfin, si vous mangez avec nous… ajoute-il avec gêne.
- Comment ? Oh, euh…
Je regarde tour à tour Louis et mon frère qui feignent de s'ignorer, puis je soupire :
- Oui, je suppose que oui. Merci, Louis.
- Je vous ramène ou vous rentrez à pied ?
- On va rentrer à pied, merci. On sera là vers 20h, ça ira ?
- Je pense, oui, fait-il en redémarrant bruyamment.
La voiture nous envoie une bouffée de gasoil, nous nous pinçons le nez, à moitié asphyxiés.
- Ça pue, ces 4X4 ! C'est qui, ce mec ? demande mon frère, sourcils froncés.
- Un cousin de Sébastien. Il s'appelle Louis, il est sympa, je réponds du ton le plus neutre possible.
- Sympa à quel point ?
- Sympa, c'est tout. Je te rappelle que je suis mariée.
- Je sais. C'est plutôt toi qui l'as oublié, non ?
- Pfff… très drôle. Viens, on rentre. Tu ne racontes rien à personne, d'accord ?
- Mais je peux quand même répondre si on me pose des questions ? Je ne vois pas pourquoi tu as dit oui pour le repas alors, on aurait mieux de manger ailleurs.
- Parce que je ne veux pas être grossière. Et puis ce serait reculer pour mieux sauter, c'est inutile. On va en dire le minimum, ce sera bien assez. Je vais te briefer un peu sur la famille, de toute façon je comptais partir à la fin de la semaine, alors c'est très bien comme ça.
En faisant le chemin du retour je lui décris brièvement la famille Delmas, en passant rapidement sur Louis. De toute façon il ne s'est rien passé et il ne se passera rien, il n'y a rien à raconter.
- Tu as toujours les lettres ? me demande mon frère d'un coup.
- Les lettres que j'avais trouvées ? Oui, je les ai. Sauf l'une ou l'autre que j'ai perdues, comme celle que tu as retrouvée à l'hôtel. Tu ne peux pas t'imaginer l'effet que ça m'a fait, de lire ce courrier qui parlait d'un bébé. C'était comme une douche glacée, comme si on m'avait giflée. Je ne pouvais pas rester, c'était plus fort que moi. C'est fou, non ?
- Mais tu es sûre que c'était toi, ce bébé ?
- … non. En fait, non. Je me suis mis ça dans la tête et après tout m'a paru aller dans le même sens, je n'ai pas cherché plus loin.
Il opine distraitement, les yeux au sol. De gros nuages noirs arrivent au-dessus de nous, nous pressons le pas.
- Je peux les lire ?
- Si tu veux. C'est un peu gênant mais je peux difficilement te dire non, j'imagine, maintenant que tout ça est sur la place publique, ou presque. Pourquoi ?
- Oh, comme ça. Pour savoir.
C'est étrange que ça intéresse Emmanuel, qui s'est toujours tenu à l'écart de toutes les affaires de famille, surtout celles qui concernent nos parents. Je lui jette un petit coup d'œil en coin :
- Mais… tu ne devais pas partir en camping avec tes copains ?
- Si, si. On a juste repoussé d'une semaine.
- Et tu as fait ça pour moi ? dis-je, très étonnée.
- Ben oui, pourquoi ?
- On n'était pas tellement proches, par le passé. Ça m'étonne que tu abandonnes une virée avec tes potes pour moi…
- Merci, ça fait plaisir, bougonne-t-il avec humeur. Ça m'apprendra à vouloir t'aider.
Il ronchonne et nous poursuivons notre route silencieusement, chacun dans ses pensées.
Arrivés à la chambre je lui confie le paquet de lettres qui ne quitte pas mon sac, un peu honteuse. Il s'installe sur mon lit et commence à les lire pendant que je me rafraîchis. J'essaie de chasser de mon esprit toutes ces phrases que j'ai lues et relues, parfois très intimes. Une concentration extrême se lit sur son visage, parfois il laisse échapper un « oh », je me sens presque aussi mal que si je les avais écrites moi-même.
Mon amour,
Pas une nuit, pas un jour ne se passe sans que je pense à toi. Tu es partout, tout le temps. Pas une minute ne s'écoule sans que tu me manques, passionnément, désespérément. Je te cherche partout, dans chaque pièce, chaque maison, chaque lieu public. Je crois que c'est toi cette silhouette qui s'éloigne, ce profil entraperçu, cette voix lointaine. Chaque chanson parle de nous, de toi et de moi, j'en pleurerais presque, moi qui les ai toujours trouvées débiles.
Je t'aime, tu me manques.
C'est comme un vide affreux tu sais, un creux en moi, un abîme dans ma poitrine. Respirer loin de toi me fait mal, j'en crierais parfois, tellement c'est douloureux. Mille fois j'ai pris ma voiture pour aller te rejoindre, je roule comme un fou en écoutant les chansons les pires, je ne vis que par cet espoir furtif, insensé, qui relance mon cœur. Et puis j'arrive sur une aire d'autoroute, je fais quelques pas et je réalise que tu es trop loin, et que tu ne veux plus me voir.
Tu ne veux plus me voir.
Je vais en crever je crois. De toute façon je n'arrive pas à vivre sans toi.
Emmanuel lève la tête vers moi, pâle, je crois qu'il n'imaginait pas ça. Je détourne les yeux, je n'ai pas les réponses.
oOo oOo oOo
Dès que nous arrivons dans la grande salle à manger tous les regards se tournent vers nous, nos hôtes sont déjà à table et tout espoir d'entrée discrète s'envole.
Bonsoir, je vous présente Emmanuel, dis-je sans regarder personne en m'asseyant devant une assiette.
Emmanuel lance un « bonsoir » à la cantonade et s'assoit à côté de moi, embarrassé. Il est le point de mire de toute la tablée, je me doute qu'il ne doit pas être très à l'aise, surtout qu'il est plutôt timide. Immédiatement le chien vient le flairer et lui lécher la main, quémandant un morceau ou un autre. Louis en revanche me fixe sévèrement, je fais mine de ne pas m'en apercevoir.
- C'est bien que vous ayez retrouvé votre mari, c'est une bonne chose, murmure Marie en me servant du melon.
- Comment ? Non, non, Emmanuel est mon frère, j'aurais dû vous le préciser, je suis désolée.
- Vraiment ? fait Louis en écarquillant les yeux. Vous ne vous ressemblez pas !
- Vous trouvez ? rétorque Emmanuel. Je ressemble plus à ma mère et Mélanie ressemble davantage à papa, c'est tout.
- Mélanie ? reprend Marie, surprise.
- Oui, je m'appelle Mélanie, dis-je en rougissant à mon tour. Je vous ai menti, je suis désolée.
- Mais pourquoi ? grogne Pierre, méfiant.
- Parce que… enfin les choses n'étaient pas claires avec ma famille et mon mari, je ne voulais pas qu'on me retrouve tout de suite.
- Rien de grave, j'espère ? reprend Marie, soucieuse.
Je vois à son air qu'elle s'imagine un mari violent, c'est sans doute inévitable.
- Oh non, pas si dramatique que ça, rassurez-vous. C'est plutôt un immense malentendu, dis-je en déchiquetant un morceau de pain.
Mon assiette semble me narguer, je n'arrive pas à avaler le jambon et le melon, j'ai l'estomac noué par le stress. C'est beaucoup plus difficile que prévu d'affronter la curiosité générale, je relève la tête :
- Et les vignes au fait ? Rien de trop grave là non plus ?
Dominique Delmas se met à marmonner, visiblement il n'est pas heureux, Pierre m'explique que la pluie violente a endommagé beaucoup de plants et que les conséquences sont imprévisibles. La conversation se poursuit sur le même thème, échauffant les esprits, chacun y va de son commentaire sauf Louis qui me jette de temps en temps un coup d'œil de travers. Je sens confusément qu'il m'en veut, sans doute de mes mensonges ou alors de mon départ proche, j'aimerais lui expliquer que ce n'est pas contre lui mais sa déception va au-delà de ça, et c'est de ma faute. Je n'ai pas su lui faire comprendre que je n'étais pas attirée par lui. Une petite voix me souffle que je me mens à moi-même, je décide de ne pas l'écouter. Je lui parlerai seule à seul avant de partir, je mettrai tout ça au clair et je pourrai repartir de zéro.
Plusieurs fois au cours de la soirée je désamorce des bombes potentielles pour éviter qu'ils ne découvrent ma vraie identité, donnant des informations inoffensives sur notre famille, répondant même à la place de mon frère. Je l'ai averti de ne rien révéler sur notre parenté avec eux mais il est si spontané que je crains l'aveu involontaire, ce qui compliquerait d'autant la situation.
- Donc vous allez nous quitter ? interroge Marie au moment du dessert –une délicieuse tarte aux pommes.
- Oui, je vais devoir vous laisser. Je peux continuer à travailler jusqu'à la fin de la semaine, si vous voulez, dis-je d'une petite voix, pas très fière de moi.
- Pff, c'est pas les saisonniers qui manquent par ici, répond Pierre d'un ton méprisant. Je suppose que vous avez mieux à faire…
Je vois dans ses yeux que la découverte de mon statut de future prof lui a fortement déplu, d'ailleurs je ne suis même pas sûre qu'il me croie. S'il ne tenait qu'à lui il me ferait les poches en partant, pour vérifier que je n'emporte pas l'argenterie, et son père n'est pas loin de penser la même chose, visiblement.
- C'est dommage, vous allez nous manquer, souffle Marie si gentiment que les larmes me montent aux yeux, malgré moi.
J'ai un peu honte de les avoir abusés comme ça mais je me convaincs que c'est mieux pour tout le monde qu'ils ne sachent pas la vérité –surtout pour le patriarche, Dominique. La plaisanterie ne le ferait pas rire, je le soupçonne d'avoir encore moins d'humour que son frère Philippe, ce qui n'est pas peu dire.
Louis a l'air ému aussi, Emmanuel me lance des coups d'œil circonspects, se doutant de quelque chose. A plusieurs reprises au cours du repas je surprends mon frère en train d'envoyer des SMS sous la nappe, comble de la grossièreté.
- Tu vas arrêter, oui ? je lui murmure à l'oreille entre deux bouchées.
- Désolé, j'essaie d'empêcher une catastrophe, marmonne-t-il à son tour.
Je le foudroie du regard mais il est obnubilé par son portable, tapant comme un fou en douce, sous la table. Les autres feignent de ne rien voir, à part Pierre qui sourit ironiquement.
Marie m'interroge à présent sur mes études, très intéressée par mon cursus. Je ne sais pas si elle l'est vraiment ou si elle se montre juste polie mais je lui sais gré de cette innocente conversation, dans un climat plutôt hostile.
« Bon Dieu, mais tu vas arrêter ! » je grince entre mes dents à Emmanuel, à bout de nerfs.
- Impossible. Je te jure que je fais ça pour toi…
Au moment où il laisse échapper un « merde » à mi-voix la sonnette de l'entrée résonne, faisant se retourner les convives, sauf mon frère. Il me lance un regard désespéré, je m'accroche à la nappe, malgré moi.
- Qui ça peut bien être, à cette heure–ci ? demande Marie en se levant d'un bond.
Nous entendons une exclamation et des voix étouffées dans l'entrée, tout le monde fixe la porte, surpris. Comme dans un cauchemar je vois entrer Sébastien dans la pièce, suivi par une Marie inquiète.
« Je peux savoir ce que tu fais là ? » me demande-t-il gravement, je sens mes jambes se dérober sous moi.
« Je… tu, enfin je vais t'expliquer… Mais comment tu… ?» je balbutie, plus morte que vive.
- Mais qu'est-ce que tu fais là, Seb ? lance Louis, abasourdi. Vous vous connaissez ?
En un quart de seconde je me dis que je dois rêver –ou alors c'est un cauchemar- je me croirais dans un vaudeville, avec portes qui claquent et amants dans le placard. Du pur Feydeau, il me semble que j'entends les rires du public –même si les ficelles sont un peu grosses.
- Oui, je connais un peu Mélanie, on vient de se marier, fait-il, amer. Désolé de gâcher une si bonne ambiance.
Marie a pâli, Dominique et Pierre sont franchement indignés et Louis semble avoir reçu un coup de massue sur la tête.
- C'est une plaisanterie, n'est-ce pas ? tente-t-il en nous regardant tour à tour, en vain. Amélie ?
« J'ai tout fait pour essayer d'éviter ça » me murmure Emmanuel, désolé. « Mais il n'a pas voulu m'écouter » ajoute-t-il en me montrant son portable.
- Alors c'est vous la fiancée de Sébastien ? demande Marie en me dévisageant. Mais pourquoi vous ne nous l'avez pas dit ?
Je regarde son mari qui me foudroie du regard -le même type de regard que celui de son frère, au début- en priant pour disparaître sous la table.
A suivre…
Ah là, là, on en sait un peu plus mais ça se complique pour Mélanie !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Comme tu dis ! Merci de suivre mon histoire, ça me fait très plaisir !
· Il y a environ 8 ans ·Nathalie Bleger