Love letters 17
Nathalie Bleger
Chapitre 17
Mélanie
Le passager de la pluie
Alors que tous les regards passent de Sébastien à moi, attendant je ne sais quel coup de théâtre, je me lève et je le rejoins à la porte, l'emmenant doucement vers l'extérieur. Ils sont tous bouche bée, Marie, Dominique et leurs fils, on croirait que le ciel vient de leur tomber sur la tête. Dans l'entrée le chien se précipite vers moi et me fait la fête, Sébastien me fixe durement, les lèvres pincées :
- Depuis quand tu t'appelles Amélie ? C'est quoi cette comédie ?
- Écoute, je vais t'expliquer. Viens, on va faire quelques pas dans la propriété, je suis sûre que tout le monde nous regarde par fenêtre.
- Tu trouves ça poli de partir comme des voleurs ? Je n'ai même pas salué mes cousins.
- Ils comprendront. Viens, faut qu'on parle, tous les deux. C'est vraiment une journée de fous… D'abord Emmanuel, et puis toi. C'est dingue. Je n'en reviens pas. C'est pas un rêve, hein ? C'est la réalité ?
- Vu ta tête c'est plutôt un cauchemar de me revoir. Je ne t'ai pas beaucoup manqué, fait-il d'un ton plein de reproches.
Je ne l'ai jamais vu si blême et vexé, je cherche sa main mais il me la refuse d'un geste sec.
- Mais si, tu m'as manqué. Je te jure. J'étais juste… paumée, complètement paumée. Quand j'ai lu ces lettres, ça m'a fait un tel effet… Je ne peux pas t'expliquer. Comme si tout s'écroulait. Je ne pouvais pas rester, je ne pouvais pas affronter ça. Je suis désolée, dis-je d'une toute petite voix, honteuse. Tu me comprends ?
Il s'arrête et me fixe avec dureté, comme si j'étais une voleuse ou une criminelle. Je lis tant de déception dans son regard que ça me fait mal au cœur, une souffrance aiguë, fulgurante.
- Non, répond-il simplement. Non, je ne te comprends pas, Mélanie. On vit ensemble depuis trois ans, on se marie pour le pire et le meilleur, et tu me quittes sans un mot, un matin. Comment tu veux que je comprenne ?
- Mais je te l'ai dit ! C'était insoutenable pour moi, de penser que tu étais peut-être mon frère. J'ai pété un plomb, voilà ! Ca arrive, non ?
Son regard ne s'adoucit pas quand il me lance avec colère :
- Oui, ça arrive de péter un plomb, mais ça ne dure pas plusieurs jours. On réfléchit et puis on revient. Ou au moins on téléphone. Tu as appelé ton frère, Mélanie, ton frère. Même pas moi ! C'est ça ton amour pour moi ?
J'ai envie de le prendre dans mes bras et de le consoler, je sens une telle détresse en lui qu'il me fait pitié. Soudain je regrette terriblement ce que j'ai fait, je voudrais tout effacer, recommencer et lui dire combien je l'aime, combien il m'a manqué. Je fais un pas pour le prendre dans mes bras, il se dégage froidement.
- Je suis désolée, Seb, pardonne-moi. Je… je ne me rendais pas compte je crois. Je n'ai pensé qu'à moi.
- Tu l'as dit ! Tu te rends compte de ce que ça m'a fait de ne pas te trouver au réveil ? L'angoisse que ça été ? Et tes SMS débiles qui me disaient de ne pas m'inquiéter ? Non mais tu te rends compte ? explose-t-il, faisant fuir le chien.
- Pardon, pardon… Je ne savais pas comment t'expliquer, je ne trouvais pas les mots. Ne crie pas, je t'en supplie, dis-je la gorge nouée.
Sébastien donne un grand coup de pied dans les gravillons, je tente tant bien que mal de le faire avancer vers la route, pour qu'on ne nous entende pas. Quand j'imagine Marie ou Louis derrière les rideaux j'ai envie de fuir, de ne jamais reparaître devant eux, tellement je me sens mal. Je suppose que mon frère doit être soumis à la question en ce moment, je le plains mais quelque part j'aime mieux que ce soit lui qui leur dise tout.
- Tu ne trouvais pas les mots ! Une future prof de français ! Non mais t'es complètement conne ma pauvre Mélanie ! Ou alors c'est moi que tu prends pour un con ?
- Sébastien…
- J'en ai marre, tu entends ? Marre de tes mensonges ! Dis-moi tout maintenant, ou je me tire définitivement.
- Mais je te l'ai dit… J'ai trouvé une lettre qui m'a fait penser que notre mariage était incestueux et comme c'est un courrier que je n'aurais pas dû lire j'ai fui, parce que je ne savais pas comment t'annoncer ça. C'était tellement horrible, et j'avais tellement honte…
- Mais honte de quoi bordel ! C'était pas de ta faute, si ? C'est pas toi qui les avais écrites, ces lettres, si ?
- Non, mais…
Le chien court comme un fou autour de nous, je vois des nuées d'insectes tourner autour des lampes disséminées le long de l'allée, mon cœur bat à tout rompre. Je ne suis pas sûre de reconnaître l'homme que j'ai épousé, ou alors c'est moi qui ai changé, en peu de temps.
- En fait, dis-je avec difficulté, je n'ai pas découvert les lettres au matin de notre mariage…
- ?
- J'avais commencé à les lire beaucoup plus tôt, quand on s'est connus. Tu vas me trouver idiote mais c'est à cause d'elles que j'ai pris contact avec vous, à l'époque. Un jour que je m'ennuyais j'ai découvert des lettres d'amour, d'amour fou, et… j'ai voulu savoir qui les avait écrites. C'est comme ça que je t'ai rencontré.
Sébastien s'est à nouveau arrêté, il penche un peu la tête en avant, je vois une lueur dans son regard, une lueur mauvaise.
- Tu rigoles ? Tu savais tout depuis le début et tu ne m'as rien dit ? Mais tu t'es bel et bien foutu de ma gueule, alors ?
- Mais non, je ne savais rien, ce n'étaient que des suppositions, et elles étaient fausses, en plus. Je comprends maintenant que je me suis construit tout un roman à partir de rien, j'étais folle, à ce moment-là.
- Mais pourquoi tu ne m'as rien dit, bordel ?
- Je t'en ai parlé… un peu. Je t'ai montré des photos de nos parents, rappelle toi. Et je n'étais sûre de rien. Mille fois j'ai failli t'en reparler mais je ne savais pas comment aborder le sujet. Et puis après… après il était trop tard. Et je t'aimais.
- Tu m'aimais ? Joli imparfait, madame la prof. Tu m'aimais ! Belle preuve d'amour, en effet. Tu m'as caché tout ça pendant trois ans ?
- Mais ce n'étaient que des soupçons, et puis je ne voulais pas te perdre. S'ils s'étaient avérés je t'aurais perdu, et je ne le voulais pas. Je te jure que c'est vrai, Seb. Je te jure…
Il m'observe avec attention dans la pénombre, cherchant sans doute à démêler le faux du vrai.
- Tu m'aimais, hein ? reprend-il avec amertume.
- Je t'aime, Sébastien. Je te le jure. Sinon pourquoi je me serais mariée avec toi ?
- Qui sait ? Je n'ai pas la réponse. Je ne te connais pas, Mel, du moins je ne te connais plus. Ça fait horriblement cliché mais tu n'es plus la jeune fille que j'ai épousée. Tu es une menteuse, et tu me mens depuis trois ans. TROIS ANS ! Putain, j'arrive pas à le croire, dit-il en balançant un coup de pied dans un caillou. Tu m'as eu pendant trois longues années… j'en reviens pas.
- Non…
Je tremble comme une feuille, terrifiée par sa colère et ses cris. Je ne trouve plus rien à dire, plus d'excuse, tout me paraît faux, illusoire. Aurais-je volontairement menti tout ce temps ? Pourquoi ? L'image de mon beau-père me vient furtivement, je la chasse. Je me rends compte que ces années n'ont été qu'une fuite en avant, que la catastrophe était inévitable, dès le début. Toujours ces histoires de moulins à vent. Je croyais quoi ? Je voulais quoi ? Les pensées se bousculent dans ma tête, j'en viens à douter de moi-même.
- Ben voyons ! Et pourquoi tu es ici ? Pourquoi tu te fais appeler Amélie ?
- Je… c'est compliqué.
- Sans blague ? Vas-y, je t'écoute, dit-il en croisant ses bras devant lui, moqueur.
- Sébastien…
Le pire reste à venir, je ne sais déjà pas expliquer le plus simple, alors comment expliquer ma présence ? Un instant je me demande si je n'ai pas perdu la tête, brièvement, si ça pourrait être une explication pratique. Un lointain bruit de volets détourne mon attention, c'est une chambre du deuxième étage. La chambre de Louis.
- Alors, je t'écoute ? reprend-il avec un petit sourire narquois. Je te fais confiance, tu es une littéraire, tu as beaucoup d'imagination. Alors ? Qu'est-ce que tu fous chez mes cousins ?
- Seb, calme-toi, tu me fais peur. Je veux bien tout te dire, mais promets-moi de ne pas hurler, ni te mettre en colère. Je te jure que tu me terrifies…
- Moi ?
- Oui, toi.
Mon état semble enfin le toucher, il recule et soupire :
- OK. Excuse-moi. Mais ça me rend fou tes cachotteries, tu comprends ?
- Oui. Oui, je comprends. Tu as raison, je n'ai pas d'excuse, pour le reste non plus. Quand j'ai fui l'hôtel je suis montée dans le premier bus venu, pour Bordeaux. Sans valise, sans papiers, sans argent.
- Avec l'argent du mariage quand même… et c'était une jolie somme.
- Oui, tu as raison. Je ne savais pas où aller, je ne voulais voir personne. J'étais comme folle, je fuyais sans savoir où j'allais, j'avais l'impression que ma tête allait exploser. Et puis dans un village j'ai vu de la publicité pour le domaine « Château Delmas » et je suis descendue du bus, et venue ici. Je sais, ça paraît dément. Mais je me suis dit que… je ne sais même plus bien. Que peut-être j'en découvrirais plus ici, sur ces fameuses lettres.
- Voyez-vous ça ! Et alors ? Tu as appris quoi ?
- Rien. Je me suis fait des illusions. Comment aborder le sujet avec ton oncle ? Impossible. Alors j'ai pris un faux nom, une fausse identité, je me suis trouvé un petit job et voilà.
- Et voilà ? Tu te fous de ma gueule ?
- Pardon ?
- Je ne crois pas tes salades, Mel. Pas un instant. Je pense que tu es une aventurière, une coureuse de dot, et que tu t'es aperçue que cette branche-ci était beaucoup plus fortunée que la mienne.
- Quoi ?
- Oui, parfaitement. Ou alors tu voulais me faire chanter, ou faire chanter mon père avec ces lettres, ou je ne sais quoi, mais tu es une arriviste doublée d'une menteuse. Tu me dégoûtes !
- Sébastien ! je crie alors qu'il s'éloigne à grandes enjambées vers la maison. Sébastien !
Son pas résonne dans l'allée, le chien aboie comme un fou sur ses talons, je reste immobile, en état de choc, au milieu de l'allée qui mène à la route.
oOo oOo oOo
Au bout d'un long moment je vois une silhouette approcher de moi, un gilet à la main. Les yeux embués par les pleurs je ne reconnais pas tout de suite Marie, la mère de Louis, qui passe son bras autour de mes épaules :
- Venez Amélie, ne restez pas comme ça, toute seule dehors. Excusez-moi, j'ai tellement l'habitude de vous appeler Amélie… Ça nous a fait un drôle de choc vous savez, de découvrir que vous étiez la fiancée de mon neveu. Sa femme, plutôt. Mais rentrez, l'humidité va tomber, vous n'allez quand même pas passer la nuit dehors. Venez avec moi.
Je reste muette et figée, incapable de faire un pas, et encore moins d'affronter toute la famille Delmas. C'est un cauchemar, je vais me réveiller, il n'y a pas d'autre solution…
- Votre frère nous a raconté ce qui s'était passé. Ce n'est pas si grave, il ne faut pas vous mettre dans des états pareils, je vous assure. Vous n'avez rien à vous reprocher, j'en suis sûre. Venez, nous allons rentrer…
- Et Sébastien ?
- Il s'est enfermé dans une chambre, j'ai cru comprendre que vous vous étiez disputés. Ça arrive à tous les couples, pas vrai ? Et puis il est un peu soupe au lait, vous le connaissez. Je me rappelle quand il était petit et qu'il jouait avec ses cousins, il était très mauvais perdant, très râleur. C'est notre Sébastien, il est comme ça…
- Mais il était pas comme ça, avant.
- C'est parce qu'il tient à vous. Votre disparition lui a fait un choc, c'est tout. Venez, dit-elle en me tirant doucement par le bras. On va s'installer dans la cuisine, pour prendre une tisane, ça nous calmera. Tous les hommes sont couchés, de toute façon.
Quelques instants plus tard nous nous trouvons dans la grande cuisine, le chat me saute sur les genoux en ronronnant et j'essaie de me détendre en cessant de trembler, tâche difficile. Une délicate odeur de cannelle emplit l'atmosphère, la boisson brûlante me fait du bien, me détend peu à peu. Marie bavarde gaiement, comme si de rien n'était, mais son regard bleu dur ne me quitte pas, subrepticement. Après m'avoir raconté ses disputes avec son mari – qui ne m'intéressent pas - elle demande doucement :
- Pourquoi êtes-vous venue ici ?
- Je…
Je pourrais raconter que c'est par hasard mais elle n'y croirait pas. Et moi non plus. Je sens une douceur chez elle, presque une connivence, qui m'incite à lui faire confiance :
- Je voulais en savoir plus sur les liens entre nos familles, avant ma naissance. J'ai découvert des lettres, dont une qui parlait d'un bébé, et j'ai su après que votre mari était impliqué.
- Des lettres ? Je ne savais pas qu'il y avait des lettres… Mais je ne sais pas tout, Dominique ne m'a pas tout dit. Il n'est pas bavard vous savez, et la tranquillité est au prix de certains silences. Des silences douloureux, mais c'est ça ou la rupture, et quand on a des enfants. Que savez-vous ?
- Presque rien. Ma mère n'a rien voulu dire.
- Je comprends… je comprends aussi votre besoin de savoir. Quand on est jeune on est intransigeant, on veut tout savoir, tout maîtriser. Après on accepte tellement de choses… bref. Alors je vais vous raconter, du moins ce que je sais, moi. Vous voulez encore un peu de tisane ?
- Oui, merci.
- Quand j'ai connu Dominique, il y a plus de 20 ans, j'ai tout de suite « flashé » sur lui, comme on dit maintenant. Il était venu ici reprendre le domaine vinicole de son oncle, qui était malade, et moi je travaillais dans les vignes. Il était jeune et il avait encore des cheveux, à l'époque, et une drôle d'étincelle dans le regard. Il me plaisait, je ne sais même plus pourquoi. Ou si. Il était sérieux, presque sombre, pas dragueur comme mes copains de l'époque et je trouvais ça bien. Enfin, comment est-ce qu'on sait ce qui vous plaît, ou pas, chez quelqu'un ? Et puis il avait l'air triste. Si triste. C'est idiot, mais je me suis mis en tête de le consoler. Je savais qu'il avait connu une déception sentimentale, mais je n'ai pas cherché plus loin. Il n'y avait que l'avenir qui m'intéressait…
Elle s'interrompt, le regard dans le vague. Le chat ronronne de plus belle et me chauffe les cuisses, tout est calme dans la demeure.
- Tout allait bien, nous avions eu deux enfants quand soudain il a changé. Il était nerveux, parfois distrait. Je n'ai pas réagi tout de suite mais je me suis aperçue que c'était lié à nos visites chez son frère. A notre retour il n'était plus le même, il ne me touchait plus. Alors j'ai un peu interrogé autour de moi et j'ai découvert que c'était lié à votre mère, sa grande déception sentimentale d'adolescent. Elle était souvent là l'été, quand nous allions chez Philippe. D'après ce que j'ai compris, elle était sortie avec lui de longues années pendant leur adolescence puis elle s'était détachée, en devenant étudiante. Sauf que lui ne s'en est pas détaché et a souffert longtemps, avant notre mariage.
- Mais que s'est-il passé ?
- Je n'ai jamais exactement su, mais toujours est-il qu'un été, sans doute au cours des fêtes que nous faisions tous ensemble à l'époque – avec vos parents - ils se sont retrouvés…
Un pli amer souligne ses lèvres et ses mains tremblent, je comprends combien l'aveu est difficile.
- Ça a été un choc horrible, vous savez. J'ai surpris une conversation téléphonique entre eux, c'était horrible. Il lui disait des mots comme il ne m'en a jamais dit, jamais. Je suis désolée, je sais que c'est votre mère mais vous vouliez tout savoir, alors…
- Et qu'est-ce qu'ils se disaient ? dis-je avec un drôle de pressentiment. Ils parlaient de quoi ?
Marie ferme les yeux douloureusement puis murmure :
- Marie – c'est drôle qu'elle s'appelle aussi Marie, non ? J'ai toujours pensé que ce n'était pas un hasard, je ne crois pas au hasard - Marie lui annonçait qu'elle était enceinte. De lui.
Sous le choc j'ouvre la bouche toute grande, le chat saute par terre en miaulant, Marie me fixe avec compassion.
- Je suis désolée de vous apprendre ça comme ça, ma petite Amélie, mais vous vouliez savoir la vérité.
- Et après ? dis-je, bouleversée.
- Et après j'ai fait une scène à Dominique, j'ai exigé qu'il ne la revoie palus jamais et nous avons eu deux autres enfants, souffle-t-elle dans un soupir. Il fallait bien continuer à vivre, pas vrai ? Et vos parents ont divorcé, je crois. Nous n'avons plus jamais reparlé de votre mère. Jamais.
Je fronce les sourcils, quelque chose ne colle pas, je ne sais pas quoi. Je cherche dans mes souvenirs, recoupant les dates.
- Mais mes parents ont divorcé seulement après la naissance de mon frère !
- Ah oui ? Alors le bébé… ce n'était pas vous.
- Emmanuel ? dis-je sidérée. Mais… Attendez Marie, je vais chercher quelque chose, ne bougez pas.
En grimpant les marches deux à deux je réalise pourquoi maman n'a jamais rien voulu avouer : c'était pour protéger Emmanuel, pas moi. Le soulagement est intense – je n'ai pas de lien de parenté avec Sébastien - mais intuitivement je sens qu'un truc cloche, dans cette histoire. Et je trouverai quoi.
J'entre dans la chambre plongée dans l'obscurité, une silhouette apparaît sous les draps. Apeurée, je m'approche. Ouf, c'est mon frère. Pas Sébastien. Pas le temps de m'interroger sur une éventuelle ressemblance, je fouille dans mon sac et j'en extrais le paquet de lettres. Je redescends l'escalier sur la pointe des pieds et rejoins Marie qui termine la vaisselle dans sa cuisine.
- Je voudrais vous montrer quelque chose, dis-je en lui tendant une des lettres du paquet –une des moins enflammées. Est-ce que c'est l'écriture de votre mari ?
- Non, dit-elle avec étonnement.
oOo oOo oOo
Je n'ai presque pas dormi de la nuit, à m'interroger sur ces fameuses lettres. Une partie du mystère est résolue - ce fameux secret que me cache ma mère, la naissance d'Emmanuel - mais ça n'explique pas les lettres, pas du tout. Ou alors elle aurait aussi eu une aventure avec mon beau-père Philippe, avant ou après Dominique ? C'est tellement incroyable, ça lui ressemble si peu et pourtant… Est-ce que je ne la connais pas du tout ou est-ce qu'après ces déboires elle a changé du tout au tout ?
Du coup la possibilité d'être quand même apparentée à Sébastien resurgit, c'est un vrai cauchemar. Et comme tous les cauchemars je crois m'en sortir et je replonge indéfiniment, ressassant les mêmes scènes, les mêmes doutes.
Et l'engueulade de hier soir avec lui, quelle horreur. Une main glacée me serre le cœur, j'ai envie de vomir, recracher toute cette haine qu'il m'a transmise, sa colère. Ses mots sont ancrés en moi, je ne l'avais jamais vu comme ça, je n'avais jamais perçu une telle amertume, avant. Nous avons changé tous les deux, en si peu de temps que c'est inexplicable. Ou alors nous avons toujours vécu sur des illusions, mais c'est une possibilité qui me fait horreur.
Comment revenir en arrière, reprendre notre vie juste après ou avant le mariage, quand tout allait bien ? Est-ce qu'il reste une chance, ou pas ?
Le jour pointe à travers les rideaux, je décide de me lever pour mettre fin aux pensées qui tournent indéfiniment dans ma tête, une question en appelant une autre, puis encore une autre, dans un tourbillon infernal.
J'ai à peine posé le pied par terre que j'entends une voix ensommeillée :
- Tu fais chier, putain. Tu pourrais pas dormir un peu ? T'as pas arrêté de te retourner et de soupirer, j'ai presque pas dormi, maugrée mon frère.
- Pardon, excuse-moi. Rendors-toi, il est encore tôt.
- Mouais. Et si tu crois que c'était coton, hier soir, de tout raconter à la famille de Seb ? Si tu les avais vus ! Les écailles leur tombaient enfin des yeux, ils étaient sidérés. Surtout Louis, il avait pas l'air bien. Pas bien du tout. Merci du cadeau, petite sœur. Comment ça s'est passé avec Seb au fait ? Il avait l'air fou furieux quand il est rentré.
- Mal. Il ne comprend pas. Il m'en veut à mort…
- Ah ça ! Je peux le comprendre. Tu l'as pas joué fine, sur ce coup-là. Et si en plus tu l'as trompé.
- Quoi ? dis-je ne me retournant vers lui. Mais non, c'est n'importe quoi !
- C'est pas ce que le rouquin avait l'air de dire, hier soir. Tu sais, son cousin, là, je sais plus son nom. Quand Seb est rentré il lui a lancé « Elle t'a dit qu'elle était très proche de Louis, ta petite femme ? ». J'ai cru que Seb allait le pulvériser, l'autre s'est tiré rapidement mais ça n'a rien arrangé, tu penses bien.
- Oh non, c'est pas vrai ! Je te jure que c'est faux, il n'y a rien entre nous, en plus il est fiancé.
- Oui, et toi tu es mariée. En principe. Tu crois que ça empêche les sentiments, ce genre de choses ?
- Oh non, non, c'est pas vrai, c'est pas possible, dis-je en sentant mes yeux me piquer. C'est pas juste, pourquoi il m'en veut, ce crétin de Pierre ? En quoi ça le regarde ? Déjà que Sébastien était fou de rage…
Un profond découragement me tombe sur les épaules, si le destin s'en mêle on est fichus, on ne s'en remettra jamais. L'absurdité de la situation m'accable, j'ai fait connerie sur connerie, finalement tout part en vrille et c'est bien fait pour moi, quelque part.
- Allez, fais pas cette tête-là, s'il t'aime tout s'arrangera, j'en suis sûr. C'est pas un mauvais bougre, le Seb. Il est juste un peu soupe au lait, mais ça passera. Il a été vexé dans son honneur de mâle, mais si vous prenez le temps de discuter je suis sûr que ça va s'arranger.
- Hum… si tu le dis.
- Si tu souhaites que ça s'arrange, bien sûr, marmonne-t-il sous les draps, mine de rien.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Oh, pour rien. De toute façon ça ne me regarde pas. Dis donc, tu t'es couchée tard hier, qu'est ce que t'as fait tout ce temps ?
- Eh bien, j'ai discuté avec Marie, la tante de Seb. Longtemps.
- Ah ? Et t'as appris quelque chose ?
- Je…
Comment lui annoncer que notre père n'est pas son vrai père ? Dois-je même lui dire ? J'imagine le choc que ça doit être, je ne voudrais pas vivre ça. Une forte angoisse me serre le cœur, je ne sais plus quoi faire. Je le regarde, à moitié enfoncé dans son oreiller, avec sa touffe de cheveux qui dépasse, on dirait un gamin.
- Je… oui, j'ai un peu avancé. En fait j'ai découvert que l'amant de maman c'était Dominique, l'oncle de Seb, et pas Philippe, son père, dis-je dans un souffle, sans respirer.
- Waouh, quelle bombe ! Trop fort ! Mais alors… le bébé ?
- Ce n'était pas… enfin, il n'y a pas eu de bébé, j'ai mal compris. Enfin si, il y a eu un bébé, mais pas entre eux, enfin tu comprends ?
- Pas tout, non. Mais bon, l'essentiel c'est qu'il n'y ait pas de lien de parenté entre vous, pas vrai ?
- Oui. Oui, tu as raison, dis-je d'un ton faussement assuré.
- Ben t'as pas l'air contente, qu'est-ce qui se passe ?
- Oh, c'est à cause de la scène avec Seb, hier soir. Je me sens vraiment mal, tu sais.
- Écoute, va le voir, dis-lui qu'au moins le mystère est levé, ça arrangera déjà beaucoup de choses, j'en suis sûr, fait-il en baillant. Moi je crois que je vais rester encore un peu au lit, si tu permets.
Je m'enferme dans la salle de bain, anxieuse. Oui, un mystère est levé, mais tout n'est pas aussi clair que ce que j'ai voulu lui faire croire, hélas.
oOo oOo oOo
A la table du petit déjeuner tout le monde mange en silence, le père lève les yeux sur moi, je rougis. Pierre attrape son bol et quitte la pièce, Louis m'ignore. Seule Marie se lève et m'embrasse : « On fait partie de la même famille maintenant, pas vrai ? ». J'acquiesce, gênée puis je m'assois. Marie me sort un bol et se penche vers moi : « Sébastien se prépare à partir, tu devrais peut être lui parler, non ? ». Son regard est si compatissant que je me relève en demandant :
- Il est dans quelle chambre ?
- Au fond du couloir. Juste à côté de la tienne. Ton frère va descendre déjeuner ?
- Pas tout de suite, non. Je crois qu'il s'est rendormi. Vous voulez que je le réveille ?
- Non, non. Pas de souci. Bon courage, souffle-t-elle en me faisant un petit clin d'œil.
En grimpant les escaliers je me demande comment aborder Sébastien, surtout après la bourde de Pierre. Ma main tremble sur la rambarde, je frappe doucement à la porte.
- Qu'est-ce que tu veux ? me demande un Sébastien furibond, la valise à la main.
- Tu repars ?
- Oui. Je ne veux pas gâcher ta lune de miel avec mon cousin.
- Pourquoi tu dis ça ? Je te jure que Pierre ment, il ne s'est rien passé. Je ne sais pas ce qu'il a contre moi, celui-là, mais il m'emmerde depuis que je suis arrivée.
- Peut-être parce que lui n'a pas eu droit à tes charmes…
- Oh Sébastien, comment tu peux dire ça ? Tu me connais, non ? Tu sais que je ne suis pas comme ça. S'il te plaît…
Il me fixe méchamment, la main sur la poignée de la porte :
- Mais tu veux quoi, à la fin ?
- Mais… rentrer chez nous. Vivre avec toi. Partir en voyage de noces…
- Rien que ça ! Tu changes vite d'avis dis-moi. Tu ne serais pas revenue si je ne m'étais pas déplacé pas vrai ? Alors j'ai du mal à croire à tes remords, ils un peu tardifs. Et pour le voyage de noce, les billets sont expirés depuis longtemps, c'est dommage. Tu crois qu'on peut repartir comme ça, comme s'il ne s'était rien passé ? Tu te fous de moi ?
- Non. Je sais que j'ai eu tort, je sais que ça va être difficile, mais on ne va pas foutre en l'air notre mariage comme ça, si ?
- C'est toi qui l'as foutu en l'air, je te rappelle, martèle-t-il. Toi.
Soudain je n'ai plus de force dans les jambes, je crois que je vais tomber, m'écrouler par terre, devant cette porte. Je murmure « Arrête. Arrête, s'il te plaît » en m'asseyant sur le bord du lit, nauséeuse.
- Ça m'impressionne pas, tes simagrées ! tonne-t-il en me lançant un regard noir.
- Mais je te jure…
Ça y est, cette fois je pleure à gros sanglots, je hoquette et je renifle, une vraie catastrophe. Je voulais garder ma prestance jusqu'au bout mais je n'y arriverai pas, pas moyen. Sébastien me regarde avec méfiance, fait mine de partir puis soupire et finit par me rejoindre, en passant ses bras autour de mes épaules :
- Bon, allez, pleure pas, ça n'en vaut pas la peine.
- Si ! si, ça en vaut la peine, justement. Sébastien pardonne-moi, laisse-moi repartir avec toi, je veux rentrer, j'en ai marre. J'en ai marre, tu comprends, ça fait trop de stress, je suis trop fatiguée. J'allais rentrer, je te jure. Je l'avais dit à Marie, à tout le monde. Je voulais te revoir…
Il me regarde longuement, pas convaincu, puis se penche vers moi et murmure :
- Tu sais, on n'est peut-être pas faits l'un pour l'autre. Peut-être que cette crise prouve qu'il y avait un malaise entre nous, un malaise qu'on ne voulait pas voir. De toute façon ce sera difficile de reprendre, de faire comme si rien ne s'était passé, tu comprends ?
- Oui, mais je veux recommencer. Je ne veux pas tout foutre en l'air comme ça, sur une idiotie. C'est important pour moi, et je m'en veux déjà assez comme ça. J'ai agi comme une imbécile, s'il te plait, pardonne-moi. Je sais que j'ai fait n'importe quoi, je m'en rends compte maintenant. Mais je ne pensais pas que ça t'atteindrait autant…
Il sourit et m'embrasse à travers mes larmes :
- D'accord. Tu as raison, c'est idiot de tout gâcher à cause d'une embrouille liée à nos parents. Tu es sûre que tu ne préfères pas qu'on se sépare ?
- Oui. Je suis sûre. Partons, je t'en prie, tout de suite.
- Décidément c'est une manie chez toi, la fuite. On va quand même dire au revoir à la famille, non ? Ils sont plutôt sympas mes cousins, pas vrai ?
- Pas Pierre, non.
- Et Louis ? interroge-t-il en me fixant droit dans les yeux.
- Il est très gentil, dis-je en soutenant son regard – alors que je me sens pas très fière de moi.
- Très bien. On y va, et on rentre. Moi aussi j'en ai assez de ces histoires. Mais tu sais, dit-il en me serrant fort la main, si tu n'es pas heureuse, si ça ne va pas, j'aimerais que tu me le dises, plutôt que disparaître.
J'opine, mal à l'aise, et nous descendons prendre un café et dire au revoir à la famille mais il n'y a plus que Marie, les autres sont déjà partis.
- Comment vont les tourtereaux ? demande-t-elle gentiment en ébouriffant les cheveux de Sébastien.
- Bien. Mieux, répond Seb en s'asseyant. J'ai faim ! Tu as encore ta délicieuse confiture de fraises des bois ?
- Oui, oui.
- Miam ! Et des cannelés ?
- Gourmand ! Oui, il en reste encore, mais pas beaucoup. Je peux vous en refaire, ajoute-t-elle en me souriant.
Elle s'active pour nous préparer le petit déjeuner, je me sens enfin bien, presque rassurée. Le café est délicieux et me réconforte, je me dis que je dois avoir une tête affreuse, les yeux rouges et bouffis. Marie fait mine de ne s'apercevoir de rien.
- On ne va pas rester longtemps, tatie. On a un voyage de noces à rattraper !
- Ah, c'est bien ça. Vous avez raison, il faut en profiter, tant qu'on peut. Tant qu'on est jeunes. Vous irez où ?
- On avait réservé à Venise, mais c'est un peu banal, non, Mel ?
- Tu trouves ?
- Oui. Tu sais quoi ? Je vais te faire la surprise, OK ?
J'acquiesce, Marie sourit :
- Je suis si heureuse que vous vous soyez réconciliés. Tout ça pour de vieilles histoires, quelle misère…
- Tu es au courant ? interroge Seb, la tartine en suspend.
- Emmanuel a tout raconté à ta famille, Seb. Enfin, presque tout.
Sébastien nous regarde tour à tour, je perçois la gêne de Marie qui s'essuie les mains et prétexte un coup de fil pour quitter la cuisine.
- Elle sait tout ? demande-t-il, sourcils froncés.
- En fait, elle en sait plus que nous.
- Vraiment ?
- Oui. On a longuement parlé hier soir, et je sais avec qui ma mère a couché, à l'époque.
- Ah ? Et alors ?
- Avec ton oncle Dominique. Et ce n'est pas tout. Ils ont eu un fils.
- Sans blague ? Alors ça, c'est trop fort. Mais qui ?
- Emmanuel, bien évidemment. Heureusement, ce n'était pas moi. J'avoue je suis pas mal secouée par cette révélation, et je n'ai rien osé dire à mon frère. Tu te rends compte du choc ? Voilà pourquoi ma mère ne voulait rien dire : pour le protéger.
Sébastien reste muet, interloqué. Il touille son café longuement, l'air distrait, je vois le chien courir autour de Marie, par la fenêtre.
- C'est incroyable. Je n'en reviens pas. Mon oncle Dominique, lui si rigide ! Alors là je n'y comprends plus rien.
- Mais ils sortaient déjà ensemble étant jeunes, rappelle-toi.
- Ah oui, c'est vrai. J'ai quand même du mal à le croire. Mais qu'est-ce que mon père vient faire dans cette histoire ? interroge-t-il enfin, la petite cuillère en l'air.
- C'est toute la question. Je n'en ai aucune idée.
Nous entendons des pas dans l'escalier, c'est Emmanuel qui vient de se lever et nous rejoint dans la cuisine, en pyjama. Il nous scrute, perplexe, puis s'assoie en se grattant la tête :
- On peut avoir un café vous croyez ?
- Oui, oui, sers-toi. Il y a en dans la cafetière. Ma tante en prépare toujours pour un régiment.
- Vous êtes rabibochés tous les deux ? lance-t-il, méfiant.
- Je crois qu'on peut dire ça, rigole Sébastien. Finalement je garde ton insupportable sœur, à l'essai.
- Et bien bon courage ! Mais la laisse pas se tirer, cette fois. Peut-être que tu devrais lui mettre un collier…
- … ou la faire tatouer. Bonne idée !
- Merci, les gars, merci.
Marie entre à nouveau, suivie de Louis, en costume cravate, prêt à aller travailler.
- Maman m'a dit que vous alliez partir, alors je viens vous dire au revoir.
Il se penche pour m'embrasser sur la joue, je retiens mon souffle, priant pour ne pas être écarlate. Son eau de toilette est agréable, je ferme brièvement les yeux. Je sais que Seb nous observe, nous n'avons pas droit à l'erreur, même si on n'a rien à se reprocher. Marie chantonne en bavardant joyeusement, je devine qu'elle a senti la peine de son fils, elle tente de faire diversion.
- Eh bien bon vent, Seb. Je vous souhaite d'être heureux, dit Louis en évitant de me regarder.
- Merci, répond simplement Seb.
- J'ai été ravi de faire ta connaissance, Amél… Mélanie. Bon courage pour ton futur boulot, dit-il d'un ton grave.
- Merci. Bonne continuation à toi.
Il tourne les talons et la gorge me serre, même si c'est idiot. Je suis mariée, merde, et j'ai demandé à Sébastien de reprendre la vie commune, alors pourquoi ce pincement au cœur ? Je le suis des yeux dans la cour, le chien sur les talons, et c'est comme si un pan de ma vie s'achevait, même s'il a été bref. Il faut que je me ressaisisse, absolument. Amélie n'existe plus, elle n'a jamais existé, fini les vendanges et les discussions tardives avec lui, fini ma vie de patachon.
Ma vie, ma vraie vie, c'est Sébastien, et elle ne fait que commencer.
Sans trop attendre nous plions bagage et nous montons tous les trois dans la voiture de Seb –de Louise plus exactement- direction la maison de ma grand-mère. Emmanuel et Sébastien bavardent longuement de foot ou de tennis, je regarde les paysages défiler en me demandant pourquoi j'ai l'impression de m'éloigner de chez moi. La fatigue, sans doute.
- Bon alors tu as eu toutes les réponses, on n'a pas fait tout ça pour rien, jubile Emmanuel en s'étirant. C'est incroyable que maman ait eu un amant, je croyais que c'était papa qui était en tort sur tout. Vraiment, ça me sidère. Toute la morale qu'elle nous fait, tout le temps ! C'est fou, non ? Ça m'épuise rien que d'y penser. Je crois que je vais piquer un petit somme, encore.
Sébastien se tourne vers moi, du regard je lui intime l'ordre de ne rien dire. Seb comprend et se tait, mais je sais qu'il est préoccupé, comme moi. Sa conduite est un peu brutale, je le sens stressé.
Le chemin est bien trop court et déjà nous arrivons déjà à destination. Maman se précipite vers moi et me serre longuement contre elle, me répétant qu'elle m'aime et qu'elle a eu si peur, oh si peur…
J'ai un peu de mal à soutenir son regard, surtout maintenant que je sais. Je connais ses errances, sa folie – du moins en partie. Je la vois différemment, comme une femme et plus seulement comme une mère, et je me demande ce qu'elle cache encore derrière ses larmes. Elle me gronde gentiment mais je n'ai rien à me reprocher, moi, et je le lui dirais clairement si mon frère n'était pas là.
- Ça fait du bien de vous revoir tous les trois ! Si vous saviez comme je me suis inquiétée… Mais tout est bien maintenant, vous êtes là. Sébastien, nous sommes invités par ton père à dîner ce soir, nous serons tous ensemble, enfin.
- Mon père ? Ça ne lui ressemble pas, rétorque Seb, sourcils froncés.
Ma mère hausse les épaules et lance d'un ton léger : « Comme quoi on change ! Ça va être une belle soirée, j'en suis sûre… »
A suivre… pour la fin ! Merci à vous qui suivez cette histoire, merci d'être toujours là, semaine après semaine.
J'ai un regret comme Mélanie de voir partir Louis...ils s'aiment ces deux là ! J'aimerais qu'ils se retrouvent.
· Il y a environ 8 ans ·Louve
Quelle superbe chanson ! Je pense reconnaître la voix de Nicole Croisille ?
· Il y a environ 8 ans ·Louve
Je comprends... c'est un peu la quadrature du cercle pour Mélanie/Amélie... Bientôt la fin !! Merci d'avoir suivi mon histoire :)
· Il y a environ 8 ans ·Nathalie Bleger
Oui, en effet, c'est une reprise de l'original par Nicole Croisille. C'est vrai qu'elle est superbe.
· Il y a environ 8 ans ·Nathalie Bleger
c bizarre. je trouve la charge émotionelle des personnages disproportionnée par rapport à l'histoire. ils parlent tous comme s'ils avaient la mort aux trousses
· Il y a environ 8 ans ·Humes Heinz
Vraiment ? c'est quand même un chapitre clé de l'histoire, donc ils ne sont pas indifférents. Merci de suivre mon histoire !
· Il y a environ 8 ans ·Nathalie Bleger
ok ok
· Il y a environ 8 ans ·Humes Heinz
Mais tu as peut-être raison, c'est un peu trop... à tout de suite pour la fin ?
· Il y a environ 8 ans ·Nathalie Bleger