Lovecraft, fragments

saurimonde

Mon point de vu personnel à l'égard des questions d'esthétique a toujours était basé sur la crainte devant le mystère du cosmos, la sensation dominante a été une sorte d'émerveillement extatique devant les étendues insondables de l'espace obscur, et les joyaux scintillants des nébuleuses, du soleil, des planètes. Parmi ce drame kaléidoscopique immortel et sans limite du temps et de l'espace infini, tout ce qui est terrestre et humain paraît se rétrécir jusqu'à devenir insignifiant, il y a à mes yeux une sorte d'affreuse ironie dans la simple affirmation du point de vu humain, dans l'exaltation, la célébration ou même l'observation détaillée des méprisables processus organiques du pouls dégoûtant appelé Hommes.

Je ne pourrais jamais prendre l'humanité au sérieux même si je le voulais et cela me fait plutôt mal au cœur de voir la vision d'un poète attachée aux sensations et aux affaires vulgaires de cet espèce d'insectes rampants, j'aime considérer l'univers comme une intelligence cosmique isolée en dehors du temps et de l'espace, sympathisée non seulement avec l'Homme, mais avec les forces opposées à l'Homme ou avec des forces qui n'ont rien à voir avec l'Homme et qui ne se rendent même pas compte qu'il existe. L'Homme est comme le polype du corail, destiné à construire de vastes édifices magnifiques, minéraux, pour que la lune se place à les éclairer après sa mort. Je ne peux m'empêcher de rire devant la prétention des intérêts humains à être d'une importance suprême lorsque à travers des gouffres illimités de lumières insolites et d'obscurités hantées soufflent les vents de l'éther dont les habitants monstres et génies et laids, ne connaissent pas le nom de l'Homme.

J'ai vu le sombre univers béant
Où les noires planètes roulaient sans but,
Où elles tourbillonnaient, dans leur horreur inaperçues,
Sans connaissance, lustre ou nom.


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