Lucky

Il était fois une petite fille, dans une petite ville, qui avait pour unique désir de passer par tous les chemins, faire le tour du monde, vivre pour toujours. « Ne jamais dire jamais, tu peux mieux faire », c'est ce qu'elle se répétait.

Sa mère avait décidé de l'appeler Lucky une nuit où le ciel était parfaitement dégagé, et tandis qu'elle fixait les étoiles qui brillaient devant ses yeux. Elle pensait que ce prénom lui porterait chance. Je ne sais pas si elle a eu raison.

Car Lucky est là, à nouveau seule avec elle-même, assise sur le banc en pierre devant la véranda au fond du jardin, repensant à ce qu'elle a fait de mal et aux choses qu'elle aurait dû comprendre avant.

Je repense juste au passé, aux promesses qui n'en seront jamais. J'ai sincèrement essayé de faire de ma vie un film intéressant mais je n'aurais jamais été que la briseuse de cœurs.

Toute ma vie, j'ai joué avec le feu, j'aurais dû apprendre de mes erreurs ou peut-être ne pas chercher de logique à tout cela. Inconsciemment, je savais que je faisais les mauvais choix, mais je n'ai jamais été intéressée par la normalité.

Lui, avait l'habitude de me surnommer « R.I. » pour « Reine Immortelle », parce qu'il savait que dans mes veines coulait du poison. J'étais l'une de ces filles dont la beauté n'a d'égal que l'absence de tout sentiment humain. Incapable de ressentir de l'affection pour quelque être que ce soit. Je n'avais jamais eu d'amis car la seule amie dont j'avais besoin était moi-même. Ce caractère ne m'a pas empêché de tomber amoureuse d'un homme... qui ne m'aimait pas de la même manière que moi.

Lui, se comportait avec moi en usant de toute la force dont il pouvait faire preuve. Et j'aurais pu mourir dans ses bras, entre ses mains, tant que mes lèvres étaient contre les siennes... J'étais persuadée que le Paradis se trouvait sur Terre, et j'aurais fait n'importe quoi pour lui. Il m'a relevée en me tirant par les cheveux. Il m'a frappé au visage mais c'était ça le vrai Amour, le seul.

Nous aurions pu déménager dans une autre ville, un autre pays, quelque part où personne ne nous connaissait. Recommencer tout depuis le départ. Mais à quoi bon ? La violence poussée à son extrême était notre principe de conduite. Que Dieu nous pardonne et bénisse notre union... Je pleurais des larmes glacées,  aussi douloureuses que les épines d'une rose. La peau de mes joues était toujours abîmée mais j'étais chaque jour un peu plus heureuse que la veille. Je l'ai aimé la première fois, je l'aimerai jusqu'à notre dernière fois.

Une nuit, vers quatre heures du matin, j'ai entendu des sirènes résonner comme un concerto pour violon. J'aurais pu mourir tant qu'il était près de moi, cela m'était complètement égal. A chaque coup je ressentais son amour. L'aimer, ce n'était jamais assez. J'en voulais toujours plus. Lui aussi. La mort ne paraissait rien face à la profondeur du lien qui nous unissait.

Lucky n'avait aucun problème. Elle se mentait parce que la vérité était trop difficile à affronter. Elle  dû fuir malgré elle. C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée seule, à traverser l'Europe à la recherche de la vie qu'elle avait perdue. A la recherche des promesses non tenues. A la recherche de l'homme qu'elle aima jusqu'à son dernier soupir.