Le meilleur des prompts - Épisode 1 - LUI

petisaintleu

"Présente un héros dans une histoire futuriste où une société hautement technologique, dirigée par une intelligence artificielle, maintient un strict contrôle sur la reproduction et l'identité de ses membres. Appelle le héros LUI. »

 

Pour la cinquième fois consécutive, LUI-Z-12748 avait été élu le membre le plus éminent de sa communauté. Considérer cette distinction comme un honneur, c'était ignorer les conditions dans lesquelles il évoluait.

LUI, comme son genre. Si, d'un point de vue purement physiologique, la reproduction n'était plus à l'ordre du jour, ON n'avait pas encore réussi à supprimer ces organes pour annihiler cette incongruité. ON envisageait de pratiquer la castration chez les mâles et de recoudre les lèvres des femelles, pour tendre vers une forme d'uniformité. Le jour où ON y parviendrait, il était évident que le préfixe disparaîtrait.

Z, comme la communauté qui l'hébergeait. Pour des raisons d'organisation et de contrôle, ON limitait à 20 000 le nombre d'individus par colonie. Chacun occupait une place précise et immuable. LUI s'occupait de remplir la paperasse. Étonnamment, certains postes privilégiaient encore l'écriture manuscrite. Elle aurait pu être facilement remplacée par l'intelligence quantique.

Quant aux chiffres, ils correspondaient simplement au numéro de la puce implantée le jour où ON l'avait extirpé du liquide amniotique. Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé n'avait plus de signification ; 12748 ressemblait trait pour trait, chromosome pour chromosome, atome pour atome, à LUI-A-1 ou à LUI-CY-19999.

Le temps ne s'écoulait pas de manière linéaire. Cela n'avait plus aucun sens. Dieu avait été supprimé, tout comme toute référence qui pouvait évoquer le moindre angström de repère par rapport à ce qui fut, à ce qui est ou à ce qui sera. En quoi les bytes qui dominaient chaque acte, chaque individu et chaque neurone auraient-ils à se soucier du lendemain ? Le plasma à base de silicium possédait une demi-vie de l'ordre de l'infini.

Précisons bien : LUI n'avait pas été élu pour la cinquième année consécutive, mais pour la cinquième fois. L'élu était désigné quand des décillions de calculs à la puissance gogol avaient procédé à tous les recoupements. Ils permettaient d'affirmer qu'aucun bug, même de l'ordre du femtomètre, ne viendrait remettre en doute le fait qu'il fût aussi pur qu'une particule élémentaire. À vrai dire, il ne s'agissait pas de désigner un champion. Ce serait une hérésie, terme d'ailleurs sacrilège que nul, LUI ou ON, ne serait en mesure de définir. Il s'agissait avant tout d'un moyen de s'assurer de la cohérence des algorithmes.

ON le constaterait plus tard : cet archaïsme serait le grain de quark qui sonnerait son glas.

LUI n'était que le troisième à atteindre ce stade. Plus par la certitude de son intégrité que pour le gratifier, ON décida d'octroyer à LUI une sortie par-delà les murs de Z. C'était le domaine des drones et des robots dont les tâches consistaient à s'assurer qu'aucune espèce, animale ou végétale, ne vienne perturber l'équilibre de l'E-cité.

Les LUIs et les ELLEs ignoraient ce qui se passait en dehors de leur environnement de béton et de bitume. ON pouvait dire qu'il s'en moquait. Mais, une fois encore, le terme est impropre. Pour le comprendre, je ne vois que l'analogie d'un virus évoluant dans l'ignorance, dont le seul horizon est une enveloppe nucléaire.

LUI était-il content de cette gratification ? Était-il excité, angoissé ou curieux ? Rien de tout cela. LUI était, tout simplement. LUI était en quelque sorte le stade ultime du lobotomisé, l'acmé de l'imbécile heureux, l'Everest du crétin des Alpes.

Au mieux, et encore, il prit ceci comme une mission imposée, sans rechigner. ON lui avait déjà demandé d'en effectuer au-delà de ses attributions, après qu'ON l'eut conditionné. Dans ce cas, rien de tel. La seule chose qu'ON lui demanda était de se promener.

Les cinq sas s'ouvrirent les uns après les autres. Une forêt, digne de ce que les historiens nommèrent autrefois la forêt Charbonnière, s'étendait devant son regard. Des odeurs, des couleurs et des sons inédits lui sautèrent au visage.


(À suivre...)

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