L'ultime fumée.

antoine-rivier

"Waterloo,Waterloo,Waterloo,morne plaine..." Victor Hugo.

Le Duc de Montebello n'a pas réussi à montrer comment meurt un maréchal de France,aucune balle ne veut percer son panache vert,aucun boulet ne lui sied.Ses cuirassiers se brisent sur les carrés Anglais,sans relâche et sans haine,avec cette folle énergie du désespoir qui fait accomplir aux hommes de grandes choses.

Au loin,on se prépare à donner,le 1er régiment de Tirailleurs Corses arme le fusil,huile la fourchette.En paix.Il a déjà donné à Ligny et à Quatre-Bras,il ne craint plus,ce beau régiment de paysans et de bergers au bandeau noir et à la barbe épaisse.Au centre,les yeux balayant cette sublime horreur,l'officier-encore un enfant- tire le sabre,le tambour s'active,les pas foulent l'herbe,pas un bruit ne vient s'opposer à cette procession funèbre.

Ils marchent,lentement,sans haine,sans rage,sans peur.Au loin,on peut déjà apercevoir les bouches de fer Anglais,ils pointent sur leurs infortunés insulaires,qui,déjà,tombent en douce pluie rouge sur la plaine des désespérés.Au côté du tambour,un grand tirailleur à la barbe noire et aux yeux couleur nuit,le menton fier et le front rouge,paisible,tient encore à ce morceau de vie qui s'échappe de son corps.Les Corses tombent.

Dans l'étendue de la plaine,dans le cri des vainqueurs et des vaincus,au son des buccins,aux plaintes des mourants,des "Sauve qui peut!",un cri vient réveiller ces héros anonymes,une clameur venue des profondeurs ravive le coeur de ces braves:

"MERDE!"

                              Le Général Cambronne tient encore.

"Les plus beaux héros sont ceux dont on a oublié les noms".

Antoine Rivier.

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