M. Frousse.

leternelle-insatisfaite

Monsieur de la Frousse court derrière moi. Il est invisible et silencieux. Personne ne le voit, sauf moi. Ses yeux sont noirs et me glissent dans un fossé où nagent des mots mal digérés, des mots secs, des mots amoureux, des larmes de mots. Les mots qui vivent sous les couleurs de mes vernis. Des mots bleus, roses, rouges, jaunes, verts, noirs. Des mots noirs qui cotoient mes idéaux. Des mots que j’ai laissé agrippé à mes pores, des mots qui rient du délire de mes syntaxes. Des mots mélancoliques de la place que je ne leurs est pas donné. Des mots tristounets, des mots abandonnés par mes mains. Des mots qui ne se sont pas rendus aux papiers. Des mots qui sont restés en moi, grandissant nuit et jour, mangeant toutes la chairs qui les englobe. Je suis enceinte de mots, qui ne veulent que sortir, s’épanouir. Être à la grandeur de leurs désirs, de leurs chairs, de leurs capacités. ÊTRE, aussi beau et grand que la force poétique qui se noircit en eux. Il y a des mots beaux, des mots tristes, des mots qui ment, des mots oubliés qui griffent mon estomac. Ils pleurent le destin qui est le leur. Ils croquent dans mon âme et mangent la confiance que les mots choyés me procure. Des millions de parcelles de mots sont en moi, indigérés et malheureux. Des mots qui ont oubliés de sauter sur le crayon. Des mots trop patients. Je veux qu’ils se rebelle, qu’ils sautent dans toutes les sens. Qu’il empêchent mon corps de fonctionner. J’ai envie de les vomir. D’être coincée des heures et des nuits, des virgules et des points, je veux être attacher à mon clavier. Que le violet de mes doigts noircit la page blanche que reflète mes songes. Mon liquide corporel est odorant, déstabilisant, horrible et assoiffé. Il meurt dans mon corps et tue une parcelle de ma vie. Les mots se noient en moi, ils rammolissent perdent de leurs saveurs, comme des vieilles céréables oubliés sur un comptoir.

J’ai peur de ces cafards qui dorment près de mon coeur. Il transforme mes sentiments, mes envies, des désirs. Ces mots horrifient mes propres mots. Les mots du moments, les mots du présent sont mordus, soutenus, par les vieux mots. Ces mots que j’ai abandonné, qui ont continuer de venir au monde, mais que j’ai laissé mourir. En espérant un jour, ne plus avoir à faire avec ces monstres, ces boulets. Les mots ne disparaissent jamais. S’ils naissent en vous, pressez-vous de les accoucher. Écrivez-les. Donnez leurs une vie, parce qu’ils resteront dans votre chair et mangeront l’énergie de vos coeurs. De vilains insectes vivent en moi et tuent sans défense, les mots qui ne cessent de naître dans ma chair.

J’ai peur de mourir. De perdre ces mots. Les maux qui tourmentent mes songes m’aident, ne nuisent, sont de moi. Vivent de mes songes, de mon plus profond moi. La personne qui sourit sur mes lèvres, qui brillent sous mes yeux, qui prends la main de ce garçon. La personne qui aime, qui pleure, qui fait l’amour, qui détruit. La personne qui est la mienne, s’évapore à cause des maux, les maux de l’Avenir. L’Avenir que l’on chante. La force d’être sous un titre. Pas un titre littéraire, un fucking titre sociétaire. Les titres du futur, du bonheur, de la réussite. Des titres que l’on mangent le soir au souper, sans savoir que l’on entouré, mur, plancher, télé, journaux, idéaux, mains, baisers, serviettes. tout est empreignés de titre, de parcours idéaux.

Écrire ce n’est pas le parcours de mon père, ni de ma mère. Écrire c’est un luxe, une arrogance. Papa a bouclé la ceinture de ses sentiments et a permis à son estomac de se nourrir sans cafards. Ma mère s’est laissé enveloppé par une confiance absolue, par des valeurs sures. Par un travail qui m’a donné bottes, mitaines, soupes, nutriments, soutien-gorge et manuels de géographie. Maman m’a permis tout cela, sans mourir de peur, sans se mordre les lèvres, sans craindre l’échec ou la désapprouvation de la vie. Mes parents ont fait le choix d’être des moules, des gens forts. Maman et papa, sont des héros dans mon coeur et dans mes songes. Ils mettent un filtre entre être, aimer. J’y arrive pas. Je suis un bébé gâté. Une insoumise, une petite princesse que l’on doit prendre par les ailes. Je ne veux pas faire des bébés à la vie si fades que l’on a . Je veux pas me conformer à un moule.

Écrire, c’est déranger. Mettre des mots sur des choses que l’on ne voit même plus. Arrêter le temps. Écrire c’est sentir l’amour égratigné notre peau, c’est sentir l’odeur des marguerites dans ses mains. Écrire c’est se soigner, se soigner d’un monde qui ne prends pas la peine d’être. Un monde sans artifice qui continuerait sans moi, un monde où mon corps est passagers, où mon esprit est temporel. La vie, l’art, l’amour, tout est que de passage. Écrire c’est mettre sur stop des gens, des émotions. Écrire c’est se mettre soi-même sur stop, écrire c’est faire ce que dont tout le monde rêve. L’art aussi. Mettre sur pause son existence et la regarder passé en continuant salé ou sucré, d’ÊTRE.

La frousse c’est les besoins. La nourriture qui se doit d’être dans mon corps. La chaleur qui doit nourrir mon corps. L’éducation qui hydrate mes lacunes. L’argent, ce monstre ensanglanté qui court dans mon esprit. J’ai peur de n’être qu’ordinaire. De me laisser tomber à la solution facile, de ne pouvoir faire vivre ses cafards vivant en moi, ces mots qui naitront dans mes songes. Je crains de perdre contre lui. J’ai peur qu’il court plus vite, qu’il me saute dans le visage et qu’il suce toutes traces d’art et de sensibilité de ma verve.

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