M le mot-dit

axelbolu

Enfermé. J'ai cru pourtant pouvoir en sortir indemne. Passer sous les balles et atteindre l'autre rive. J'ai cru plus longtemps encore pouvoir m'évader rien que par la pensée, prendre mes jambes à mon cou, faire le dos rond et m'étirer à travers les barreaux. Telle de la pâte à modeler.

J'ai pesé le pour et le contre. J'ai envisagé la mort aussi fort que j'espérais vivre encore. Il a fallu le doser, il a fallu le sonder, il a fallu le tailler aussi. Ce rêve improbable de pouvoir croire qu'on échappe à soi-même. Au-delà des préjugés, au-delà des étiquettes, comment les convaincre de ce qui m'apparaît évident : je suis moi et c'est comme ça. Je suis innocent car je suis sincère.

Alors j'ai cessé de fuir, cessé de croire. J'ai négocié comme on négocie ce qu'on veut dans les prisons d'aujourd'hui. J'ai vendu mon corps à qui en voulait. J'ai ciré les pompes à qui voulait briller. Et je l'ai enfin eue la clé de ma porte... Je l'ai ouverte et je me suis barré comme j'ai pu.

Je l'ai chargé et j'ai tiré. J'ai tenu le flingue à l'envers. Si j'ai vu rouge ce n'est pas de haine. Il a fait son boulot mon geôlier, il m'a ouvert en grand. Il a enfin servi à quelque chose ce CALIBRE.

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