Ma dissonance

sandrinerebelle

LA DISSONANCE

Quelle peut être belle en musique cette dissonance...Quelle allure revêt-elle lorsque les notes viennent créer une tension unique, qui font  qu’un accord banal glisse doucement dans une mélodie tonique. Avec «l’homme à la moto» d’Edith ( Piaf ),   nous pouvons facilement grâce aux notes l’imaginer prétentieux, arrogant, de cuir vêtu sur sa moto. La dissonance rythmique apporte toute sa beauté à cet homme culotté.

Si seulement cette dissonance pouvait apporter la même magnificence à l’humanité...

La dissonance  prend ici une tout autre dimension. Elle entraîne certes des tensions, mais ne rend pas la symphonie de la vie aussi harmonieuse que sur une partition. Au contraire,  sur la portée de notre existence , elle se trouve prisonnière entre un mouvement Moderato et un autre Fortissimo.  Elle cohabite entres les deux, dissonance captive volontaire de nos pensées.

Dans notre société, nos attitudes diffères en tous points avec nos comportements.

En effet,  comment faire admettre ses propres faiblesses à l’Homme, Roi de l'univers, arborant fièrement sa couronne de civilité, alors qu’il a un égo si haut perché ? Le regard pervertit qu’il pose sur la société et ses travers ne se fait que par rapport à la forme, mais jamais sur le fond.

Car voir le fond déforme notre perception égocentrique du monde qui nous entoure. Voir le le fond et non la forme reviendrait à nous faire toucher LE fond de l’abîme noirâtre de l’être humain... Et le voir est inacceptable.

Car admettre que le fond des problèmes de notre société est du à notre seule et unique faute et non à des circonstances, historiques, sociales, comportementales...Revient à conclure que nous sommes tout aussi responsables que les «circonstances» dans lesquels ont été commis les faits.

Nous sommes tous, dans cette société ou ne compte que l’ostentatoire et le consumérisme, des marionnettes dont les fils sont tirés par l’hypocrisie et la fausse bienveillance des hautes instances de nos valeurs dites morales .

Comme le Dieu Janus, nous sommes munis d’un visage à deux têtes. Une pour notre attitude, une pour notre comportement.

Notre attitude: condamner... Notre comportement: s’en prendre aux circonstances.

Entre les deux une dissonance. Mais celle-ci n’est pas passagère, et n’est nullement dû à une note étrangère.Elle est profondément marquée dans les esprits... Car celui de l’être humain a toujours peur de faire face, et préfère pour mieux admettre, trouver des circonstances, et, ainsi rendre le désaccord entre attitude et comportement moins douloureux.

Parlons en des circonstances, elles font la une de tous nos journaux.

« Il était totalement réintégrable dans la société»...Meurtre de Marine 8 ans.

«Les services sociaux devaient passer dans la journée»...Meurtre de Bastien 3 ans. 

«Nous n’avons fait qu’appliquer les préceptes divins»...Décès de trois enfants ayant été battus à mort après la lecture de « To train Up a Child» rédigé par le couple Pearl, monsieur étant pasteur d’une magnifique bourgade dans le Tennessee.

Tout le monde se consolent avec ces piètres « circonstances «, se dédouanant ainsi de sa propre implication, son propre consentement tacite, face à ses comportements plus que barbares, qui renvoient l’être humain à un simple animal, brutal, agressif et dénué de tout sens moral.

L’Homme se doit de constater que notre société à échouer dans son rôle le plus primordial. Celui qui fait que nous sommes censés être le dernier croquis de Darwin.

Ne sommes nous pas là, nous qui donnons la vie, pour protéger envers et contre tout, y compris de soi-même nos progénitures ?

Nous ne devrions pas simplement nous contempler dans notre narcissisme , dans le miroir aux alouettes que nous nommons «circonstances».

Nous sommes réduits, dans l'inconscient totalitaire de cette humanité à ne pouvoir que «condamner» alors qu’il faudrait que nous prenions collectivement conscience du fait que nous sommes tous plus où moins coupables de laisser faire de tels actes .

Il est facile de tenter de les rationaliser en trouvant une réponse toute faite dans la société, en l'occurrence ici  «nous avons fait ce que nous devions», pour expliquer les conduites barbares que nous nous refusons de voir, à défaut de pouvoir les fuir.

Qu’il est facile de mettre la photo de ces enfants sur son mur FaceBook, qu’il est aisé de «forwarder» le lien sur Twitter, en s’indignant. Qu’il est facile de se donner bonne conscience...

Mais n’avons nous aucun moyen de réduire cette dissonance, pour que nos pensées soient en accord avec nos actes ? Si seuls nos actes nous jugent, nous sommes dans un tribunal ténébreux, où quelques taches de lumières, insuffisantes pour nous faire parvenir à la lueur de nos comportements s’y trouvent. De ce fait nous ne sommes coupables de rien, et notre conscience s’en trouve forte aise, acceptant pour ne point souffrir de se mentir à elle-même.

Subir cette énorme dissonance est comme être assoiffé, affamé... Que ne ferions nous pas pour réduire à néant ces sensations qui nous font souffrir ?

Nous n’avons pas encore d'antalgique pour l’ atténuer , donc le seul moyen et de trouver à son prochain quelque chose qui pourra rendre plus acceptable ces actes de barbaries, et de réduire cette dissonance qui s’insinue dans nos veines.

Serait il donc plus facile, pour nous, dotés d’un libre arbitre, dotés du langage, de l’esprit, de tout ce qui fait que nous sommes Homme au lieu d’être animaux, de réduire la dissonance entre nos actes et nos pensées, plutôt que d’admettre une nouvelle idée ?

Une idée qui nous montrerait du doigt, tous autant que nous sommes, coupables à des degrés différents de n’avoir rien fait pour sauver l’humanité de la cruauté que les hommes ont envers eux, et plus particulièrement envers des enfants sans défense, dont nous diront plus tard, qu’ils sont victimes des conséquences .

Mais quelles solutions pourrions nous envisager pour jeter une bouée dans ce monde en perdition. Que pourrions nous faire afin que les victimes ne soient plus les jouets de notre renoncement. 

Admettre que certains puissent avoir en eux cette cruauté animale reviendrait à penser que l’homme, véritable loup dans sa meute, ne peut se conduire «ad vitam eternam» comme être civilisé. Cela reviendrait à croire que nous ne sommes pas parfaits. Mais ça nous le savons la perfection n’est pas humaine, mais tendre à y croire nous fait fermer les yeux sur les défauts d’une humanité toute entière...

La solution ne serait elle pas d’ouvrir les yeux sur le manque d’objectivité à notre égard ? Ainsi nous pourrions être capable de voir que nous avons tous en nous des défauts, une part de cruauté qui ne demande qu’à exploser, qui ne dépend ni du statut social, ni de l’éducation, donc d'aucune circonstances, mais simplement du fait que nous soyons des Hommes...Encore que «mais  c’est un Homme» peut s’apparenter à une circonstance atténuante...

Alors quelles solutions ?

Aucune ne me vient à l’esprit, si ce n’est d’accepter que dans notre société, nous trouverons toujours des personnes monstrueuses, capables des pires actes de barbaries.

Ils sont comme une épidémie dont on ne trouve aucun vaccin et dont on doit se protéger.

Accepter leurs existences et leurs actes sont les premiers pas vers la réduction de nos dissonances. Il ni a qu’en affrontant nos cauchemars que nous n’en aurons plus peur.

De la même façon qu’une grande majorité ne regarde jamais en face « un simple d’esprit» par peur d’une contagion imaginaire, nous devons passer outre nos peurs, affronter cette réalité.

OUI il y a des gens assez cruels sur cette terre, sans distinction d'aucune sortes,  pour frapper à mort des enfants, pour les violer, les assassiner . Je les vois je les condamne et me demande chaque jours ce que je peux faire pour tenter de trouver une solution. Je les vois et je tente de comprendre leurs comportements. Compréhension ne veut pas dire acceptation. Comprendre s’est apprendre à mieux se défendre.

Il ni a que de cette manière que nous pourrons agir..... Pour un monde meilleur, pour nos enfants, j’ose encore croire.... J’ose encore avoir une confiance suffisante dans l’humanité pour espérer pouvoir combattre ses démons...Les regarder en face, ne pas nier leurs existences. Admettre sans excuser, comprendre leurs esprits dérangés pour à l’avenir faire en sortes que cela n’arrive plus.

Ne soyons pas utopistes mais un brin optimistes.

Sandrine LM©

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