Ma lettre au Père Noël

Laurent Ottogalli

Il s'appelait Noël,

Il me prenait sur ses genoux,

Me chuchotait des messes basses,

M'disait qu'ça devait rester entre nous,

En douce, sortait son vert missel, hélas,

Et moi, je croyais au Père Noël…

 

Cela s'passait derrière l'église,

Ou à l’arrière, à l’autel,

Me prenait pour un enfant de chœur,

Me faisait croire chemin faisant,

Me faisait faire mon chemin de croix,

Les bras en croix me crucifiait,

Me faisait vivre un vrai calvaire,

C'était la croix et la manière…

Alors, se créait le secret, se nouait le drame,

Se dénouait la soutane…

Après, là, le prêtre était trop près,

Il n'avait d'yeux que pour l'enfant,

Il le prenait pour l'Enfant-Dieu,

N'voyait pas les larmes dans ses yeux…

Notre Père qui êtes odieux, êtes-vous aux cieux ?

 

Moi, je sentais l'abbé bête qui montait,

M'ensaignait le fondement de l'Église,

L'érection des églises, il m’a eu…

U comme union forcée !

Il m'a couché dans la douleur,

Un attouchement difficile…

Peu avant l'aube, il remettait son surplis,

Moi, j'retournais à mon lit, défait,

Des faits à déplorer…

Je pleurais en silence, la douleur lancinante…

 

Maint’nant, j’crois plus au Père Noël,

J'suis dev'nu hostile à l'hostie,

Le corps du Christ m'a rendu triste :  

Des coups de pied au culte, occulte.

Malgré mes prières, il m'a encore pris hier,

Juste avant d’m’endormir,

Insoutenable souvenir…

 

Ce délit, des langues et des bourses qui se délient :

Un prêtre défroqué, traître et très culotté,

Mais un curé déculotté, un curé décalotté,

Pas prêtre d'être révoqué,

Un prêtre en violet bien en chaire,

Violer des êtres chair et faibles

De belles envolées, des enfances volées…

Vers quel cardinal se tourner

Pour dénoncer au Concile l'abus,

Dénoncer des conciliabules,

Des nonces et des cons s’il y a bulle,

Des noms c'est tout, du papier bulle,

Du pape la bulle…

Du Pape, maint’nant : moi, j’m’en tape !...

Maint’nant, je mets de l'eau dans mon vin

Quand j’pense à leurs burettes.

L'absolution est leur solution absolue :

J'ai avoué, bon dieu !  ma confession,

Mais j'ai trouvé le Bon Dieu sans concession…

Leurs armes, les versets,

Les miennes, mes larmes versées,

Agenouillé…

De toute cette engeance, ma vengeance 

Tient en ce billet

Prêtres pédophiles, allez vous rhabiller…

 

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