Ma liberté de penser

Dominique Capo

pensée philosophique personnelle

Les deux textes sur la croyance ou la non croyance ont suscité diverses réactions ; à vrai dire, je m'y attendais. Mais, celle qui m'a fait bondir et immédiatement réagir est celle-ci : « Dans ce cas, lis le Coran ».

Je tiens à souligner que j'ai lu, étudié, décortiqué, analysé, exploré, etc. la Bible, la Torah, et le Coran – mais pas seulement – durant des années. Au cours de mes recherches sur la Genèse des civilisations, des religions, des mythes et des légendes à la Bibliothèque Nationale, ces livres à la base des dogmes dont nos sociétés sont imprégnées ont été l'une des nombreuses sources, l'une des nombreuses références, dont je me suis servi pour comprendre de quelle manière telle ou telle société humaine s'est développée ; ses concepts idéologiques, sociaux, historiques, traditionnels, philosophiques, etc. à travers les ages ; et ce, jusqu'à nos jours.

Malgré tout cela, les personnes qui m'interpellent sur ces sujets que je connais sur le bout des doigts, et au sujet je remets mes savoirs à jour régulièrement, me considèrent comme un ignorant. Comme une personne inculte concernant ces thèmes sur lesquels je suis autant – voire davantage parfois – instruits qu'eux. Je sais dans quelles conditions ces textes sacrés ont été rédigés, par qui, pourquoi, dans quel contexte politique, à quelles fins idéologiques, etc. Mais non ! Constamment, ces « Docteurs de la Foi » - en grande majorité Chrétiens ou Musulmans – remettent en cause le fait que je puisse en savoir autant ou plus qu'eux sur leur religion. Sans connaître tout ce que j'ai appris au cours des dizaines d'années que j'ai passées à me pencher avec minutie sur les sources auxquelles ils se réfèrent, ils me jugent inapte à la lecture de ces récits. Sans savoir que j'ai suivi le cheminement intellectuels, philosophiques, religieux, concernant les motivations qui les ont engendrées, qui ont été leurs rédacteurs ; ou et quand ils ont été ensuite modifiés, interprétés, choisis, tronqués, adaptés, etc., ils jugent ce qu'ils imaginent ce que je sais ou ce que je ne sais pas de la religion. Ils n'acceptent pas la contradiction ou une façon de voir les textes ou les dogmes différente de la leur. Ils n'acceptent, en fait, que la soumission à Dieu et à ses préceptes.

Pire encore, parce que je suis athée, ils me jugent perdu. Ils me jugent voué aux gémonies. Ils s'indignent que je ne suive pas leurs croyances. Ils tentent de m'évangéliser, alors que je ne souhaite pas l'être.

Ma liberté est mon bien le plus précieux, et je le défendrai corps et âme. Ce n'est pas parce que je n'ai pas de religion, que je n'ai pas de morale, que je ne sais pas ce qu'est le bien et le mal, la bonté ou la méchanceté, la tolérance ou l'intolérance. Ce n'est pas parce que je n'ai pas de religion que je n'ai pas de convictions, d'idéaux, de projets, de rêves, etc. Ce n'est pas parce que je ne crois pas que le phénomène religieux ne m'interpelle pas. Je ne m'y soumet pas, tout simplement. J'ai ma propre vision de ce qu'est que croire. Elle est uniquement différente de la leur. Et elle me convient ainsi, elle me rend heureux, épanoui. Et n'est-ce pas là l'essentiel ?

Ce prosélytisme effréné est une insulte à mon intelligence. Que ces personnes aient besoin de se référer à telle ou telle mouvance religieuse – Chrétienne, Musulmane, Juive – ne regarde qu'eux. Qu'ils se disent que ceux qui ne partagent pas leurs convictions ou leur vision du monde, de l'univers, et de la place de celui-ci en leur sein, doivent être convertis, me dérange. Cela me hérisse au plus haut point. Cela me rappelle les tentatives de conversion forcées qui se sont perpétrées à différentes périodes de notre Histoire, que ce soit en Europe ou ailleurs. Ce prosélytisme est une tentative délibérée et acharnée de me faire ressembler à quelqu'un que je ne suis pas. C'est une atteinte à mon individualité, à ma personnalité, à mes convictions, à mes connaissances, à mon chemin de vie, à mes choix de vie. C'est vouloir faire de moi un clone de mon voisin.

« Lis le Coran », pour reprendre le terme que j'ai évoqué au début de ce texte. Comme un autre aurait pu me dire « Lis la Torah » ou « Lis la Bible », « Car si tu lis ces textes sacrés, tu trouveras la Vérité, tu trouveras Dieu ». Mais, ces personnes pensent-elles – en sont-elles capables, déjà – que je peux ne pas avoir le désir de m'appuyer sur ces Livres pour construire ma vie ? Peuvent-ils s'imaginer que je n'en n'éprouve pas le besoin, la nécessité ? Que j'ai d'autres sources qui me contentent spirituellement, qui m'enrichissent intellectuellement, humainement ? Non, bien sûr que non, la seule référence viable à leurs yeux est leur religion et les enseignements issus des textes qu'on leur a promis comme étant la Vérité.

Or, pour moi, il n'y a pas qu'une vérité, il y en a des dizaines, voire davantage, en fonction de l'angle intellectuel, philosophique, historique, sociologique, etc. selon lequel on se place. C'est un premier point. Ensuite, m'ont-ils demandé si je voulais suivre leur Vérité, si celle-ci me convenait, m'apportait quelque chose, me rendait heureux ? Non plus ! Ils décrètent arbitrairement, sans me consulter, sans me demander mon avis, que je serai heureux, serein, apaisé, grâce à leurs dogmes et leur religion. Or, je peux l'avouer, il n'en n'est rien. Cela ne concerne que moi, mais je les considère plus comme des chaînes, une prison, un moyen de soumission et d'asservissement.

Je préfère construire ma pensée, mes convictions, mes rêves, mes ambitions, par moi-même, au fil de mes épreuves et de mes expériences, de mes rencontres et des connaissances acquises tout le long de mon existence. Et c'est parce que c'est avec tout ce que j'ai acquis, et tout ce que je vais encore au fil des années et des décennies à venir, que je peux partager, échanger, dialoguer, apprendre ou enseigner ; que mon individualité peut apporter aux autres un peu de ce que je suis ou de ce que j'ai. Ce n'est pas en étant le clone de mon voisin, parce que j'aurai appris les mêmes enseignements que lui, les mêmes références idéologiques ou religieuses que lui, que je pourrais lui apporter ce que mon parcours m'a enseigné ; et lui ne pourras pas m'apporter ce que son parcours personnel lui aura enseigné. Puisque nous serons semblables, nous n'aurons rien à échanger. Et cela, je n'en veux pas ; et je me battrais toute ma vie, par tous les moyens qui sont à ma disposition, pour y échapper.

C'est de la diversité que vient la richesse. Qu'elle soit matérielle, physique, intellectuelle, spirituelle, par les connaissances et le parcours que l'on suit, cette richesse, cette diversité, cette liberté d'être celui qu'on désire être, est le bien le plus précieux de l'Homme. Et je m'élèverai en permanence, en toutes circonstances, ou que ce soit, en face de qui que ce soit, pour pouvoir sauvegarder cette liberté. Que ce soit la mienne ou celle des autres. Je combattrai de toutes mes forces ces dictateurs de la conscience qui estiment que leur vision de l'homme ou du monde, que leur vérité, vaut mieux que la mienne. Respecter leur manière de penser est une chose. Mais qu'ils m'imposent celle-ci, ou qu'ils souhaitent m'y convertir, je le refuse, et toute ma vie je le refuserai. Qu'ils ne respectent pas mes idées, qu'ils les nient, qu'ils nient ce que je crois ou ce que je sais, je le refuse également. Qu'ils essayent de m'interdire mon droit a m'exprimer, à exprimer mes idées, mes convictions, mes savoirs, mes rêves, ou mes ambitions, je le refuse encore. Car la liberté d'expression étant une extension de la liberté, j'ai le droit de dire tout haut, d'écrire, de diffuser, de partager, d'échanger, sur ce que je pense, sur ce que je sais, sur ce que je crois… ou pas. Et si je ne veux pas me plier ni à la Bible, ni au Coran, ni à la Torah, telle est ma liberté, et nul n'a a me la contester...

Dominique

  • Les paragraphes sur les vérités (s'opposant à une Vérité unique prônée par la religion) et sur la diversité sous toutes ses formes, comme richesse de l'humanité, sont très pertinents ! J'adhère totalement à votre combat, cependant je pense qu'il ne s'arrête pas aux religions, il y a bien d'autres courants de pensées aux ambitions conquérantes qui cherchent à aliéner notre "liberté de penser".

    · Il y a presque 9 ans ·
    Scan0017

    simon

    • tout a fait, mais le propos de ce texte était la religion, pas les autres dogmes comme le matérialisme, l'argent, la course à la performance, et tant d'autres choses, qui mériteraient des textes approfondis également

      · Il y a presque 9 ans ·
      4

      Dominique Capo

  • Vous avez cent fois, mille fois raison Dominique ! Moi, qui n'ai pas votre savoir, votre élocution, qui n'ai jamais lu le coran, la bible (quelques bribes au catéchisme) je sais, depuis toujours, (ou presque, vu que l'on m'a collé à l'église petite : communion, etc) que toutes religions sont supercherie. Supercherie pour asservir l'homme, encore plus la femme d'ailleurs pour certains. Comment peut-on croire que derrière les nuages , se cache un dieu. Je dis un dieu, car le peu que j'ai lu de toutes ces légendes, c'est qu'elles se ressemblent toutes. s'il y en avait, un accepterait t-il toutes ces souffrances. Certains, pour s'en arranger se consolent en criant bien haut : dieu l'a voulu ainsi ! Ils se complaisent dans leur ignorance et ils sont tellement formatés depuis l'enfance qu'ils se bouchent les oreilles à chaque avancée de la science. Merci pour votre texte Dominique !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • C'est un fragment de ma pensée concernant ce thème ; pas grand chose en fait. Mais en ces temps de retour à l'obscurantisme religieux, mon opinion, si infime soit-elle, je pense devoir la partager avec ceux et celles qui tiennent à leur liberté et aux valeurs que nous avons en commun..

      · Il y a presque 9 ans ·
      4

      Dominique Capo

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