Ma masseuse

Jaap De Boer

Je me nomme Sonja. Je suis d’origine lettone. Certains de mes amants ont eu la preuve de mon origine slave, non seulement par la tache mongole que je porte sur la fesse, mais aussi par mon tempérament bouillonnant. Je suis une amoureuse exacerbée, je suis une femme jalouse et suis possessive, que ce soit dans mes amours, mes amitiés ou mon travail. Bref, comme le plaisantent certaines de mes amies :
-    n’en rajoute pas, dis simplement que tu es russe…
Grâce à mon travail, j’effectue des fouilles archéologiques. j’ai passé récemment quelques mois dans une  région longtemps peuplée par les sumériens, les babyloniens et les akkadiens et que l’on a  appelée longtemps «  le croissant fertile ». Cette mission m’a été fort pénible, bien que palpitante sur un plan historique. Mais le climat désertique de l’Irak, le manque de nourriture équilibrée, les journées de travail exténuantes, les nuits courtes et l’hygiène tout à fait sommaire m’ont exténuée plus que je n’aurais pu le supposer. C’est donc avec empressement qu’à mon retour, j’ai pris rendez-vous chez un kinésithérapeute.
J’étais donc là, étendue, nue sur la table de massage, mes fesses seulement couvertes d’une serviette fraîche et parfumée à l’ylang-ylang. Une musique douce, du Mozart, si ma mémoire est bonne passait en fond sonore et des bâtonnets d’encens brûlaient dans des coupelles en cuivre d’origine maghrébine. J’étais détendue et attendais non sans une certaine impatience que mon masseur veuille bien se présenter à moi.
Une main chaude sur mon épaule. Je sursautais ! Il était là et je ne l’avais ni vu, ni entendu, tant il avait été silencieux. Qu’avait-il fait pendant ces quelques secondes de lascivité ? M’avait-il observée ? Après tout, je suis plutôt séduisante.
-    « Détendez-vous, vous êtes là pour vous relaxer, et je vais vous y aider. »
Déception : c’était la voix d’une femme. Je dois avouer avec perversité Que la pensée secrète d’une aventure sans lendemain avec un homme aux mains fermes et chaudes avait fait plus que m’effleurer l’esprit. Imaginez : j’avais vécu six mois en solitaire, presque comme une nonne dans le camp où nous étions.
Je n’ai jamais été attirée par les femmes, pourtant sa voix sensuelle me troubla. Je décidai d’évacuer toute idée scabreuse de ma tête et me laissais aller à son massage… Ses mains étaient expertes. Elles pétrissaient ma nuque engourdie et crispée et descendaient sur mes reins en glissant furtivement sur ma colonne vertébrale. Parfois, elle exerçait une pression à la naissance de mes seins et reprenait un lent mouvement caressant sur mes flancs. J’étais parcourue de petits frissons et me sentais délicieusement bien. Je jetai subrepticement un œil par dessus mon épaule pour observer entre mes paupières mi-closes ma masseuse.
C’était une superbe iranienne ,certainement métissée de sang indien ou bengali. Ses cheveux longs et huilés étaient tressés en une longue natte. Elle portait des colliers et un bracelet en argent rehaussé de pierres que je devinais être de la turquoise et de l’ambre. Malgré sa féminité animale, sa beauté était un écrin à la lame froide qui semblait  l’habiter. Ses immenses yeux noirs étaient des lacs aux profondeurs abyssales où des réminiscences de sauvagerie païenne s’y reflétaient par éclairs. Elle avait stoppé ses gestes et son sourire mi effronté- mi timide me fascina. Ses dents étaient d’une blancheur irréelle et une pointe de férocité perçait dans leur éclat d’ivoire. Nos regards s’affrontèrent un court instant : Le sien contre le mien, bleu comme les fjords de Norvège. Nos souffles étaient rapides, le sien semblait plus rauque. Alors sans bien comprendre ce qu’il se passait, j’ai reposé ma tête sur la table de massage, tout à coup épuisée. Mes épaules attendaient de nouveau la pression agréable de ses doigts agiles. Je m’abandonnais, quelque peu Lascive et mes cuisses s’écartèrent involontairement dans un geste qu’elle dut interpréter plus comme une provocation   que comme un changement de position. Quelques secondes s’écoulèrent. Soudain, je sentis entre mes fesses sa main qui me caressa d’un doux mouvement ondulant. Je ne réagis même pas à l’étrangeté de la situation. Elle proféra quelques mots et le son de sa voix ressemblait au son d’une harpe, régulier, envoûtant. Elle fit voltiger la serviette et s’ attaqua à mes fesses de manière plus énergique en les massant avec fermeté, dans un mouvement circulaire. Je sentais qu’à chaque rotation elle les écartait d’avantage pour  que mon anus et mon sexe à la toison blonde lui soient révélés en toute impudeur.  Elle posa sa langue sur mon dos qu’elle passa ensuite partout sur mes reins, entre mes fesses, autour de mes petites fossettes qui font tant craquer les hommes. Je me laissais aller et la laissais faire quand elle pénétra insidieusement mon anus-Comme un manant s’empare d’une citadelle- sans préparation, sans douceur. Sa langue, ophidienne tentait de se glisser loin dans mon sphincter et je la sentais dure entre mes fesses. De mes mains, j’écartais impudiquement mon fessier généreux pour lui faciliter la chose et poussais un halètement de louve en rut quand elle s’y fondit. Je me caressais et donnais quelques petits coups d’ongles à mon clitoris déjà gonflé de désir et de sang. Il durcit encore plus. L’image que nous formions était un mélange de beauté et de vice. J’étais étendue sur le ventre, à quatre pattes, fesses en l’air et je m’offrais dans un mouvement de reptation vicieux dont mon intruse profitait pleinement dans un délire de bave et de souffle chaud. Elle prenait maintenant d’assaut mon vagin gluant de plaisir et y enfonça son index et son majeur. Elle les ressortit tout trempés de mes effluves féminines et me les offrit à lécher, ce que je fis dans un bruit de succion. J’avais l’impression de pratiquer une fellation tant le plaisir de la pénétration dans ma bouche était fort. Elle continua ce jeu à plusieurs reprises, mettant ses doigts alternativement dans mon sexe puis dans ma bouche. Alors que je la léchais une énième fois, une saveur plus ambrée, plus acide se répandit dans ma gorge et je sus que ma masseuse m’offrait son plaisir à boire.
Nous nous sommes longtemps caressées et aimées sur la table. J’ai été plus passive qu’active mais mon amante a aimé cela. L’heure tournait, je le savais. Je sentis tout à coup sa main au poignet si fin, pénétrer mon vagin et me masturber frénétiquement. J’ai suffoqué sous la douleur et puis j’ai gémi. Elle enfonçait dans mon anus un doigt et effectuait un mouvement de va et vient sur la paroi anale qui se répercutait dans mon sexe envahi et dilaté. J’ai hurlé, secoué la tête, pleuré, bavé tel un animal. J’ai joui comme jamais un homme ne m’avait fait jouir. Quand tout fut terminé, avec une infinie tendresse elle a essuyé mon corps en sueur. Elle l’a parfumé d’essences odoriférantes et capiteuses à base d’orchidée. Longtemps elle a caressé mon pubis comme elle l’aurait fait avec un chaton apprivoisé. Je le sentais battre encore. Elle m’a souri et a déposé un furtif baiser sur ma bouche. J‘ai laissé sur la sienne  un e trace de mon rouge à lèvres. Elle m’a salué poliment d’une manière toute empreinte de délicatesse orientale et je l’ai quitté.
 Je sais qu’en lisant ces lignes, certains, incrédules, penseront que ce n’est qu’une histoire inventée. Pourtant tout est vrai. Ma vie n’ était à cette période que travail et  voyages. J’avais oublié que l’amour pouvait encore m’emporter telle une lame de fond redoutable. Souvent je réfléchis. Un simple rendez-vous a changé à jamais le cours de mon existence si morne.
Aujourd’hui, j’ai repris mes activités, mais j’ai définitivement engagé Sadia à mon service. Elle est devenue mon amie, ma maîtresse, ma confidente et ma complice et plus jamais la vue d’un homme ne pourra me détourner de son charme discret mais  ô combien pervers.

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