Ma mère

J'aime quand elle se met à la fenêtre, ma mère et qu'elle regarde s'ouvrir les bourgeons, oui les bourgeons. Ils ont comme une corolle qui veut percer dans le froid du matin et elle regarde un doigt sur sa bouche en fleur, avec sa liseuse sur les épaules. Elle regarde les voitures, les passants dans la rue, elle est telle une sentinelle qui scrute le ciel blanc coton, comme si elle s'attendait à ce que la neige tombe. C'est un drôle d'hiver où il fait chaud et froid, où la neige et la pluie se marient l'espace de cinq minutes, union fugace et passagère... Il n'empêche que le soleil prend ses aises après quelques jours de temps maussade, c'est sûr le printemps s'est déjà installé dans les jardins et les allées fleuries. Jonquilles et primevères poussent ici et là, taches jaunes dans le vert des pelouses tel un soleil qui s'éparpille sous les yeux ravis de ma mère.