Ma part d'ombre mise en lumière

Insoluble, cette équation!Des années que je veux me décrire, me sonder, pourquoi pas même me psychanalyser? Je voulais faire l'autoportrait d'un homme ordinaire, d'un spermatozoïde en compétition s'en allant dieu sait où en compagnie de millions de ses semblables. Comme dans un roman, je serais un héros.

Mais ce n'est pas le but! On peut romancer une vie mais on ne peut jamais se mentir vraiment. A l'origine, on se voit pousser en dehors du néant pour jaillir en pleine lumière. Puis, on avance les yeux au trois quarts bandés en s'efforçant de ne pas trop tituber. Je veux me palper, me raconter sans concessions, sans le prisme de l'ego qui forme et déforme à la fois. Se décrire en toute transparence? Nul ne le saurait. Je voudrais tout de même essayer de faire connaissance en dénudant l'étranger que je suis pour moi même.

Commençons donc.

Tu es né, malade et maigrelet, un jour d'hiver bien rigoureux au sein d'un univers qui ne t'a pas semblé, de prime abord, très chaleureux. Cela a dû t'influencer dans ta manière d'être un peu grincheux, pas trop reconnaissant envers la vie qui ne t'a pas trop fait de cadeaux non plus. Souviens-toi de ces différents moments marquant de ta vie!

Noémie? l'adorable Noémie..? Elle t'aimait bien. Tu te souviens? Elle t'avait fait un bisou sur la joue à la récréation. Tu ne savais pas pourquoi et les autres élèves de sixième se moquaient de vous en criant à tue tête: "Ouh... les amoureux..!" C'était le bon vieux temps, hein? C'est vrai qu'il a fallu une bonne vingtaine d'années avant qu'une fille s'intéresse encore à toi.Tu préférais être seul plutôt que mal accompagné. Mouais...Il n'est pas faux non plus de penser que tes remarquables binocles ne t'ont pas trop aidé sur ce coup là!

Professeur d'un lycée renommé de ville moyenne, tu ne donnais pas énormément d'importance au paraître. Mais comme beaucoup, tu désirais aimer sans pour autant être prêt à faire confiance. Alors, cynique, tu t'habillais chaque matin de cet espèce de carapace qu'est l'auto-dérision jusqu'à ce que finalement ce masque te colle à la peau.

C'est si difficile de te laisser aller à la confidence. Tu as toujours été taciturne, secret, simple et compliqué à la fois. Einstein n'aurait pas réussi à résoudre la complexe équation que tu es. C'est dire....

Quand la mort avait voulu te faucher en plein trottoir, par miracle, tu avais survécu. Curieusement, en chaise roulante, tu es devenu plus souriant. Avais tu dès lors compris que la vie n'a que faire des grincheux?