Ma providence

Une brise délicieuse me caresse le visage. Allongée sur mon châle, je sens ce qu'on appelle des "mauvaises" herbes me chatouiller le dos. Mauvaises parce qu'elle ne correspondent pas aux critères esthétiques que l'on se fait d'un beau jardin. Ce soleil est extraordinaire, il m'empêche d'ouvrir les yeux et me plonge dans une léthargie de bien être. Un bruit au loin m'interpelle . C'est une musique en fait, douce et voluptueuse, comparable au son souple et chaud que l'on peut entendre en Orient. Si sa sonorité m'intrigue, elle me dérange plus qu'autre chose , puisqu'elle change les couleurs de mon jardin. Peut être le rend -t-elle plus joli ou plus attrayant ? Qu'importe puisqu'ildevient différent du rêve que j'avais choisi pour lui. 

Je décide donc de partir en quête de ce son étrange, pour l'empêcher de tout dépayser, pour l'empêcher de tout prendre . Je slalome entre les coquelicots et les pieds de menthe, en direction d'une petite fontaîne, semblable à celle de mon village, en Italie. Une tête de tigre, de laquelle s'échapper une coulée d'eau calcaire, acide en bouche. Derrière celle-ci, une silhouette se dessine . 

C'est un jeune homme assis, qui me regarde . Les traits fins et androgynes de son visage apaisent l'inexpression de ses yeux. Et là, je remarque qu'une chose que je n'avais pas choisi, se produit. La musique émanait de lui. La musique rententissait par lui. Il était la musique. 

Je me retrouvai là, entre ma fontaine et ce phénomène , entre le chez moi et l'ailleurs . J'ai toujours refusé de partager mon jardin car c'est moi qui l'aies crée, qui l'aies façonné et qui l'aies aimé la première fois. Mais pourquoi était-il là si ce n'était pas pour l'améliorer ? Pourquoi serait-il là si ce n'était pas pour l'aimer avec moi ? 

J'ai peur de sa douceur et de son élegance. Tout n'est qu'illusion, cette histoire l'est aussi. Je ne suis qu'une mauvaise herbe après tout, un élément indésirable. 

Mais il me tend la main . Et après l'avoir carresser des yeux , je la pris , oui . Je lui dois bien ça, après le concert qu'il m'a fait ! Un concert qui m'a réveillé chers lecteurs, une providence voilà ce qu'il est.

DI FALCO Chloé

5 Juillet 2010.